[CRITIQUE] : Sarah Bernhardt, La Divine
Réalisateur : Guillaume Nicloux
Avec : Sandrine Kiberlain, Laurent Lafitte, Amira Casar, Pauline Etienne,...
Distributeur : Memento Distribution
Budget : -
Genre : Drame, Romance.
Nationalité : Français, Belge.
Durée : 1h38min
Synopsis :
Paris, 1896. Sarah Bernhardt est au sommet de sa gloire. Icône de son époque et première star mondiale, la comédienne est aussi une amoureuse, libre et moderne, qui défie les conventions. Découvrez la femme derrière la légende.
Critique :
Force est d'admettre que l'on ne sait pas forcément sur quel pied danser avec Guillaume Nicloux et son cinéma hybride et hétéroclite, mais c'est sans doute aussi, parce qu'il fait scrupuleusement en sorte qu'on ne sache pas comment l'appréhender (mais le peut-il lui-même ?).
Un cinéaste furieusement imprévisible, dans le bon comme (assez souvent) dans le mauvais sens du terme, un électron - plus où moins - libre d'un septième art hexagonal qui les compte actuellement, sur les doigts d'une main méchamment amputée.
Sur ses derniers efforts, on l'a retrouvé à la fois avec une fresque glauque et décadente sur la déchéance humaine au rythme furieusement décousu, tuant dans l'oeuf et dans une accumulation de massacres toute idée de multiculturalisme et du concept de bon vibre ensemble, au profit d'un portrait navrant de notre société confinée (La Tour); où encore avec une étonnante et émouvante ode à la vie et à la résilience sous fond de deuil et de questionnement statut juridique flou de la GPA, nouée autour d'une opposition des contraires et d'un choc générationnel (La Petite).
Voire même avec une fausse satire sauce comédie noire déglinguée en terres guadeloupéennes, avec un Michel Houellebecq plus liquide que jamais (Dans la peau de Blanche Houellebecq).
Nouvelle preuve de son esprit funambule en date avec Sarah Bernhardt, La Divine, pas totalement biopic ciblé ni véritable hagiographie enlaçant les courbes du film historique, qui tente tout du long de jouer la carte de la destruction chronologique en se faisant un instantané réel et irréel plus qu'un simple condensé de toute une vie (sensiblement tourné, il est vrai, sur sa relation passionnée et compliquée avec Lucien Guitry, encadrée sur deux décennies), sans pour autant se " fâcher " avec un sujet qu'il semble - et veut faire - connaître sous toutes les coutures, et encore plus celles qui en faisait une diva anticonformiste et excentrique en avance sur son temps (ses combats contre l'antisémitisme, la peine de mort, sa liberté sexuelle,...).
Le résultat s'avère certes un brin foutraque et poil trop cadenacé pour son bien mais néanmoins moins académique que redouté, à l'image du récent et définitivement plus théâtral Le Molière imaginaire d'Olivier Py - avec, déjà, Laurent Laffite en vedette -, Nicloux comme une Sandrine Kiberlain à la fois savoureusement taquine et au cabotinage contrôlé (que le cinéaste filme avec une admiration non feinte), réussissant à rendre hommage à la figure passionnée et passionnante de Bernhardt dans un exposé qui retranscrit méticuleusement plus qu'il ne survole, qui mise juste ce qu'il faut sans s'aventurer à regarder droit dans les yeux la démesure - du personnage comme de l'époque.
C'est beau (immense travail de reconstitution comme sur les costumes), assurément divertissant mais il manque cruellement ce petit éclat d'audace qui, sous la couche de bonnes intentions, aurait pu amener le film encore un peu plus loin du tout commun du biopic contemporain.
Jonathan Chevrier
Avec : Sandrine Kiberlain, Laurent Lafitte, Amira Casar, Pauline Etienne,...
Distributeur : Memento Distribution
Budget : -
Genre : Drame, Romance.
