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[CRITIQUE] : Valensole 1965



Réalisateur : Dominique Filhol
Acteurs :  Matthias Van Khache, Vahina Giocante, Olivia Gotanegre, Sasha Gravat Harsch,...
Distributeur : Virginie Films
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h30min.

Synopsis :
Valensole, Provence, Été 65. À l’aube, Maurice Masse, un paysan, découvre dans son champ de lavandes un mystérieux engin qui décolle à une vitesse sidérante en laissant des traces au sol. La nouvelle attire les foules et met Maurice sous le feu des projecteurs. Face à cette soudaine notoriété non désirée, il tente de protéger sa famille et de faire face. Sa vie, celle de sa famille et de ce petit village vont être bouleversées.

Basé sur une histoire vraie.




Quand bien même le concept pourrait en faire tiquer plus d'un (sans doute les trois du fond à ne pas réellement s'intéresser, ni même avoir tout simplement conscience, de ce qui sort chaque mercredi, mais qui dégueule pourtant sur tout ce qui a un label bio bien de chez nous tatoué sur la pellicule), il n'y a finalement rien de plus sain que de mesurer la bonne santé d'un cinéma, à travers la qualité des premiers efforts de toute la galerie de jeunes cinéastes cherchant sensiblement faire leur trou tout autant qu'à démontrer la richesse et l'éclectisme de notre production, qui ne demande qu'à être soutenu - surtout en salles.

En ce sens, le cinéma hexagonal se porte particulièrement bien, pour peu qu'on s'arrête avec un minimum d'intérêt et sans la moindre démagogie putassière, sur ce qu'elle distribue - et souvent avec une certaine audace.

Copyright Noos Pictures - Virginie Films

Comme pour le premier long-métrage du wannabe faiseur de rêves Dominique Filhol (déjà derrière le documentaire Ovnis : Une Affaire d'État, pas un hasard), Valensole 1965 qui, comme son titre l'indique, s'en va titiller la vérité derrière le fait divers bien réel de " La rencontre de Valensole ", qui a vu à l'été 1965, un cultivateur provençal, Maurice Masse, faire une rencontre du troisième type (une soucoupe volante posée dans un champ de lavande, avec deux passagers humanoïdes à son bord) appelée à bousculer son existence - mais aussi celle de son petit patelin - jusqu'ici paisible et sans histoire.

Soit le terreau parfait pour moins dégainer une comédie cousine - mais sans symphonies en prout majeur - à La Soupe aux choux, qu'un douloureux et pudique drame humain (qui ne renie ni ses contours de biopics, ni ses - très - légères embardées science-fictionelles) qui ménage ses effets fantastiques tout en faisant la part belle à ses personnages; le tout embaumé dans une mélancolie sans esbrouffe qui n'est pas sans rappeler parfois le cinéma modeste et puissant de Jeff Nichols (toute propension gardée, évidemment), même si la mise en scène, fonctionnelle as hell, ne s'aligne jamais véritablement à la hauteur de la jolie plume qui la fait vibrer.

Copyright Noos Pictures - Virginie Films

Sous le chant des cigales et avec une justesse étonnante, Filhol croque le portrait touchant et chantant (les accents provençaux un brin forcés risquent de larguer plus d'un spectateur), dénué de tout jugement facile et encore moins de sentimentalisme putassier, d'un homme (un excellent Matthias Van Khache) frappé à armes égales par la dépression et une célébrité empoisonnée dont il se serait bien passée, dont la vie - comme celle des siens - est jetée aux orties pour un défaut d'honnêteté et une incapacité du monde à ne pas douter de sa vérité.

Un premier effort tragique et tout en retenu qui ne brise pas la lentille d'un télescope donc, mais vaut décemment son pesant de pop-corn pour son audace comme sa poésie dure au corps.
Clairement, l'une des jolies surprises du moment.


Jonathan Chevrier