[CRITIQUE/RESSORTIE] : La Trilogie Pusher
Réalisateur : Nicolas Winding Refn
Acteurs : Mads Mikkelsen, Kim Bodnia, Zlatko Burić, Thomas Bo Larsen, Peter Andersson, Leif Sylvester, Anne Sørensen, Kurt Nielsen, Slavko Labović, Marinela Dekic,...
Distributeur : The Jokers Films
Budget : -
Genre : Policier, Drame, Thriller.
Nationalité : Danois.
Durée : 1h45min / 1h36min / 1h42min.
Date de sortie : 26 juillet 2006
Date de ressortie : 9 juillet 2025
Synopsis :
Pusher
A Copenhague, Frank vend de l'héroïne et fréquente le milieu de la petite criminalité. Sa dette envers le trafiquant serbe Milo l'incite à tenter un gros coup. Mais la police fait irruption pendant la transaction, et au cours de la poursuite qui s'ensuit, Frank perd à la fois la marchandise et l'argent. De rage, Frank expédie à l'hôpital son acolyte Tonny. Mais Milo commence à s'impatienter et se fait menaçant.
L'urgence de rassembler une importante somme d'argent pousse Frank à multiplier les imprudences. Il va jusqu'à solliciter quelques couronnes auprès de sa mère qu'il n'a pas vue depuis longtemps. En désespoir de cause, il achète une arme, et blesse l'homme de main de Milo avant de s'enfuir. Désormais en grave danger, il convainc son amie de l'aider à monter une ultime arnaque qui devrait lui permettre de quitter le pays dans les heures qui suivent
On pourra dire ce que l'on veut autant sur la personne (égocentrique mais fascinante) que sur le cinéma (poseur, furieusement referencé et usant férocement du syndrome Tarantinesque de citations/regurgitations,... les avis sont légion, et par conséquent loin d'être toujours justes) de Nicolas Winding Refn, reste qu'un bonhomme capable de dégainer un premier film aussi bouillant et incontournable que Pusher, mérite un minimum de respect de la part des cinéphiles plus ou moins endurcis, amoureux d'un septième art qui tape justement entre les valseuses.
Acteurs : Mads Mikkelsen, Kim Bodnia, Zlatko Burić, Thomas Bo Larsen, Peter Andersson, Leif Sylvester, Anne Sørensen, Kurt Nielsen, Slavko Labović, Marinela Dekic,...
Distributeur : The Jokers Films
Budget : -
Genre : Policier, Drame, Thriller.
Nationalité : Danois.
Durée : 1h45min / 1h36min / 1h42min.
Date de sortie : 26 juillet 2006
Date de ressortie : 9 juillet 2025
Synopsis :
Pusher
A Copenhague, Frank vend de l'héroïne et fréquente le milieu de la petite criminalité. Sa dette envers le trafiquant serbe Milo l'incite à tenter un gros coup. Mais la police fait irruption pendant la transaction, et au cours de la poursuite qui s'ensuit, Frank perd à la fois la marchandise et l'argent. De rage, Frank expédie à l'hôpital son acolyte Tonny. Mais Milo commence à s'impatienter et se fait menaçant.
L'urgence de rassembler une importante somme d'argent pousse Frank à multiplier les imprudences. Il va jusqu'à solliciter quelques couronnes auprès de sa mère qu'il n'a pas vue depuis longtemps. En désespoir de cause, il achète une arme, et blesse l'homme de main de Milo avant de s'enfuir. Désormais en grave danger, il convainc son amie de l'aider à monter une ultime arnaque qui devrait lui permettre de quitter le pays dans les heures qui suivent
Pusher II - Du sang sur les mains
Tonny, un petit criminel de Copenhague, sort de prison et retourne au garage qui sert de couverture à Smeden, son père dit “Le Duc”, qui règne avec brutalité sur un gang. Pour montrer sa bonne volonté, Tonny vole une Ferrari, mais son initiative est accueillie avec colère par son père, qui lui reproche d'avoir agi stupidement.
