[CRITIQUE] : Les Bad Guys 2
Réalisateurs : Pierre Perifel et Juan Pablo Sans
Acteurs : avec les voix de Pierre Niney, Jean-Pascal Zadi, Igor Gotesman, Doully, Alice Belaïdi, Reem Kherici, Natasha Andrews...
Distributeur : Universal Pictures International France
Budget : -
Genre : Animation, Aventure, Comédie, Famille.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h44min
Synopsis :
Les criminels animaliers s'efforcent de se faire à leur nouvelle vie de gentils. Bientôt, ils sont tirés de leur retraite et forcés de faire "un dernier travail" par une équipe entièrement féminine.
On avait été de ceux à avoir gentiment été surpris, au printemps 2022, par le petit hit improbable Les Bad Guys de Pierre Perifel, pur riff animé à la Ocean's Eleven autant qu'une petite lettre d'amour au cinéma de Tarantino, un film de braquage familial qui usait habilement des tropes familiers du genre pour mieux délivrer un message assez juste sur le fait de ne pas juger les livres par leurs couvertures (tout comme le diptyque Les Mondes de Ralph).
Où plutôt, les animaux sur leurs apparences tant les héros dépeints étaient des animaux constamment stigmatisés comme les méchants dans les livres et contes pour enfants.
Catapulté dans un univers fantastique où les humains et les animaux anthropomorphes coexistent, la narration certes simpliste et prévisible mais résolument efficace, déroulait une amusante séries de rebondissements entourant la quête déglinguée de rédemption - et de reconnaissance - d'une poignée de criminels doués, dont le dynamisme épousait joliment une animation 2D et 3D et un casting vocal original au diapason.
![]() |
Copyright DreamWorks Animation LLC. All Rights Reserved. |
De la bonne animation qui ne prenait pas pour une truffe son auditoire (meme si elle aurait clairement mérité un récit plus dense et complexe), tout aussi esthétiquement soigné et qu'elle pouvait s'avérer un brin potache dans son humour, qui se démarquait subtilement du tout commun pour incarner mieux une évasion suffisamment drôle, référencée et légère pour emporter l'adhésion de son public cible.
Typiquement le parfait lanceur de franchise pour une Dreamworks qui s'était déjà laissé aller à l'exercice sur des productions nettement moins qualitatives.
Bingo, un tout petit peu plus de trois ans plus tard voilà que débarque la suite, sobrement intitulée Les Bad Guys 2 et signé en tandem - Juan Pablo Sans rejoint Perifel -, qui joue avec gourmandise la carte du bigger and better en reprenant la même formule gagnante que le premier opus (une sorte de fusion entre un charme rétro son 50s et un burlesque sensiblement cartoonesque, le tout avec une animation dans la lignée - toute propension gardée - de l'oeuvre de Genndy Tartakovsky), tout en gonflant sensiblement sa plume (une récit plus mature et prenant, riche en rebondissements) et en ciblant encore plus justement son humour : on appelle ça, tout simplement, une réussite.
Passant sans trembler de la saga Ocean à 007, ce second film, dont l'intrigue reprend peu après les aventures du premier opus (et voit les tentatives du petit groupe de M. Loup de rester dans le droit chemin, être méchamment bousculé par un trio de criminelles dirigé par Kitty Kat), met peut-être un poil de temps à trouver son groove (le temps, justement, d'introduire convenablement la team Kitty Kat), mais fait preuve d'une énergie et d'une générosité encore plus imposante que sur le premier film, Perifel allant strictement à l'essentiel, à tous les niveaux : une intrigue plus resserrée qui ne dilapide jamais ses rebondissements, un humour plus affûté et jamais trop facile (même pour les plus jeunes) mais surtout une évolution des personnages joliment salutaires, qui sont cohérents avec des enjeux qui grimpent crescendo.
![]() |
Copyright DreamWorks Animation LLC. All Rights Reserved. |
Jusque dans son montage, bien plus fluide (même la bande originale soignée de Daniel Pemberton, arrive à nous faire oublier quelques choix musicaux beaucoup trop conventionnels pour leur bien), Les Bad Guys 2 a tout de la suite intelligemment pensée et exécutée, bien loin du cynisme putassier de toute extension opportuniste made in Hollywood.
Peut-être (assurément) le meilleur film de franchise de l'été, à tel point que l'on milite déjà pour un troisième opus.
Jonathan Chevrier