[CRITIQUE] : Brick
Réalisateur : Philip Koch
Acteurs : Matthias Schweighöfer, Ruby O. Fee, Frederick Lau, Salber Lee Williams,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Thriller.
Nationalité : Allemand.
Durée : 1h39min.
Synopsis :
Quand un mystérieux mur noir enferme soudain leur immeuble pendant la nuit, Tim et Olivia doivent faire équipe avec des voisins méfiants pour s'en sortir vivants.
Le jeu des comparaison est, sensiblement, toujours un poil vulgaire - voire putassier, d'autant plus quand il n'est pas usé avec pertinence - quand bien même plus d'un cinéaste assume, avant même que leurs œuvres ne soient placés devant le regard critique (plus où moins affûté) du spectateur, des affiliations/références qui poussent, justement, à la comparaison.
Reste qu'il est difficile de ne pas tisser quelques points de concordance entre le potentiel nouveau petit hit d'une firme au Toudoum Netflix qui peine à les aligner, Brick de Philip Koch et l'ambitieux Else de Thibault Emin : deux petits bouts de cinéma à concept qui jouent habilement la carte du huis clos pour mieux redéfinir l'amour comme quelque chose de profondément et douloureusement reconnaissable et palpable, quand bien même le second privilégie approche sensiblement plus originale, baroque et organique.
À la naissance d'un amour, Koch lui répond par la lente déliquescence d'un autre, intimement lié à la perte (un mariage qui ne s'est jamais relevé d'une fausse couche, avec un mari délaissant lentement mais sûrement sa femme, tout en restant sourd à ses tentatives de raviver la flamme), mais les deux sont confrontés à un confinement forcé - une menace monstrueuse d'un côté, une autre mystérieuse et tout aussi métaphorique de l'autre.
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Mais s'il pouvait gentiment voguer vers le thriller sentimentalo-paranoïaque sous fond d'allégorie de deux des maux les plus douloureux de notre société contemporaine (dans un premier temps notre isolement les uns des autres, de plus en plus vraie aujourd'hui, et ses murs que l'on s'impose à soi comme à l'autre, même au sein du couple; puis dans un second une allégorie de la Seconde Guerre mondiale et d'une Allemagne confinée/divisée par le mur de Berlin), Brick préfère se perdre dans les méandres d'un simple - même si gentiment tendu - survival science-fictionnelle qui cite plus où moins franchement le Cube de Vincenzo Natali au moins tout autant qu'il précipite ses rebondissements, presque étouffé par les possibilités grisantes qui s'offre à lui.
La dynamique n'en reste pas moins ludique puisque tout va strictement à l'essentiel (même si la paranoïa n'atteind jamais les cimes espérés, et que l'écriture intime une suspension de l'incrédulité assez musclée, tant les origines du mur sont moins importante que ce qu'il provoque chez ses personnages), chaque étage de cet immeuble bourgeois d'Hambourg, étant l'occasion d'être présenté à une galerie de personnages acculés qui s'exemptent de toute idée de courtoisie, pour mieux laisser poindre son vrai visage - souvent glauque, évidemment.
Une chouette balade que Koch emballe donc avec un chouïa d'entrain (même s'il ne sait jamais vraiment donner à son expérience anxiogène, le final qu'elle mérite), lui qui se révèle moins comme un habile faiseur que comme un solide directeur d'acteurs, tirant intelligemment profit de l'alchimie folle entre Matthias Schweighöfer (en anti-héros égocentrique qui se prend en pleine poire une introspection qu'il ne sait pas réellement encaisser) et Ruby O. Fee (à la fois délicate, puissante et déchirante), un couple à la ville comme à l'écran, et à qui se greffe un Frederick Lau gentiment névrosé.
Pour une séance estivale made in Netflix, ça fait joliment le café.
Jonathan Chevrier