[CRITIQUE] : Sauvages
Acteurs : avec les voix de Babette De Coster, Martin Verset, Laetitia Dosch,...
Distributeur : Haut et Court
Budget : -
Genre : Aventure, Animation, Comédie, Famille.
Nationalité : Belge, Français, Suisse.
Durée : 1h27min.
Synopsis :
À Bornéo, en bordure de la forêt tropicale, Kéria recueille un bébé orang-outan trouvé dans la plantation de palmiers à huile où travaille son père. Au même moment Selaï, son jeune cousin, vient trouver refuge chez eux pour échapper au conflit qui oppose sa famille nomade aux compagnies forestières. Ensemble, Kéria, Selaï et le bébé singe baptisé Oshi vont braver tous les obstacles pour lutter contre la destruction de la forêt ancestrale, plus que jamais menacée.
Critique :
Définitivement plus conventionnel et moins mémorable que #MaVieDeCourgette, #Sauvages n'en est pas moins une jolie fable écolo-humaine abordant avec justesse les thèmes de la déforestation, de la découverte de ses origines et même du respect des espaces et des traditions d'autrui pic.twitter.com/SvRyZVJKc2
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) October 13, 2024
Le cinéma d'animation est sans doute (assurément même, n'ayons pas peur des mots) le seul giron du septième art à pouvoir être capable de continuellement se renouveler et de surprendre - agréablement où non, il est vrai - le spectateur.
Ne serait-ce que par la pluralité incroyable par laquelle il peut s'exprimer, mais avant tout et surtout par sa faculté de pouvoir aborder tous les sujets, même les plus difficiles, voire improbables, expurgé qu'il est des contraintes d'un cinéma fait de prises de vues réelles.
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Mais dans le même temps, il est tout autant celui dont on infantilise assez bêtement (souvent par ignorance crasse que par vrai esprit critique) aussi bien le propos que la portée, là où il est pourtant, sauf exemples évidents, le seul à s'offrir à tous les publics
Mais laissons les aigris dans leur coin - et les abrutis hors du débat -, pour mieux revenir à nos moutons : Sauvages.
Pour quiconque attendait depuis désormais huit ans maintenant, que le réalisateur Claude Barra revienne aux affaires avec une nouvelle œuvre incarnant un digne successeur au magnifiquement tendre et réconfortant Ma vie de courgette, la douche sera peut-être un poil tiède.
Non pas que le film, à nouveau tourné en stop-motion, soit décevant, sans la moindre pertinence dans les thèmes qu'il aborde où même bardé de personnages inintéressants, du tout, disons plutôt que le film s'avère un peu trop conventionnel, corseté et prévisible pour supporter la comparaison avec son précédent effort, scripté par une Céline Sciamma à la plume définitivement plus sûre, même s'il est embaumé dans la même nostalgie cotonneuse.
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Et pourtant, difficile de ne pas se laisser un tant soit peu charmé par cette fable écolo-humaine et environnementale prônant la lutte contre un capitalisme écrasant, abordant avec justesse les thèmes de la déforestation, du deuil, de la découverte de ses origines et même du respect des espaces et des traditions d'autrui, tout en véhiculant un flux croissant d'émotions à son auditoire.
Une expérience simple donc mais pas forcément simpliste, drôle et joliment poétique.
Jonathan Chevrier
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Doit-on répéter continuellement ce fait indéniable que le cinéma familial n’a pas à diminuer son propos pour toucher une large audience et doit même, au contraire, être engagé et chargé afin de se distinguer ? Sans doute, au vu du mépris habituel perpétué par certaines personnes à l’égard du cinéma pour enfants et même de l’animation en général, malgré des rappels permanents de l’importance de ces courants et techniques. C’est clairement le cas avec le nouveau film en stop-motion de Claude Barras, Sauvages, qui porte divinement bien son nom.
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En suivant la lutte progressive d’une jeune adolescente face à une industrie détruisant la nature, le long-métrage se nourrit d’une charge intéressante mais surtout contemporaine dans son propos. Alors que les méfaits de certaines entreprises continuent d’être invisibilisés, le fond politique du film se fait fort, important même, et trouve un certain éclat dans l’investissement qu’il appelle de sa jeune audience. Le tout s’oriente par des choix narratifs intéressants, tel le traitement de son ouverture, ou même sa manière d’esquiver une certaine facilité en considérant le singe au sein du récit non pas comme un bébé (malgré l’envie de son héroïne) mais comme une véritable créature avec sa propre conscience.
Le film trouve en outre un attrait esthétique par son usage de la stop motion. Il suffit de quelques secondes pour se rendre compte du travail titanesque qui a été fait en amont tant toute cette nature transpire et vit avec un éclat des plus attrayants. En rappelant un certain esprit dans sa forêt tropicale, Claude Barras accentue le besoin de la protéger en nous offrant une variation qui est tout aussi superbe visuellement que techniquement quand on connaît les limitations de la stop motion. Certains détails, comme l’eau ou le déplacement de plantes et autres insectes, se révèlent dès lors tout bonnement prodigieux.
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Ce sont donc l’animosité et l’avidité de l’Homme les vrais Sauvages du nouveau film de Claude Barras, autant un rappel des beautés de la nature qu’un appel à l’action collective pour sa protection. On y ressent le besoin de l’investissement au sein d’un titre qui esquive les facilités et autres pièges thématiques pour mieux se concentrer sur un cri du cœur et de détresse animé de bien belle manière. C’est en somme du beau, très beau cinéma familial alliant la merveille technique à l’engagement de fond de manière homogène, à la fois doux et hurlant dans son propos de fond.
Liam Debruel