[CRITIQUE] : Un Amor
Réalisatrice : Isabel Coixet
Acteurs : Laia Costa, Hovik Keuchkerian, Luis Bermejo, Hugo Silva,...
Distributeur : Arizona Distribution
Budget : -
Genre : Drame, Romance.
Nationalité : Espagnol.
Durée : 2h09min.
Synopsis :
Natalia, la trentaine, se retire dans un village de la campagne espagnole pour échapper à un quotidien stressant. Elle se heurte à la méfiance des habitants, se lie d’amitié avec un chien, et accepte une troublante proposition de son voisin.
Critique :
Laia Costa, décemment l'une des comédiennes les plus talentueuses (et douloureusement peu citée) de sa génération, devant la caméra de sa compatriote, la cinéaste barcelonaise Isabel Coixet, prompt à croquer de fantastiques portraits de femmes dans des périodes charnières de leur existence, tout en ne choisissant jamais la voie de la facilité : c'est décemment le genre de proposition qu'il est difficile de refuser, et Un Amor est totalement de ses expériences modestes et complexes qui méritent toute notre attention.
Adaptation du roman éponyme de Sara Mesa, l'une des voix actuelles les plus dominantes de la littérature espagnole, la caméra lancinante et statique de la réalisatrice de Ma Vie sans moi s'attache aux atermoiements de Nat, une femme aussi fragile et confuse qu'elle est sous l'emprise d'un malaise profondément ancré en son être (allant au-delà de toute dépendance affective ou de tout épuisement professionnel), qui après avoir quitté son travail de traductrice ou elle était chaque jour confrontée aux histoires les plus atroces et déchirantes de femmes immigrantes croisant sa route, s'en est allé se réfugier aux alentours de Gérone, dans un minuscule hameau de quelques âmes perdues au fin fond dans la campagne, que domine aussi bien quelques montagnes qu'une petite communauté où tout le monde se connaît - sans doute beaucoup trop.
Un microcosme tout en dureté ou règnent l’isolement et les faux-semblants, où elle hérite d'une maison délabrée et d'une chienne tout aussi cabossée et abîmée par la vie qu'elle (dont les cicatrices et l'imprévisibilité ne se feront que l'expression animale, sauvage de ce qu'elle est au fond elle-même), lieu où elle est confrontée de plein fouet à la méfiance et à l'hostilité, où chaque mâle se fait soit un prétendant soit un prédateur.
Un lieu dont elle résistera à la méfiance, à la brutalité et à la rigidité ambiante, jusqu'à ce qu'elle succombe à un jeu passionnel et obsessionnel.
Portrait merveilleusement douloureux et anti-conventionnel d'une figure féminine à la fois incroyablement complexe, en pleine découverte d'elle-même et confrontée de force à une masculinité toxique omniprésente, que Coixet ne rend jamais aimable ni " acceptable " - pour le spectateur comme pour sa propre communauté - dans sa manière d'exposer avec réalisme son intimité (dont le format 1,33:1, ne fait qu'accentuer l'impression d'emprisonnement de sa figure centrale); Un Amor, gentiment jonché à la frontière entre le drame désespéré et sensible, et le thriller psychologique, ne serait sans doute pas aussi puissant et dévastateur sans la partition intense d'une Laia Costa tout en nuances et en instinct, capable de transmettre toute la complexité de son personnage, par la simple force d'un regard.
La (très) belle découverte de la semaine.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Laia Costa, Hovik Keuchkerian, Luis Bermejo, Hugo Silva,...
Distributeur : Arizona Distribution
Budget : -
Genre : Drame, Romance.
Nationalité : Espagnol.
Durée : 2h09min.
Synopsis :
Natalia, la trentaine, se retire dans un village de la campagne espagnole pour échapper à un quotidien stressant. Elle se heurte à la méfiance des habitants, se lie d’amitié avec un chien, et accepte une troublante proposition de son voisin.
Critique :
#UnAmor, à la frontière entre le drame désespéré et thriller psychologique, se fait le portrait merveilleusement douloureux et anti-conventionnel d'une figure féminine à la fois complexe et en pleine découverte d'elle-même, incarnée avec justesse par une incroyable Laia Costa. pic.twitter.com/AlEXuUH1mo
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) October 9, 2024
Laia Costa, décemment l'une des comédiennes les plus talentueuses (et douloureusement peu citée) de sa génération, devant la caméra de sa compatriote, la cinéaste barcelonaise Isabel Coixet, prompt à croquer de fantastiques portraits de femmes dans des périodes charnières de leur existence, tout en ne choisissant jamais la voie de la facilité : c'est décemment le genre de proposition qu'il est difficile de refuser, et Un Amor est totalement de ses expériences modestes et complexes qui méritent toute notre attention.
Copyright Arizona Distribution |
Adaptation du roman éponyme de Sara Mesa, l'une des voix actuelles les plus dominantes de la littérature espagnole, la caméra lancinante et statique de la réalisatrice de Ma Vie sans moi s'attache aux atermoiements de Nat, une femme aussi fragile et confuse qu'elle est sous l'emprise d'un malaise profondément ancré en son être (allant au-delà de toute dépendance affective ou de tout épuisement professionnel), qui après avoir quitté son travail de traductrice ou elle était chaque jour confrontée aux histoires les plus atroces et déchirantes de femmes immigrantes croisant sa route, s'en est allé se réfugier aux alentours de Gérone, dans un minuscule hameau de quelques âmes perdues au fin fond dans la campagne, que domine aussi bien quelques montagnes qu'une petite communauté où tout le monde se connaît - sans doute beaucoup trop.
Un microcosme tout en dureté ou règnent l’isolement et les faux-semblants, où elle hérite d'une maison délabrée et d'une chienne tout aussi cabossée et abîmée par la vie qu'elle (dont les cicatrices et l'imprévisibilité ne se feront que l'expression animale, sauvage de ce qu'elle est au fond elle-même), lieu où elle est confrontée de plein fouet à la méfiance et à l'hostilité, où chaque mâle se fait soit un prétendant soit un prédateur.
Un lieu dont elle résistera à la méfiance, à la brutalité et à la rigidité ambiante, jusqu'à ce qu'elle succombe à un jeu passionnel et obsessionnel.
Copyright Arizona Distribution |
Portrait merveilleusement douloureux et anti-conventionnel d'une figure féminine à la fois incroyablement complexe, en pleine découverte d'elle-même et confrontée de force à une masculinité toxique omniprésente, que Coixet ne rend jamais aimable ni " acceptable " - pour le spectateur comme pour sa propre communauté - dans sa manière d'exposer avec réalisme son intimité (dont le format 1,33:1, ne fait qu'accentuer l'impression d'emprisonnement de sa figure centrale); Un Amor, gentiment jonché à la frontière entre le drame désespéré et sensible, et le thriller psychologique, ne serait sans doute pas aussi puissant et dévastateur sans la partition intense d'une Laia Costa tout en nuances et en instinct, capable de transmettre toute la complexité de son personnage, par la simple force d'un regard.
La (très) belle découverte de la semaine.
Jonathan Chevrier