Breaking News

[CRITIQUE] : La Sirène à Barbe


Réalisateurs : Nicolas Bellenchombre et Arthur Delamotte
Acteurs : Maxime Sartori, Fabrice Morio, Alonso Ojeda, Victor Grillot,...
Distributeur : Beluga Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h31min. 

Synopsis :
Les drags-queens du cabaret de La Sirène à Barbe montent un spectacle grandiose, du chant, du cirque, de la danse, du jamais vu pour la ville de Dieppe. Erwan, un pêcheur du coin, est sous le charme. Il s’aventure alors dans leur monde fait de joie et de fête et y découvre, derrière les costumes des personnages de scène, des humains tourmentés, solitaires, trop sensibles mais prêts à tout pour porter ce projet le plus loin possible. Le portrait d’une petite ville portuaire habitée tout autant de quotidiens moroses que de destinées extraordinaires. 


Critique : 


Tout part d'un évènement qui, même dans une société actuelle dont les mentalités semblent - lentement mais sûrement - évoluer, est douloureusement commun : en 2020, Nicolas Bellenchombre est victime d'une violente agression homophobe dans les rues de Dieppe.
Une tragédie qu'il va transformer en un acte fantastique : la création du cabaret La Sirène à Barbe, au coeur même de la ville portuaire, un endroit à la fois sécurisant pour tous, mais aussi ouvert aux âmes curieuses, à la découverte. 

Copyright Perspective Films

En un sens, le film éponyme, qu'il a co-dirigé avec Arthur Delamotte, boucle la boucle, grave dans le marbre de la pellicule l'importance de cet acte à la fois militant, politique et humain, tout en dévoilant au spectateur son histoire, loin d'être connu de tous - pas du tout, pour l'auteur de ses mots. 

À l'image du récent - et excellent - Trois nuits par semaine de Florent Gouëlou, le film se fait volontairement plurielle, tant il est tout autant une belle immersion dans l'univers fascinant et spectaculaire de la culture drag et de sa solidarité à toute épreuve (vissé sur les coulisses même du fonctionnement du cabaret), qu'un regard fasciné sur la richesse culturelle et humaine de la ville de Dieppe (preuve que tout ne se limite pas qu'aux frontières de la capitale), mais aussi un beau et touchant drame façon portrait mélancolique du métier de drag queen, à travers une galerie de figures dont la caméra ne masque jamais la solitude ni les tourments. 

Copyright Perspective Films

Bâti autour de la découverte romancée de ce monde, la narration n'évite sans doute pas assez l'aspect " morceaux de vie " et semble même ne jamais se contenter de plus (à tel point que le prisme du documentaire aurait sans doute été plus adéquat), pour ne pas être furieusement bancale avant même son dernier virage, mais le dynamisme dégagé par cette troupe haute en couleurs vient continuellement contrebalancer ses fragilités, sa redondance comme son manque de profondeur où son rythme un brin fastidieux. 

Au point que La Sirène à Barbe, à défaut d'être mémorable et/où complet comme les numéros qu'il met en scène, n'en reste pas moins une jolie balade cinématographique qui vaut décemment son pesant de pop-corn.


Jonathan Chevrier