[FUCKING SERIES] : Too Much : Recherche Lena Dunham et sa verve désespérément
Et si le principal problème de la nouvelle - et attendue - création télévisée de Lena Dunham, Too Much, n'était pas tant que la série ressemble plus où moins franchement au pic immuable de sa carrière, la vénérée et géniale Girls, mais bien, plus simplement, qu'elle est tous les attributs comme les travers, d'un show made in Netflix ?
Vous avez cinq heures où plus, selon vos habitudes de binge-watching plus où moins intenses, pour ce qui est une proposition à la dichotomie assumée dès sa conception : une fusion entre une écriture semi-autobiographique (voire thérapeutique, aussi), et une resucée fantasmée de la filmographie de Richard Curtis - in fine plus proche de Yesterday que de Coup de foudre à Notting Hill.
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Copyright Ana Blumenkron/Netflix |
Exit l'instantané générationel grisant et empathique de Girls, qui encapsulait une vingtaine au féminin au coeur de Brooklyn, et bonjour l'épopée légère (tout est dans le titre, au fond) et surannée d'un débarquement fantasmée en terres londoniennes, d'une expatriée américaine pur jus, Jessica, figure gentiment marginale qui se remet d'une rupture avec un petit ami égocentrique, en tombant in love d'un musicien résolument plus cool et réservé - mais pas moins troublé - qu'elle, Felix, dans ce qui peut s'apparenter à un séjour sous fond de (micro) choc des cultures façon mix joyeux entre une sitcom BBC et la saga Bridget Jones - pas du Jess in London donc, mais pas si loin non plus.
Pas forcément du Dunham-core donc, quand bien même quelques bribes de sa verve crue mais empathique sont perceptibles à des moments charnières (mais aussi dans de nombreux dialogues pleins d'esprit), comme dans les séquences d'introspection de son héroïne ou encore dans ses souvenirs d'une vie sentimentale passée encore douloureuse avec un ex parfaitement insupportable, elle qui est lancée sur la voie essentielle de l'exorcisation de ses traumatismes pour enfin avancer dans son existence.
Mais cela ne serait pas dommageable si le gloubi-boulga romantico-fouetté qui enrobe tout le show, ne ressemblait pas à une crème chantilly bon marché et indigeste, à l'image même de toutes les séries génériques proposées par une plate-forme dont l'aura transpire de tous les bords du cadre.
De cette esthétique si reconnaissable façon bulle cotoneuse à sa mise en scène sans ampleur - tout en gros plans expeditifs -, tout où presque ressemble à une expérience Toudoumesque jusqu'au bout de la pellicule (jusque dans le manque de croyance en l'amour comme en l'alchimie, qui unit son duo titre Megan Stalter/Will Sharpe), et moins à une odyssée Dunham-esque dont le style si distinctif (et aux personnages dont les imperfections nous apparaissaient si renversantes), est aux antipodes d'un enrobage sous glucose et sans conviction créative à la Emily in Paris.
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Copyright Ana Blumenkron/Netflix |
Diluant son ironie comme sa sensibilité et son génie mordant dans un papier cadeau rose bonbon soignée et sans grumeaux, qui manque tout autant cruellement d'énergie et d'envie que de texture et de personnalité (sauf, et ce n'est pas réellement un hasard, dans ses quelques escapades new-yorkaises où elle semble comme un poisson dans l'eau), Lena Dunham fait de Too Much une odyssée chaotique et familière qui, justement, n'en à jamais assez dans le cœur comme dans les tripes, pour tenir la distance et captiver l'intérêt.
2025 est donc belle et bien faite pour toujours nous surprendre de la pire manière qui soit...
Jonathan Chevrier