[CRITIQUE] : Tótem
Réalisatrice : Lila Avilés
Acteurs : Naíma Sentíes, Montserrat Marañon, Marisol Gasé, Saori Gurza,...
Distributeur : Les Alchimistes
Budget :
Genre : Drame.
Nationalité : Mexicain, Danois, Français.
Durée : 1h35min.
Synopsis :
Sol, une fillette de sept ans, est emportée dans un tourbillon de préparatifs menés tambour battant par ses tantes, pour l’anniversaire de son père Tona. Au fil d’une journée dont le point d’orgue est un événement aussi redouté qu’attendu, Sol comprend peu à peu la gravité de cette célébration.
Critique :
Beau drame que #Tótem, qui a tout de l'exploration amère et Dardennienne d'un deuil annoncé, au cœur d'une réunion familiale qui se fait une célébration de la vie et de son cycle perpétuel, vissé sur le regard impuissant d'une gamine qui ne voit pas tout mais comprend l'essentiel pic.twitter.com/cJUuG868iW
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) November 3, 2024
On avait découvert la cinéaste mexicaine Lila Avilés avec le très beau La Camarista, magnifique drame contemplatif sous fond de portrait de femme délicat et tragique, une étude profonde de la fracture socio-économique au Mexique à travers les vicissitudes d'une âme lessivée par sa propre condition et littéralement à la frontière, professionnellement comme intimement, entre l'opulence des plus riches et la précarité des plus démunis; un premier effort qui avait eu les honneurs de jouer les prétendants à l'oscar du meilleur film international, aux Oscars 2020.
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Cinq ans plus tard, elle nous revient avec une œuvre sensiblement plus intime voire même un poil plus programmatique, tant elle embrasse plus volontiers les courbes d'un mélodrame un poil plus conventionnel à la lisière du huis clos (elle préfère, à raison, restée enchaîné à un cadre bien précis), vissé sur les vicissitudes d'un microcosme familial solidaire et fermement ancré dans le prolétariat, où l'on est tout du long au plus près du regard d'une jeune héroïne, Sol, douloureusement confrontée à la grave maladie de son jeune peintre de père (enfermé dans sa douleur autant que dans la honte de montrer aux autres son corps affaibli), alors que les siens lui organise une fête d'anniversaire surprise.
Scindé en deux parties presque égales, la préparation gentiment chaotique puis la dite fête en elle-même, entre les discussions inquiètes des proches face à une condition où ils apparaissent plus démunis que jamais, et la célébration où les silences comme les regards pétri de tristesse, peinent à masquer la dureté de la réalité; Tótem à tout de l'exploration amère et Dardennienne de l'immédiateté d'une situation de difficile (dans le sens où l'on ôte tout élan lyrique où philosophique, pour privilégier un réalisme qui n'en est pas moins touchant), un moment présent à la fois joyeux et triste, au cœur de ce qui est revendiqué comme une célébration - même embaumée par la maladie et la mort - de la vie et de son cycle perpétuel.
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Le tout au plus près de l'intimité des protagonistes, et surtout au plus près du regard - poignant, désespéré, en colère - et du ressenti impuissant d'une gamine qui ne voit pas tout, mais comprend l'essentiel, consciente qu'il n'y a pas de totem pour se sauver de la douleur et de la mort, mais qu'il faut néanmoins continuer à vivre, et continuellement se rappeler au bon souvenir ceux qu'on aime.
Jonathan Chevrier