Breaking News

[CRITIQUE] : La Passion selon Béatrice


Réalisateur : Fabrice Du Welz
Avec : Béatrice Dalle, Abel Ferrara, Clément Roussier,...
Distributeur : Carlotta Films
Budget : -
Genre : Documentaire, Drame.
Nationalité : Français, Belge.
Durée : 1h20min

Synopsis :
Septembre 2022, Béatrice Dalle arrive en Italie. À l’origine de ce voyage, il y a le désir de marcher sur les traces de Pier Paolo Pasolini, l’homme de sa vie. D’Est en Ouest, du Nord au Sud, elle parcourt les décors de son rêve afin qu’advienne la rencontre. Ce film relate l’histoire de sa quête...




Critique :



Force est d'admettre qu'il était bien difficile, sur le papier tout du moins, d'appréhender un projet tel que La Passion selon Béatrice de Fabrice Du Welz (dont on attend avec une furieuse impatience, son alléchant Maldoror), documentaire aux fausses courbes improvisées - mais réellement pensées, pourtant -, qui voit le cinéaste belge défricher pour la première fois le territoire sinueux (mais ouvert à toutes les possibilités qui soit) du documentaire, dans une sorte de quête semi-biographique et poétique de la figure Béatrice Dalle, lancée dans un voyage en Italie sur les traces de Pier Paolo Pasolini.

Copyright Carlotta Films

Où comment observer le petit monde du papa de L'Évangile selon Saint Matthieu, à travers le regard et les mots d'une comédienne se proclamant comme l'une de ses plus grandes admiratrices, au cœur d'une odyssée triviale tournée comme un catalogue de clichés en noir et blanc, tout droit sortis de la dernière campagne de chez Saint Laurent (crédité à la production, comme quoi il n'y a pas de hasard).
Pourquoi pas, finalement, d'autant que tous les aficionados de Pasolini ne peuvent que trouver captivant l'idée de voir Dalle tenter de percer l'essence même de son art et de sa personnalité singulière, par la visite déterminée de lieux et de demeures à la fois historiques et pittoresques.

Égo trip, La Passion selon Béatrice ?
Sans doute un peu, beaucoup même, le tribu évident cela dit d'un documentaire muée par une optique totalement iconographique et un brin pseudo-intellectuel, mais il y a quelque chose d'étrange qui se crée pourtant dans cette rencontre métaphorique entre l'orfèvre italien et la comédienne libre, brillante comme peu d'autres quand elle est dirigée par des cinéastes à mêmes de capturer son aura singulière.

Copyright Carlotta Films

Rien n'est frappé par le sceau de l'originalité dans l'approche opérée ici certes, et on pourra sans doute pleinement discuter de l'image que donne le tandem de Pasolini, mais il y a un véritable acte de foi cinématographique dans la confession authentique d'une figure mystique, écorchée vive et follement romantique, qui laisse exploser son intimité sans filets, dans un élan aussi fragile qu'intense émotionnellement.
Comme souvent avec Béatrice Dalle, elle bouffe la caméra et on se laisse bercer par sa voix, par sa passion, même si on ne la partage pas toujours.


Jonathan Chevrier