En même temps qu'il subit les humiliations paternelles, Tonny apprend qu'il a eu un fils. Il n'y croit pas au début, mais finit par se prendre d'affection pour un bébé que sa mère néglige.
Pour gagner un peu d'argent, Tonny s'associe avec un gangster dont la bêtise lui a valu le surnom de “Kurt-le-con”. Comme par hasard, le plan de Kurt échoue. Pour gagner du temps et faire croire qu'il a été victime d'un racket, Kurt demande à Tonny de lui tirer une balle dans le bras et de vandaliser son appartement...
Pusher III - L'Ange de la Mort
Milo, un trafiquant de drogue serbe, suit une thérapie de groupe pour soigner sa toxicomanie.
Aujourd'hui, sa fille fête son 25e anniversaire, et il doit préparer un banquet pour une quarantaine de convives. En plein préparatif, il doit aussi veiller à ses affaires en cours. Il attend une livraison d'héroïne. A la place, il se retrouve avec des pilules d'ecstasy.
Bien que ne connaissant rien à ce marché, Milo décide de garder la livraison et de la revendre. Mais ses lieutenants tombent malades, vraisemblablement intoxiqués par les pâtés préparés par Milo.
Retournant à la fête, Milo entreprend de remplacer les pâtés avariés. Sous l'effet du stress, il succombe à la tentation de reprendre de la cocaïne.
Là-dessus, son livreur de drogue lui demande de s'occuper d'un de ses amis proxénètes, qui cherche à vendre une de ses filles. La nuit est mal partie...
On pourra dire ce que l'on veut autant sur la personne (égocentrique mais fascinante) que sur le cinéma (poseur, furieusement referencé et usant férocement du syndrome Tarantinesque de citations/regurgitations,... les avis sont légion, et par conséquent loin d'être toujours justes) de Nicolas Winding Refn, reste qu'un bonhomme capable de dégainer un premier film aussi bouillant et incontournable que Pusher, mérite un minimum de respect de la part des cinéphiles plus ou moins endurcis, amoureux d'un septième art qui tape justement entre les valseuses.
Pondu alors qu'il avait tout juste 29 printemps où presque - en 1996 -, purs récits urbains articulés sur une décennie, dépeignant l'univers gratiné - pour être poli - des truands de Copenhague avec une énergie folle et rageuse rappelant les premières heures de papy Scorsese (le second film de la trilogie, peut même se voir comme un hommage vibrant à Mean Streets); la trilogie Pusher, distribuée de manière fantomatique dans l'hexagone - pour être poli bis -, a depuis su gentiment se classer tout en haut de nos DVDthèques comme LA référence européenne du genre, ou une multitude de protagonnistes résolument différents, se débattent comme ils le peuvent pour échapper à leur condition et bouffer un peu plus de la part du gâteau du pouvoir, qu'ils pensent leur être dû.
Incarné avec conviction (les seconds couteaux sont, pour la plupart, le fruit d'un casting sauvage organisés dans les endroits les plus glauques de la capitale danoise !) par de vraies gueules patibulaires et charismatiques qui n'ont pas besoin de tunnels de dialogues pour donner un caractère authentique aux péripéties qui nous sont contées, le premier Pusher - le meilleur - est un petit miracle sur pellicule, qui redéfinit sans trembler les contours du film de gangster poisseux, crade et violent, au découpage survolté.
Incarné avec conviction (les seconds couteaux sont, pour la plupart, le fruit d'un casting sauvage organisés dans les endroits les plus glauques de la capitale danoise !) par de vraies gueules patibulaires et charismatiques qui n'ont pas besoin de tunnels de dialogues pour donner un caractère authentique aux péripéties qui nous sont contées, le premier Pusher - le meilleur - est un petit miracle sur pellicule, qui redéfinit sans trembler les contours du film de gangster poisseux, crade et violent, au découpage survolté.
