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[CRITIQUE] : Sous écrous


Réalisateur : Hakim Boughéraba
Avec : Ichem BougherabaArriles AmraniBernard Farcy, Redouane Bougheraba,...
Distributeur : Apollo Films
Budget : -
Genre : Action, Comédie.
Nationalité : Français.
Durée : 1h51min

Synopsis :
Sammy est un étudiant en droit qui jongle entre ses études et son travail de livreur de pizza. Lors d’une livraison, Sammy est arrêté à tort et inculpé pour un braquage qu’il n’a pas commis. Derrière cette machination se cache Eddy Barra, un célèbre braqueur surnommé “l’artificier” qui est aussi son sosie. Eddy a orchestré ce piège, utilisant leur ressemblance pour s’échapper en laissant Sammy endosser ses crimes. En prison, Sammy se voit contraint de jouer le rôle du braqueur pour survivre. Avec l’aide de Nada, son codétenu, Sammy cherche à prouver son innocence et retrouver son identité.



Critique :



Dans l'époque furieusement triste comme la nôtre, des doux dingues tels que feu Philippe Clair où les Charlots (qui ont fusionné douloureusement leurs auras, dans le difficilement défendable La Grande Java), sorte de version antérieure et naïve des ZAZ shootée à l'absurde le plus régressif qui soit, n'auraient pas eu leur place, cloué au pilori du cynisme de la comédie populaire actuelle qui, faute de régulièrement renouveler/chambouler ses codes, préfère se complaire dans un mélange de clichés redondants et de prises de risques fantomatiques, qui font sa recette (étonnamment, mais vraiment de moins en moins) à succès.

Porteur d'un humour (très) simple et enfantin, jouant pleinement sur les bordures glissantes du comique de situation, la petite troupe de chanteurs devenus acteurs par la force des choses, ne s'est jamais vraiment prise au sérieux et leurs films, perfectibles, ont toujours correspondu à cette image.
Qu'une certaine frange de la comédie hexagonale d'aujourd'hui tente de pleinement dans cette continuité régressive et dénué de toute force narrative, à quelque chose de plutôt sympathique sur le papier (car oui, si le cinéma et ses influences sont cycliques, certaines ne sont pas vouées à forcément exister plus loin que leur - plus où moins courte - époque), quand bien même rares sont les efforts qui parviennent à renouer avec cette formule hier critiquée, mais aujourd'hui magique - passée sous le filtre de la nostalgie, évidemment.

Copyright Olivier MARTINO / Apollo Films

Alors calmes-toi lecteur fougueux, on n'ira pas jusqu'à user du blasphème de la comparaison stérile avec ses films cultes d'une autre époque, mais Sous écrous, nouveau délire des frères Bougheraba et adaptation/extension de la websérie éponyme, s'avère sensiblement plus défendable que le diptyque Les Segpa, mais surtout rappelle cette idée de privilégier la simplicité pour mieux tutoyer l'efficacité - aussi relative soit-elle.
Mieux, au milieu d'un amas de séquences embaumées dans un premier degré pas toujours du meilleur effet, on en viendrait même à être étonnamment divertit dans ce qui peut se voir comme une micro-renaissance de la Taxi-era (présence de l'immense Bernard Farcy en prime), un spectacle totalement conscient de ses facilités mais qui s'en va fracasser les (nombreux) coups de mou d'une écriture suffoquant comme un cycliste sans stéroïdes anabolisants au mont Ventoux, par un enchaînement de gags faisant sensiblement mouche - dans la généralité.

Certes, c'est aussi fin que du gros sel, ça impose une (très) grosse suspension d'incrédulité et le tout est évidemment inoffensif, mais Sous écrous n'est vraiment pas cité-rible (tu l'as ?), au point même où on serait presque tenté de le recommander.
Tu peux appeler ça un miracle de Noël - où une hallucination collective, ça marche aussi.


Jonathan Chevrier