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[FUCKING SERIES] : MobLand : Sheridan-verse londonien


(Critique - avec spoilers - de la saison 1)



Depuis qu'il a - un temps - abandonné les super-productions plus où moins défendables du côté des grands studios, Guy Ritchie semble aussi bien gonfler frénétiquement son rendement - au minimum un film par an -, qu'être revenu un brin aux sources de son cinéma, pour preuve sa propension à renouer avec son comédien chouchou Jason Statham (avec qui il n'avait plus tourné - à raison - depuis le four Revolver en 2007), où celle à concocter des œuvres presque brevetées par sa formule comico-violente et extravagante.

Coup sur coup, il est passé de l'auto-référentiel plutôt séduisant The Gentlemen (et à sa déclinaison télévisée, un poil moins réussie mais néanmoins gentiment recommandable) au nerveux et méchant Un Homme en Colère (excellent remake du Convoyeur de Nicolas Boukhrief), avant de bifurquer vers l'espionnage volubile et Ocean-esque Operation Fortune : Ruse de guerre (également dispo sur Prime Vidéo), le drame de guerre furieusement ancré dans la dure politique du réel - The Covenant -, puis l'actionner historico-déglingué - Le Ministère de la sale guerre - et enfin la petite anomalie de cette équation jusqu'ici assez juste, le film d'aventure faisandé sauce Benjamin Gates du pauvre - Fountain of Youth.

Copyright Paramount+

Que le bonhomme étende encore un peu plus son domaine d'expertise dans le giron de la télévision, histoire de confirmer cette boulimie créative accrue/regard dans le rétroviseur, n'a donc absolument rien d'étonnant et encore moins, rien d'incohérent (d'autant qu'il avait déjà tenté l'expérience, de loin et avec un résultat pas forcément glorieux, avec la transposition plutôt sympathique de son Snatch via le tandem Sony Pictures/feu Crackle), lui qui prépare en ce moment même de plus où moins loin - pour Prime Vidéo -, une série Young Sherlock qui ne devrait pas être lié à son diptyque avec Robert Downey Jr et Jude Law - dont il a totalement enterré l'idée d'un troisième et dernier opus.

Fruit de la fusion entre l'esprit polar ridiculement pulp de Ritchie et la plume musclée de Ronan " Top Boy " Bennett (quand bien même elle avait été pensée, au départ et avant d'être totalement transformée, comme un prequel à la géniale Ray Donovan), MobLand ne pouvait décemment pas incarner une production aussi subtile et délicate que les lignes échappées des œuvres de Jane Austen, ni même un drame d'époque courtois et distingué : le show  - tout est dans son titre - est de la bonne télévision de papa, sorte de pendant britannique au Sheridan-verse (qui a également Helen Mirren à sa distribution, et qui est également dégainée par Paramount +) dans sa manière d'incarner une saga familiale et policière à la fois burnée et pétri d'humour noir, vissé qu'il est sur les aternoiements d'un lieutenant-fixeur calme et compétent d'une famille mafieuse londonienne gentiment dysfonctionnelle.

Copyright Paramount+

De sa narration un poil macabre et excessivement alambiquée à la familiarité généreuse (une guerre des gangs appelées à être brutale), à ses stéréotypes faciles mais tout aussi réconfortants, renforcés par la prestation stellaire de sa distribution vedette (Pierce Brosnan, excelle en patriarche véhément de la famille, là où Helen Mirren est, une nouvelle fois, une matriarche merveilleusement badass et toxique, tandis que Tom Hardy incarne une sorte d'équilibre so cool entre les deux), MobLand et son action tout aussi féroce que sa tension, est un petit show pulp et old school qui n'a aucune autre prétention que de satisfaire un auditoire cible déjà totalement acquis à sa cause, à qui il lui lance un high five comme un 18 tonnes qui roulerait sur un Playmobil.

Zéro subtilité, et c'est exactement ce que l'on demande.


Jonathan Chevrier