Porté par un script simpliste mais en béton armé (version testostéronée d'un court dont Refn était la vedette) et produit au forceps, totalement vissé sur la carcasse de Kim Bodnia (immense), le film suit l'histoire chaotique de Frank, modeste mais ambitieux trafiquant de drogue qui tente de joindre les deux bouts et de tirer son épingle du jeu au coeur du monde criminel des bas-fonds de Copenhague.
Cible involontaire d'un deal particulièrement foireux, et après avoir contracté une méchante ardoise auprès du parrain serbe affable Milo (Zlatko Buric, dément), il va devoir tout faire pour rembourser au plus vite le bonhomme, même sans matos ni argent dans les poches...
Film caméra à l'épaule avec une nervosité et une rugosité qui transpercent le quatrième mur pour nous clouer le popotin sur nos sièges (il est fascinant de déceler ce qui fera la patte " Refn " plus tard, ici encore au stade de chrysalide qui se cherche), le film est un put*** de shot d'adrénaline à l'urgence entraînante, une plongée anthropologique dans les méandres d'une Sin City bien réelle, ou la brutalité est omniprésente (toute émotion est un signe de faiblesse fatal) et le sang le plus commun des langages.
Film caméra à l'épaule avec une nervosité et une rugosité qui transpercent le quatrième mur pour nous clouer le popotin sur nos sièges (il est fascinant de déceler ce qui fera la patte " Refn " plus tard, ici encore au stade de chrysalide qui se cherche), le film est un put*** de shot d'adrénaline à l'urgence entraînante, une plongée anthropologique dans les méandres d'une Sin City bien réelle, ou la brutalité est omniprésente (toute émotion est un signe de faiblesse fatal) et le sang le plus commun des langages.
Une odyssée sans concessions façon fuite en avant impossible, au coeur du quotidien d'âmes en perdition, dont la proximité constante offerte par la mise en scène énergique, ne fait que renforcer notre empathie pour elles - et ce, malgré leur éthique vacillante et leur penchant pour la destruction et le dérapage incontrôlé.
Peut-être plus brut, à la revoyure, que Pusher II - Du sang sur les mains et ses enjeux dramatiques bien plus solides et posés (que Refn fera passer du stade de commande/contrainte, à vraie oeuvre à l'intégrité artistique totale), centré sur la quête de survie plus émouvante et tragique de Tonny (Mads Mikkelsen, dans l'un de ses plus beaux rôles), ou même que sa propre suite directe, Pusher III - L'Ange de la Mort (ou Milo est devenu un vieux chef de clan fatigué et dépassé, qu'une nouvelle génération est bien décidé à faire définitivement vaciller), portrait glacial et sanguinaire d'un parrain de mafia qui tourne peu à peu à une boucherie délirante dans un final inoubliable (dans le bon comme dans le mauvais sens du terme); Pusher, que l'on peut instinctivement lier à son fantastique Only God Forgives, est un sommet de cinéma viscéral, sauvage, désespéré et douloureusement humain.
Un pur choc cinématographique qui, même près de trois décennies plus tard, n'a strictement rien perdu de sa superbe folie infernale quand bien même il est, peut-être, un chouïa en deçà du plus mature et moins immersif troisième film - au formalisme de plus en plus proche du documentaire - mais avant tout et surtout du second opus.
Dit effort comme dit plus haut, se fait la révérence la plus affirmée des trois opus au cinéma de Martin Scorsese (quand bien même les deux cinéastes sont diamétralement opposés, le danois privilégiant bien plus le terrain sinueux et labyrinthique de la transgression purement kafkaïenne, dans une allégorie excentrique de l'existence où l'homme n'est qu'un pécheur sur une terre où tout n'est que purgatoire brutal et dégueulasse), tant le film épouse la même idée d'un monde du gangstérisme comme réceptacle, comme lieu exceptionnel pour leur radiographies cinématographiques sur la psyché de criminels comme sur les sentiments humains qui habitent des hommes capables du pire, mais qui peuvent tout autant apparaître comme victimes et bourreaux des torrents de violence absurde qui façonnent leur quotidien.
