[CRITIQUE] : Architecton
Réalisateur : Victor Kossakovsky
Acteurs : -
Distributeur : Dean Medias
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Allemand, Français.
Durée : 1h37min.
Synopsis :
Un voyage extraordinaire à travers la matière qui constitue notre habitat : le béton et son ancêtre la pierre. Des ruines de la guerre en Ukraine à celles du séisme qui frappait la Turquie en 2023, en passant par le site archéologique de Baalbek au Liban, Victor Kossakovsky pose une question fondamentale : comment habiter le monde de demain ? L'architecture n'est pas seulement la conception de bâtiments, c'est un art de l'espace qui trace les contours de nos actions, de notre politique, de notre être. Un documentaire sur le rêve d'une architecture durable et la recherche d'une nouvelle compréhension de la beauté.
Critique :
Découvrir le cinéma tout aussi sensiblement singulier que merveilleusement fascinant du cinéaste russe Victor Kossakovsky, c'est un peu comme accepter l'invitation d'un ami à aller au restaurant, sans avoir une once de connaissance des spécialités du dit lieu, et encore moins avoir accès a la carte - qu'on est absolument pas décidé à vous donner, de toute manière.
Il faut se laisser guider par l'inconnu - même si la proposition est des plus baroque -, en ayant la certitude d'arriver tôt où tard à un festin de roi, le bonhomme, véritable alchimiste de l'impossible, ayant toujours su habilement mener sa barque pour offrir à son auditoire des explorations poétiques de la grandeur et de la décadence de l'humanité.
Dans la droite lignée de son Aquarela - L'Odyssée de l'eau (qui avait, comme le titre l'indique, l'eau dans toute sa splendeur et son importance comme sujet principal), voire même de son plus récent Gunda (documentaire en noir et blanc au plus près de la truie éponyme et de ses petits, le cinéaste démontrant comment les animaux ont un langage et des émotions que nous avons tous choisis de ne plus comprendre, sous le poids écrasant d'une industrialisation et d'un consumérisme de masse), Architecton scrute une nouvelle fois les ravages de la surconsommation de nos ressources autant que de la pauvreté périssable de nos constructions, à travers le prisme d'une médiation épique et mélancolique sur l'architecture moderne, et les nombreuses métamorphoses d'une matière essentielle, la pierre, au fil du temps.
Où comment l'humanité contemporaine s'en est allé à massivement régresser dans son évolution, tant les bâtiments modernes s’effondrent là où les structures plus anciennes - souvent nés dans l'oppression et la violence - résistent, dans une sorte de processus d’évolution inversée dans la technologie de la construction, qui pointe que l'intérêt d'aujourd'hui ne réside plus en la solidité, la stabilité où même la sécurité, mais uniquement dans le profit.
Le tout avec le spectre de la guerre comme d'une nature reprenant ses droits, grondant sur les édifices comme une force implacable pouvant frapper n'importe où, n'importe quand.
Un désastre humain et écologique (l'harmonie avec la nature n'existe peu ou plus) que Kossakovsky expose avec une gourmandise assez marquée (des morceaux d'explosions titanesques capturées par drones, le tout emballée dans un score élégiaque et un brin écrasant d'Evgueni Galperine) mais aussi une intimité délicate (aux côtés de l’architecte Michele De Lucchi, qui construit un " cercle de vie " dans son propre jardin), dans un effort réflexif sur les espoirs comme les craintes face au monde de demain, à la fois impressionnant et (parfois) trop opaque - voire un brin moralisateur - pour son bien.
Mais le spectacle n'en reste pas moins vertigineux et, clairement, à nul autre pareil.
Jonathan Chevrier
Acteurs : -
Distributeur : Dean Medias
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Allemand, Français.
Durée : 1h37min.
Synopsis :
Un voyage extraordinaire à travers la matière qui constitue notre habitat : le béton et son ancêtre la pierre. Des ruines de la guerre en Ukraine à celles du séisme qui frappait la Turquie en 2023, en passant par le site archéologique de Baalbek au Liban, Victor Kossakovsky pose une question fondamentale : comment habiter le monde de demain ? L'architecture n'est pas seulement la conception de bâtiments, c'est un art de l'espace qui trace les contours de nos actions, de notre politique, de notre être. Un documentaire sur le rêve d'une architecture durable et la recherche d'une nouvelle compréhension de la beauté.
Critique :
Avec #Architecton, Kossakovsky scrute toujours les ravages de la surconsommation de nos ressources autant que de la pauvreté périssable de nos constructions, à travers le prisme d'une médiation épique et mélancolique sur l'architecture moderne frappée par les craintes pour demain pic.twitter.com/oJlF93k0Oh
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) December 2, 2024
Découvrir le cinéma tout aussi sensiblement singulier que merveilleusement fascinant du cinéaste russe Victor Kossakovsky, c'est un peu comme accepter l'invitation d'un ami à aller au restaurant, sans avoir une once de connaissance des spécialités du dit lieu, et encore moins avoir accès a la carte - qu'on est absolument pas décidé à vous donner, de toute manière.
Il faut se laisser guider par l'inconnu - même si la proposition est des plus baroque -, en ayant la certitude d'arriver tôt où tard à un festin de roi, le bonhomme, véritable alchimiste de l'impossible, ayant toujours su habilement mener sa barque pour offrir à son auditoire des explorations poétiques de la grandeur et de la décadence de l'humanité.
Copyright Neue Visionen Filmverleih |
Dans la droite lignée de son Aquarela - L'Odyssée de l'eau (qui avait, comme le titre l'indique, l'eau dans toute sa splendeur et son importance comme sujet principal), voire même de son plus récent Gunda (documentaire en noir et blanc au plus près de la truie éponyme et de ses petits, le cinéaste démontrant comment les animaux ont un langage et des émotions que nous avons tous choisis de ne plus comprendre, sous le poids écrasant d'une industrialisation et d'un consumérisme de masse), Architecton scrute une nouvelle fois les ravages de la surconsommation de nos ressources autant que de la pauvreté périssable de nos constructions, à travers le prisme d'une médiation épique et mélancolique sur l'architecture moderne, et les nombreuses métamorphoses d'une matière essentielle, la pierre, au fil du temps.
Où comment l'humanité contemporaine s'en est allé à massivement régresser dans son évolution, tant les bâtiments modernes s’effondrent là où les structures plus anciennes - souvent nés dans l'oppression et la violence - résistent, dans une sorte de processus d’évolution inversée dans la technologie de la construction, qui pointe que l'intérêt d'aujourd'hui ne réside plus en la solidité, la stabilité où même la sécurité, mais uniquement dans le profit.
Le tout avec le spectre de la guerre comme d'une nature reprenant ses droits, grondant sur les édifices comme une force implacable pouvant frapper n'importe où, n'importe quand.
Copyright Neue Visionen Filmverleih |
Un désastre humain et écologique (l'harmonie avec la nature n'existe peu ou plus) que Kossakovsky expose avec une gourmandise assez marquée (des morceaux d'explosions titanesques capturées par drones, le tout emballée dans un score élégiaque et un brin écrasant d'Evgueni Galperine) mais aussi une intimité délicate (aux côtés de l’architecte Michele De Lucchi, qui construit un " cercle de vie " dans son propre jardin), dans un effort réflexif sur les espoirs comme les craintes face au monde de demain, à la fois impressionnant et (parfois) trop opaque - voire un brin moralisateur - pour son bien.
Mais le spectacle n'en reste pas moins vertigineux et, clairement, à nul autre pareil.
Jonathan Chevrier