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[CRITIQUE] : Au cœur des volcans : Requiem pour Katia et Maurice Krafft


Réalisateur : Werner Herzog
Avec : -
Distributeur : Potemkine Films
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Français, Britannique, Américain, Suisse.
Durée : 1h21min

Synopsis :
En s’emparant des captivantes archives cinématographiques des illustres volcanologues Katia et Maurice Krafft, Werner Herzog célèbre avec force et poésie la vie, brutalement interrompue en 1991, de deux chercheurs et preneurs d’images à l'œuvre unique. Trente ans plus tard, ce film redonne vie à leurs images époustouflantes et rend hommage à ce couple légendaire.



Critique :



Maurice et Katia Krafft, respectivement géologue et géochimiste, sont finalement morts comme ils ont vécu : passionnément, en brulant - littéralement - leur vie par les deux bouts tout en étant la merci de leur fascination pour les volcans.
Au point qu'il est difficile d'imaginer qu'ils auraient voulu qu'il en soit autrement, aussi tragique que fut leur disparition (ils ont été emportés par une coulée pyroclastique sur les flancs du mont Unzen au Japon, en 1991).

Le septième art s'était déjà amouraché par deux fois de leur histoire d'amour du couple, dans un premier temps à travers le documentaire Into the Inferno de Werner Herzog, au travers de leurs nombreuses images d'une terre déchaînée au quatre coins du globe, puis avec le formidable documentaire Fire of Love de Sara Dosa, qui dessinait méticuleusement, par la poursuite obsessionnelle de leur vie kamikaze, le symbolisme même de l'émotion humaine par la force d'images impressionnantes de dame nature, dont la spontanéité des premiers embrassait pleinement l'imprévisibilité de l'autre.

Photo Maurice et Katia Krafft-Dumont - Bonne Pioche - Brian Leith Productions - Titan Films - Arte France


Mais comme on dit, jamais deux sans trois et c'est à nouveau Herzog qui les célèbre au détour du doc Au cœur des volcans : Requiem pour Katia et Maurice Krafft, hommage romantique et purement Herzogien (ça tombe bien) tiré de 200 heures d'images d'archives - dont celles qui allaient, inéluctablement, les amener à leur perte.
Des figures qui ne dénotent absolument pas au sein d'une filmographie peuplée par des êtres aussi singuliers qu'Aguirre, Fitzcarraldo où Treadwell, persuadés qu'ils étaient d'avoir pu apprivoiser une nature impossible à l'être, eux qui se dirigaient calmement et sereinement vers des manifestations naturelles violentes voire même apocalyptiques, là où le commun des mortels s'en éloigne prudemment.

Odyssée tout en flashbacks presque hallucinatoire et merveilleusement psychédélique, qui retrace leur existence jusqu'à la tragédie de leur disparition, tout en images exceptionnelles emprunt de mysticisme et dont certaines furent prises - littéralement - proche de l'enfer en bravant le danger et la mort, le film ne ment pas d'un iota, c'est un magnifique requiem, un opéra baroque tout en feu intérieur bâti pour célébrer un couple qui a bravé l'impossible pour filmer l'inaccessible.
Une merveille, rien de moins.


Jonathan Chevrier