[CRITIQUE] : Primitifs

Réalisateurs : David et Nathan Zellner
Acteurs : Riley Keough, Jesse Eisenberg, Nathan Zellner, Christophe Zajac-Denek,...
Distributeur : Paramount Pictures France
Budget : -
Genre : Comédie.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h30min
Synopsis :
Au cœur de la forêt, vit une famille de bigfoot. Ces créatures atypiques, peut-être les dernières de leur espèce, se lancent dans un voyage absurde, hilarant et émouvant. Dans cette quête semée d'embûches, échapperont-ils à la civilisation moderne ?
Elles sont rares, essentielles mêmes, les séances capables de tout oser, même l'impensable, pour venir déloger de son marasme une comédie américaine dont les fulgurances récentes, se comptent sur les doigts d'une main méchamment amputée.
Figures singulières au sein d'un cinéma indépendant ricain qui les dénombre pourtant à la pelle, sorte de rejetons décomplexés et maladroits de la génération Jackass prenant gentiment partis de purs produits de l'Americana profonde, les frangins David et Nathan Zellner viennent (enfin, on se comprend, tant leur film débarque par chez nous plus de deux ans après sa sortie outre-Atlantique, non sans quelques passages en festivals) de repousser les limites de l'humour potacho-craspec et décomplexé avec une générosité folle, via Sasquatch Sunset - aka Primitifs par chez nous -, petit bout de cinéma audacieux et original (et le mot est faible) comme on en voit trop rarement.
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Bleecker Street |
Célébration déglinguée mais désopilante à la lisière du docu-fiction fantastique (aucun dialogue où presque, aucune intrigue mais des SFX dingues et une photographie somptueuse de Mike Gioulakis), d'une petite meute de sasquatchs (une légende urbaine populaire de l'autre côté du globe) d'Amérique du Nord sur près d'une année, dont la survie chaotique est à l'aube d'une nouvelle phase d'évolution, alors qu'ils découvrent toutes les possibilités du monde comme celles de leur propre corps, ouverts aux sens et aux pulsions diverses (défections plurielles, sexualité débridée et sauvage, introspections existentielles ou encore titillage exacerbé de zones érogènes); le film se revendique comme une expérience extrême dans la plus stricte définition qui soit, expérimentale et accrocheuse, drôle tout autant qu'elle est profondément hermétique pour quiconque n'est pas habitué au cinéma des Zellner - ni adepte de l'humour pipi-caca-prout-prout élevé au rang d'art.
Poussant intimement à la réflexion sur notre société contemporaine et une humanité à la brutalité - comme à la vulgarité - affirmée, à travers un exposé tout autant délirant et férocement malsain que doux et émouvant, Primitifs est inclassable et profondément déroutant, ce qui justifie amplement sa vision et, peut-être, un futur statut de culte qui lui tend les pattes.
Jonathan Chevrier