Dit effort comme dit plus haut, se fait la révérence la plus affirmée des trois opus au cinéma de Martin Scorsese (quand bien même les deux cinéastes sont diamétralement opposés, le danois privilégiant bien plus le terrain sinueux et labyrinthique de la transgression purement kafkaïenne, dans une allégorie excentrique de l'existence où l'homme n'est qu'un pécheur sur une terre où tout n'est que purgatoire brutal et dégueulasse), tant le film épouse la même idée d'un monde du gangstérisme comme réceptacle, comme lieu exceptionnel pour leur radiographies cinématographiques sur la psyché de criminels comme sur les sentiments humains qui habitent des hommes capables du pire, mais qui peuvent tout autant apparaître comme victimes et bourreaux des torrents de violence absurde qui façonnent leur quotidien.
En ce sens, difficile de ne pas penser que les trois films ne sont que les variantes d'une seule et même histoire, contée par un cinéaste dont la maturité grandit au fil des chapitres : Frank, Tonny et Milo sont, comme le seront Bronson et le Driver plus tard, trois âmes prisonnières du présent et dont la rédemption semblent continuellement leur échapper jusqu'au gong final, obligées par la fatalité d'incarner la plus mauvaises versions d'eux-mêmes en permanence, sans compromis, stigmatisés à vie sur leur chemin d'expiation : ce n'est plus la simple dualité d'être où de ne pas être, mais bien d'être mauvais parce que l'on ne peut pas, fondamentalement, être bon dans un monde sans nuances.
Aucun n'est véritablement saint où (surtout) démon, ce sont tous des hommes égoïstes et amers souillés par le sang du péché (un rouge organique qui n'aura de cesse de venir pervertir la photographie de Morten Søborg), le fruit gangrenné de leurs carnages dont NWR garde souvent la nature ambiguë jusqu'au bout (ses histoires comme ses univers, débutent avec eux et ne peuvent finir que par eux).
Mais dans cette imposante galerie de figures oppressées, le pathétique et maladroit Tonny se fait, logiquement, la figure la plus empathique et bouleversante de toutes (plus encore qu'un Milo motivé par sa fille dont il s'occupe de l'anniversaire, pour voguer vers un pardon partiel de ses péchés, avant que le déni de son monde de violence ne le rattrape de la plus brutale et frontale manière qui soit), au-delà des nombreuses humiliations qu'il subira tout le long de son odyssée, tant son acte de destruction purement Freudien et essentiel (il tue, littéralement, son père dans un sacrifice qui fait écho à la naissance de son fils, tant son propre rapport au père est totalement bousculé par sa propre paternité nouvelle), le rapprochera un peu plus d'un avenir que l'on suppose - légèrement - plus lumineux.
Un final merveilleusement beau et émouvant, renforcé encore une fois par la prestation d'un Mikkelsen qui capture la vulnérabilité et la rage intérieure de Tonny, avec une justesse rare.
Trois films comme trois visions complémentaires et apocalyptiques de l'enfer sur terre, à la fois pessimistes, sanglantes et désenchantées (voire même mélancolique sans son dernier opus); trois expériences de cinéma captivantes et essentielles dont la ressortie, toute pimpante en version restaurée, est l'occasion parfaite pour s'y perdre encore et encore, dans une salle qui ne vous apparaîtra rarement aussi obscure...
Jonathan Chevrier
Trois films comme trois visions complémentaires et apocalyptiques de l'enfer sur terre, à la fois pessimistes, sanglantes et désenchantées (voire même mélancolique sans son dernier opus); trois expériences de cinéma captivantes et essentielles dont la ressortie, toute pimpante en version restaurée, est l'occasion parfaite pour s'y perdre encore et encore, dans une salle qui ne vous apparaîtra rarement aussi obscure...
Jonathan Chevrier