[CRITIQUE] : Hayao Miyazaki et le Héron
Réalisateur : Kaku Arakawa
Acteurs : Hayao Miyazaki, Toshio Suzuki,...
Distributeur : Wild Bunch Distribution
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Japonais.
Durée : 2h00min.
Synopsis :
Hayao Miyazaki ouvre les portes du Studio Ghibli et dévoile les coulisses de la création du Garçon et le Héron. Neuf années d’une création acharnée, où le réalisateur, poussé par son producteur et complice Toshio Suzuki, repousse jour après jour les frontières de son art. Une véritable plongée dans l’intimité du génie de l’animation.
Critique :
C'est une séance exceptionnelle (à peine deux jours d'exploitation en salles, à voire s'il apparaîtra sur les catalogues VOD par la suite), à l'image même de ce que ce documentaire peut incarner pour les fans de la première heure du Studio Ghibli : une petite gourmandise pas forcément différente - sur le papier - des précédents éloges cinématographiques de la firme (un making-of de deux heures façon apéritif dégainée à la veille de la célébration de la Palme d'honneur, sur la dernière Croisette), mais incroyablement passionnante et précieuse lorsque l'on a la chance de pouvoir la découvrir.
Un documentaire vlog-esque et riche en anecdotes (oui, il était aux toilettes lorsqu'on lui a décerné son dernier oscar pour le film) conçu par la NHK, fruit d'un travail gigantesque sur une décennie par un cinéaste qui a consacré une grande partie de sa carrière et de sa vie à l'œuvre de Hayao Miyazaki - Kaku Arakawa -, une observation continue, vivante et intime où la caméra se fait une ombre infatigable de la moindre strate de la production du Garçon et le Héron, toujours au plus près du flux créatif du maître - même quand il parcourt le globe -, dont il capture peut-être avec encore plus de minutie les expressions de son génie trivial, de son imaginaire débridé tiraillé parfois par les indécisions, les angoisses (cette peur, naturelle, de ne pas pouvoir finir son œuvre à temps), les échecs (où il doit déléguer ce qu'il se sent incapable de faire) où même la réalité d’une créativité se faisant de plus en plus personnelle à mesure que la cruauté du temps fait son office.
Véritable condensé d'instants volés au pays de l'imaginaire fou et des rêves, par un Arakawa jamais lassé par l'entreprise pourtant redondante dans laquelle il s'est lancé, des, pas toujours aidé par un montage parfois malhabile voire grossier, Hayao Miyazaki et le Héron se fait tout autant un décorticage en règle et parsemé d'ironie du dernier bijou d'un Miyazaki, pour qui l'annonce d'une hypothétique retraite est un mensonge auquel lui-même ne semble jamais vraiment croire (un film qui est lentement mais sûrement devenu un long adieu et bouleversant adieu à Isao Takahata et une réflexion profonde sur ce qui a été et ce qui ne sera plus jamais), que le portrait étonnamment transparent d'un homme vendu comme tyrannique, mais dont le rapport avec ses équipes apparaissent plus chaleureux et humain que jamais.
Un Miyazaki qui se sait et se sent au bout de son existence, qui trébuche comme rarement à l'élaboration de ce qui sera, sans doute, l'effort le plus autobiographique de son existence, un homme qui est certes épuisé par la vie mais qui, dans l'expression son art, trouve un moyen d'exister, de survivre envers et contre tout (au point que l'on ne doute pas qu'il continuera à créer jusqu'au bout).
Une sacrée séance donc, qui ne parlera pas qu'aux fans de Ghibli.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Hayao Miyazaki, Toshio Suzuki,...
Distributeur : Wild Bunch Distribution
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Japonais.
Durée : 2h00min.
Synopsis :
Hayao Miyazaki ouvre les portes du Studio Ghibli et dévoile les coulisses de la création du Garçon et le Héron. Neuf années d’une création acharnée, où le réalisateur, poussé par son producteur et complice Toshio Suzuki, repousse jour après jour les frontières de son art. Une véritable plongée dans l’intimité du génie de l’animation.
Critique :
Véritable condensé d'instants volés au pays de l'imaginaire fou et des rêves de la firme Ghibli, #HayaoMiyazakiEtLeHéron se fait tout autant un décorticage en règle et parsemé d'ironie du dernier bijou de la firme, que le portrait étonnamment intime et transparent de Miyazaki. pic.twitter.com/pNDrJxtAus
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) November 23, 2024
C'est une séance exceptionnelle (à peine deux jours d'exploitation en salles, à voire s'il apparaîtra sur les catalogues VOD par la suite), à l'image même de ce que ce documentaire peut incarner pour les fans de la première heure du Studio Ghibli : une petite gourmandise pas forcément différente - sur le papier - des précédents éloges cinématographiques de la firme (un making-of de deux heures façon apéritif dégainée à la veille de la célébration de la Palme d'honneur, sur la dernière Croisette), mais incroyablement passionnante et précieuse lorsque l'on a la chance de pouvoir la découvrir.
Un documentaire vlog-esque et riche en anecdotes (oui, il était aux toilettes lorsqu'on lui a décerné son dernier oscar pour le film) conçu par la NHK, fruit d'un travail gigantesque sur une décennie par un cinéaste qui a consacré une grande partie de sa carrière et de sa vie à l'œuvre de Hayao Miyazaki - Kaku Arakawa -, une observation continue, vivante et intime où la caméra se fait une ombre infatigable de la moindre strate de la production du Garçon et le Héron, toujours au plus près du flux créatif du maître - même quand il parcourt le globe -, dont il capture peut-être avec encore plus de minutie les expressions de son génie trivial, de son imaginaire débridé tiraillé parfois par les indécisions, les angoisses (cette peur, naturelle, de ne pas pouvoir finir son œuvre à temps), les échecs (où il doit déléguer ce qu'il se sent incapable de faire) où même la réalité d’une créativité se faisant de plus en plus personnelle à mesure que la cruauté du temps fait son office.
Copyright NHK / Studio Ghibli |
Véritable condensé d'instants volés au pays de l'imaginaire fou et des rêves, par un Arakawa jamais lassé par l'entreprise pourtant redondante dans laquelle il s'est lancé, des, pas toujours aidé par un montage parfois malhabile voire grossier, Hayao Miyazaki et le Héron se fait tout autant un décorticage en règle et parsemé d'ironie du dernier bijou d'un Miyazaki, pour qui l'annonce d'une hypothétique retraite est un mensonge auquel lui-même ne semble jamais vraiment croire (un film qui est lentement mais sûrement devenu un long adieu et bouleversant adieu à Isao Takahata et une réflexion profonde sur ce qui a été et ce qui ne sera plus jamais), que le portrait étonnamment transparent d'un homme vendu comme tyrannique, mais dont le rapport avec ses équipes apparaissent plus chaleureux et humain que jamais.
Un Miyazaki qui se sait et se sent au bout de son existence, qui trébuche comme rarement à l'élaboration de ce qui sera, sans doute, l'effort le plus autobiographique de son existence, un homme qui est certes épuisé par la vie mais qui, dans l'expression son art, trouve un moyen d'exister, de survivre envers et contre tout (au point que l'on ne doute pas qu'il continuera à créer jusqu'au bout).
Une sacrée séance donc, qui ne parlera pas qu'aux fans de Ghibli.
Jonathan Chevrier