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[CRITIQUE] : Nutcrackers


Réalisateur : David Gordon Green
Avec : Ben Stiller, Linda Cardellini, Tim Heidecker, Edi Patterson,...
Distributeur : Disney Plus France
Budget : -
Genre : Comédie, Drame, Famille.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h44min

Synopsis :
Mike, obsédé par le travail, doit à contrecœur se rendre dans l'Ohio pour s'occuper de ses quatre neveux turbulents après le décès de leurs parents dans un accident de voiture.



Critique :



Peut-on faire une filmographie aussi éclectique - dans le bon comme dans le mauvais sens du terme - que celle de David Gordon Green, sans doute l'un des cinéastes les plus insaisissables de ces quinze derniers années, capable de tâter du drame indépendant musclé (Joe) tout autant que de la comédie populaire potache (Pineapple Express et Your Highness) voire furieusement indépendante (Prince of Texas), d'aborder le sujet difficile des attentats terroristes par le prisme de l'intime et d'une lente et difficile reconstruction (Stronger), tout en s'offrant un virage serré dans le giron des franchises horrifiques, en redonnant une seconde - où troisième, selon les amateurs du diptyque de Rob Zombie - jeunesse à ce bon vieux Michael Myers (la trilogie Halloween de Blumhouse).

Nutcracker Productions LLC/Hulu

C'est justement chez la firme de Jason Blum qu'on l'avait laissé avec une sacrée déconvenue l'an dernier, L'Exorciste : Dévotion, legacyquel malade et un peu trop maladroitement caché dans l'ombre du chef-d'œuvre de feu William Friedkin, pour prétendre à n'être qu'autre chose qu'un pâle et risible rip-off.
Le bonhomme avait besoin de se refaire une santé donc, et quoi de mieux qu'une sorte de simili-retour aux sources sur la voie tout en velours de la comédie dramatico-familiale piquante, avec un Ben Stiller en co-pilote d'exception qui, tout comme lui, semble apprécier regarder dans le rétroviseur du passé, avec un effort qui ne dénote absolument pas des projets auxquels il a pu s'associer il y a une dizaine/quinzaine d'années.

Ils défrichent ensemble un territoire qui leur était devenu inconnu, et ils le font avec une honnêteté et une envie de bien faire qui font chaud au cœur.

Vrai/faux film de Noël qui ne pète pas trois branches à son sapin plus où moins chancelant, Nutcrackers assume tout du long ses contours de production générique et de saison (l'histoire, méchamment familière, d'un promoteur immobilier obsédé par le travail sur le point de conclure une grosse affaire, qui se voit obligé de se rendre dans un taudis de l'Ohio rural pour s'occuper de ses quatre neveux turbulents - après le décès de leurs parents dans un accident de voiture -, et qui, par la magie d'une parentalité tardive, va se trouver un cœur mais surtout un sens inné de la famille, entre deux, trois grosses galères comiques), comme il en pullule en ces heures sombres sur les plateformes de streaming, mais il le fait avec une telle authenticité qu'il est bien difficile de ne pas y succomber.

Nutcracker Productions LLC/Hulu

Presque naturellement, on se laisse assez vite séduire par l'élan anarchique de ses quatre mômes pas tant incontrôlables qu'ils sont totalement effrayés par l'idée d'être à nouveau abandonnés, tout comme les filouteries d'un quinqua dont les plans farfelus pour attirer de potentiels parents d'accueil, ne se font que des tactiques fuyantes pour l'amener lentement mais sûrement, vers la voie de la raison.
Pas subtil pour un sou, et encore moins quand il provoque des rires attendus, mais solidement charpenté et surtout jamais malhonnête quand il laisse parler ses émotions, Nutcrackers est définitivement sans surprise mais c'est, paradoxalement, ce qui en fait tout son charme.


Jonathan Chevrier