Nationalité : Français, Belge.
Durée : 1h38min
Synopsis :
Paris, 1896. Sarah Bernhardt est au sommet de sa gloire. Icône de son époque et première star mondiale, la comédienne est aussi une amoureuse, libre et moderne, qui défie les conventions. Découvrez la femme derrière la légende.
Critique :
Pas totalement biopic ciblé ni vraiment hagiographie pompeuse,#SarahBernhardtLaDivine s'avère certes un poil trop foutraque pour son bien mais prenant, Nicloux comme une Kiberlain savoureusement taquine, rendant joliment hommage à la figure passionnée et passionnante de Bernhardt pic.twitter.com/9el1sPevP2
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) December 18, 2024
Force est d'admettre que l'on ne sait pas forcément sur quel pied danser avec Guillaume Nicloux et son cinéma hybride et hétéroclite, mais c'est sans doute aussi, parce qu'il fait scrupuleusement en sorte qu'on ne sache pas comment l'appréhender (mais le peut-il lui-même ?).
Un cinéaste furieusement imprévisible, dans le bon comme (assez souvent) dans le mauvais sens du terme, un électron - plus où moins - libre d'un septième art hexagonal qui les compte actuellement, sur les doigts d'une main méchamment amputée.
Copyright Bac Films / Memento Distribution |
Sur ses derniers efforts, on l'a retrouvé à la fois avec une fresque glauque et décadente sur la déchéance humaine au rythme furieusement décousu, tuant dans l'oeuf et dans une accumulation de massacres toute idée de multiculturalisme et du concept de bon vibre ensemble, au profit d'un portrait navrant de notre société confinée (La Tour); où encore avec une étonnante et émouvante ode à la vie et à la résilience sous fond de deuil et de questionnement statut juridique flou de la GPA, nouée autour d'une opposition des contraires et d'un choc générationnel (La Petite).
Voire même avec une fausse satire sauce comédie noire déglinguée en terres guadeloupéennes, avec un Michel Houellebecq plus liquide que jamais (Dans la peau de Blanche Houellebecq).
Nouvelle preuve de son esprit funambule en date avec Sarah Bernhardt, La Divine, pas totalement biopic ciblé ni véritable hagiographie enlaçant les courbes du film historique, qui tente tout du long de jouer la carte de la destruction chronologique en se faisant un instantané réel et irréel plus qu'un simple condensé de toute une vie (sensiblement tourné, il est vrai, sur sa relation passionnée et compliquée avec Lucien Guitry, encadrée sur deux décennies), sans pour autant se " fâcher " avec un sujet qu'il semble - et veut faire - connaître sous toutes les coutures, et encore plus celles qui en faisait une diva anticonformiste et excentrique en avance sur son temps (ses combats contre l'antisémitisme, la peine de mort, sa liberté sexuelle,...).
Copyright Bac Films / Memento Distribution |
Le résultat s'avère certes un brin foutraque et poil trop cadenacé pour son bien mais néanmoins moins académique que redouté, à l'image du récent et définitivement plus théâtral Le Molière imaginaire d'Olivier Py - avec, déjà, Laurent Laffite en vedette -, Nicloux comme une Sandrine Kiberlain à la fois savoureusement taquine et au cabotinage contrôlé (que le cinéaste filme avec une admiration non feinte), réussissant à rendre hommage à la figure passionnée et passionnante de Bernhardt dans un exposé qui retranscrit méticuleusement plus qu'il ne survole, qui mise juste ce qu'il faut sans s'aventurer à regarder droit dans les yeux la démesure - du personnage comme de l'époque.
C'est beau (immense travail de reconstitution comme sur les costumes), assurément divertissant mais il manque cruellement ce petit éclat d'audace qui, sous la couche de bonnes intentions, aurait pu amener le film encore un peu plus loin du tout commun du biopic contemporain.
Jonathan Chevrier