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[CRITIQUE] : Des feux dans la plaine


Réalisateur : Ji Zhang
Acteurs : Zhou Dongyu, Liu Haoran, Yuan Hong, Ting Mei,...
Distributeur : Memento
Budget : -
Genre : Policier, Drame.
Nationalité : Chinois.
Durée : 1h41min.

Synopsis :
Chine, 1997. Une série de meurtres endeuille la ville de Fentun. Les crimes s’arrêtent mystérieusement sans que les autorités aient pu élucider l’affaire. Huit ans plus tard, un jeune policier, proche d’une des victimes, décide de rouvrir l’enquête.



Ne t'offusque pas trop vite face à ce parallèle pas aussi vulgaire qu'il en a l'air : bien qu'ils soient totalement dissemblables, on pourrait pourtant intimement lier Materialists de Celine Song et Des Feux dans la Plaine de Ji Zhang - dont c'est le premier long-métrage -, par le fait que leurs campagnes promotionnelles (résolument timide pour le second) nous ont gentiment induit en erreur sur les réelles tenants de leurs pellicules.

Si le premier apparaissait in fine moins comme une comédie romantique dans la plus stricte et Hollywoodienne définition du terme, qu'une dramédie relationnelle tout aussi prenante que ludique dans sa manière de dégainer une critique à la fois acerbe et douce-amère sur les rencontres comme les relations amoureuses et les attentes qu'elles entourent, à notre ère moderne; le second incarne non pas un thriller néo-noir dans la stricte lignée du cinéma chinois, qu'un beau et lancinant drame à la poésie étrange et hypnotisante sous fond d'amour et d'opportunités manquées.

Copyright Memento Distribution

Car bien qu'il prend pour toile de fond un contexte de polar pur et dur - une enquête infructueuse pour trouver l'assassin de plusieurs chauffeurs de taxi -, son coeur est résolument tourné vers l'intimité brute de ses personnages, et leur besoin vitale d'échapper à un monde violent et cruel,  dans une Chine en pleine mutation.

Dommage que sa narration, trop alambiquée (saut dans le temps compris) et bifurquant son intention sur beaucoup trop de sous-intrigues pour son bien, soit incapable de transcender la beauté irradiante de son esthétique, rendant la popote moins proche d'un drame noir poignant et symbolique dans un cadre urbain post-industriel (de ses séquences nocturnes sous néons - qui cite directement Diao Yinan - aux fameux feux de joie du titre, incarne tout autant l'expression de cœurs passionnés et brûlants, que la pulsion irrépressible de destruction qui nous habite tous), qu'une odyssée romantico-existentielle contrariée aux accents de polar un brin bâclée, malgré une critique sociale qui prend tout son sens dans sa seconde moitié.
La balade n'en reste pas moins agreable à suivre, notamment dans sa jolie théorisation sur l'inévitable désarticulation de la volonté face aux affres de la destinée.


Jonathan Chevrier