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[CRITIQUE] : I Love Peru


Réalisateurs : Raphaël Quenard et Hugo David
Avec : Raphaël Quenard, Hugo David, Jean-Pascal Zadi, Anaïde Rozam, José Garcia, Michel Hazanavicius, Jonathan Cohen, François Civil, Emmanuelle Devos,...
Distributeur : Le Pacte
Budget : -
Genre : Comédie.
Nationalité : Français.
Durée : 1h09min.

Synopsis :
Lancé dans une course effrénée vers le succès, un comédien biscornu abandonne ses plus fidèles alliés. Seul face à lui-même, une vision troublante le percute. Direction le Pérou pour une aventure spirituelle.




Passé d'une manière assez fulgurante de second couteau de luxe de la (bonne) comédie française il y a encore une poignée d'années (La Cour des miraclesCoupez!FragileJe verrai toujours vos visages, Les Olympiades,...), aux premiers rôles de choix (Chien de la CasseYannick le pas si mal Cash où encore Pourquoi tu souris ?), Raphaël Quenard, clairement de ses révélations comme on en voit très rarement dans l'hexagone, jusque dans ses supposées dérives (il a été accusé de VSS), se fait désormais cinéaste, comme pour acter la singularité profonde d'un parcours totalement à son image : à part, en bordure de cadre mais avant tout et surtout incroyablement fascinant.

Et pour son premier effort, co-écrit et co-réalisé avec son ami Hugo David (comme pour le court-métrage L'Acteur, dont le film se fait un héritier plus où moins direct), le bonhomme vient justement titiller sa propre personne comme pour montrer qu'il est, lui aussi, conscient de sa percée tout aussi atypique que sa personnalité, et qu'il est capable d'avoir le recul nécessaire pour s'en amuser, dans ce qui est moins un égo trip malsain qu'un autoportrait où les traits semblent volontairement grossis, pour mieux déceler la vérité derrière.

Copyright Le pacte

I Love Peru donc, mockumentaire qui n'a pas pour autant laissé de côté ses élans fictionnels (à l'instar du second long-métrage Jean-Pascal Zadi, également présent à la distribution, on ressent une influence plus où moins marqué du cinéma de Quentin Dupieux, dont ils sont désormais des habitués), et qui s'attache au quotidien d'un Quenard superstar dans tout ce que cela implique de toxique : un comédien lourd sur les plateaux, gentiment égocentrique, qui oublie les amis d'hier pour les superficiels d'aujourd'hui, et qui s'avère tellement insupportable que même sa copine se barre.

Un con(que)nard, sans mauvais jeu de mots, décalé (et spirituel à ses heures perdues) tout en étant profondément solitaire, mais qui s'offre une chance de ne pas totalement basculer du côté obscur de la force, en partant quelques jours au Pérou - d'où le titre - pour se trouver comme se retrouver (et expurger ses fautes); cœur essentiel de ce qui peut de voir comme une mise à nu cocasse mais pas dénuée de tendresse, dont les contours de road/budget movie sur une amitié joliment complice, vient nourrir une exploration de la notion de célébrité comme du métier même de comédien où l'on se perd tout autant derrière un rôle et une image publique, que sous le poids d'un star-système qui glorifie aussi vite qu'il recrache les talents.

Copyright Le pacte

Sensiblement lui-même même sous le joug de la caricature et fier d'une autodérision plutôt affûtée (même si tout ne semble jamais réellement sérieux, il s'inspire de sa propre personne comme de son quotidien), Raphaël Quenard se raconte dans un simili-moyen métrage façon chaos (dés)organisé humble mais pas trop, parfois un chouïa redondant (notamment dans sa seconde moitié de l'autre côté de l'Atlantique) et frappé des scories inhérents à tout premier film, tout autant qu'il est emprunt d'une douce folie franchement amusante.
Aucun temps per(d)u donc.


Jonathan Chevrier