[CRITIQUE] : Saint-Ex

Réalisateur : Pablo Agüero
Acteurs : Louis Garrel, Diane Kruger, Vincent Cassel, Yseult,...
Distributeur : StudioCanal
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français, Belge.
Durée : 1h38min.

Synopsis :
En 1930, Antoine de Saint-Exupéry est pilote de l’Aéropostale en Argentine. Quand Henri Guillaumet, son meilleur ami et le meilleur pilote de l’Aéropostale, disparaît dans la Cordillère des Andes, Saint-Ex décide de partir à sa recherche. Cette quête impossible l'oblige à se dépasser, en faisant de sa capacité à rêver sa plus grande force...

Critique :

Entre un ciel libérateur et un sol écrasant annonçant les dégâts à venir de l’Histoire, #SaintEx n’est clairement pas toujours à la hauteur du potentiel de son récit d’aventure poétique, mais à son charme et de vrais moments de grâce. (@LiamDebruel) pic.twitter.com/ET87bcpx7c
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) December 10, 2024

L’histoire de l’art français regorge de grands noms que l’on ne présente même plus tant leur pouvoir d’évocation a su franchir les limites de l’Hexagone. Parmi ceux-ci, il est impossible de passer à côté d’Antoine de Saint-Exupery, dont Le petit prince est devenu un classique indémodable de la littérature. Il faut quand même rappeler que le récit de vie de l’auteur s’avère également passionnant au vu de son rapport à l’aviation et des inspirations qu’il en a tiré, notamment dans la rédaction de cet ouvrage. On se retrouve alors peu surpris de voir ces éléments s’intégrer subtilement dans Saint-Ex, faux biopic qui trouve dans la fiction l’évocation de l’identité aventureuse du romancier pilote.

Le long-métrage introduit ainsi directement Antoine de Saint-Exupéry dans sa mission de transport au sein de l’Aéropostale en Argentine. Cela nous permet d’évoquer directement les séquences de vol, nombreuses mais dont l’artificialité assumée risque clairement de sortir le public du film. Si nous en avons parlé avec son réalisateur dans un entretien à venir, il reste une intention esthétique clivante qui détonne dans le paysage du divertissement cinématographique. Néanmoins, on ne peut pas lui nier l’envie de mettre en avant une certaine poésie de forme où les contours de l’air renvoient constamment le pilote à une certaine solitude.

Ainsi, la quête de Saint-Exupéry pour son ami, Henri Guillaumet, amène un besoin de se raccrocher à l’autre qui résonne face à la représentation mécanique de ses employeurs, ne voulant pas perdre plus de moyens dans une mission de sauvetage. La résonnance dans une période d’entre deux guerres se fait alors intéressante tout en ne trouvant pas totalement une réelle portée émotionnelle, malgré la camaraderie qui se ressent entre Louis Garrel et Vincent Cassel. De même, les sursauts évocateurs n’aident pas à compenser quelques trous d’air dans le rythme malgré des envies évidentes dans le fond et la forme.

En ce sens, il faudra estimer la qualité du film à son envie de se laisser emporter par ses intentions aussi claires que potentiellement divisables à l’aune de gros divertissements français récents. Saint-Ex n’est clairement pas toujours à la hauteur du potentiel de son récit d’aventure poétique mais ses moments de grâce ont quelque chose qui renvoie à une rêverie hésitant entre le regard d’adulte et d’enfant, où le flou se fait quasi onirique et la nature une menace permanente. Entre un ciel libérateur et un sol écrasant annonçant les dégâts à venir de l’Histoire, le film ne trouve pas une direction totalement claire mais a son charme.

Liam Debruel