[CRITIQUE] : Prodigieuses

Réalisateurs : Frédéric et Valentin Potier
Acteurs : Camille Razat, Mélanie Robert, Franck Dubosc, Isabelle Carré,...
Distributeur : Apollo Films
Budget : -
Genre : Biopic, Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h41min.

Synopsis :
Claire et Jeanne, jumelles pianistes virtuoses, sont admises dans une prestigieuse université de musique dirigée par l’intraitable professeur Klaus Lenhardt. Elles portent ainsi l’ambition de leur père qui a tout sacrifié pour faire d'elles les meilleures. Mais, une maladie orpheline, fragilise peu à peu leurs mains, et compromet brusquement leur ascension. Refusant de renoncer à leur rêve, elles vont devoir se battre et se réinventer pour devenir, plus que jamais, prodigieuses.

D’après une histoire vraie.

Critique :

Même s'il ne quitte jamais la route balisée du biopic dramatico-poignant qui, il est vrai, à le bon de ne pas jouer la carte du tire-larmes facile, #Prodigieuses incarne une jolie séance, mise en images appliquée de la vie des jumelles/pianistes virtuoses Audrey et Diane Pleynet. pic.twitter.com/3RBasN5FMB
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) November 21, 2024

Dans un paysage cinématographique populaire majoritairement dominé/gangrenné par des projets simplistes (pour être poli) usant inlassablement de la même formule établie et éprouvée, le biopic estampillé moderne se sent parfois comme la proposition la plus cheap et déclinable du marché et, paradoxalement, la plus usée parce qu'elle est justement l'incarnation parfaite de la facilité, pour peu que la figure choisie ait une existence un minimum remplie (quoique).

Rares sont alors les cinéastes à essayer un tant soit peu de se démarquer de cette popote familière et redondante de l'hagiographie Wikipedia-esque, avec des histoires ambitieuses, pensées autant pour divertir que pour instruire leur auditoire.
De la à dire que l'on ne partait pas forcément enthousiaste à la vision de Prodigieuses, estampillé premier long-métrage du tandem de wannabes cinéastes Frédéric et Valentin Potier, était un doux euphémisme.

Et pourtant, mal nous en as pris tant quand bien même il arbore une facture des plus classiques (la mise en scène, d'une platitude affirmée, est clairement la plus grosse fausse note de sa partition), ce premier effort qui s'échine donc à graver dans le marbre de la pellicule l'histoire vraie des jumelles Audrey et Diane Pleynet, pianistes virtuoses victimes d’une maladie orpheline affectant leurs mains (un sujet déjà survolé par Niels Tavernier au détour de son documentaire Le Mystère des Jumeaux, en 2009), se fait un drame sensible et poignant, au plus près de la relation complexe, entre petites rivalités plus où moins sournoisement distillée par leur professeur, et de la complicité extraordinaire de deux sœurs, unies aussi bien dans leur passion commune et leur désir de réussite (motivé par un patriarche ambitieux, qui voit en elles un moyen de compenser son propre échec professionnel dans le sport), que dans la maladie et les nombreuses épreuves qu'elles ont eu à affronter ensemble.

On est en terrain conquis donc, ça ne quitte absolument pas la route balisée du biopic musical dramatique mais jamais tire-larmes, qui se plaît à explorer gentiment la question, scientifiquement mystérieuse et fascinante, des jumeaux monozygotes, où comment deux personnalités bien distinctes mais à la ressemblance troublante, arrivent à nouer une connexion allant parfois au-delà de la compréhension humaine.
Une plaisante proposition donc, vissée sur la partition impeccable du tandem Camille Razat et Mélanie Robert.

Jonathan Chevrier