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[CRITIQUE] : Drone


Réalisateur : Simon Bouisson 
Acteurs : Marion Barbeau, Eugénie Derouand, Cédric Kahn, Stefan Crepon,...
Distributeur : Haut et Court
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h50min. 

Synopsis :
Une nuit, Émilie, une jeune étudiante, remarque qu'un drone silencieux l’observe à la fenêtre de son appartement. Les jours suivants, il la suit et scrute chacun de ses mouvements. D'abord protecteur, le drone devient inquiétant. Émilie se sent de plus en plus menacée. 


Critique : 


Il n'y a rien de plus grisant que de se lancer à la découverte des nouvelles voix qui peuvent irriguer un cinéma, et encore plus un cinéma de sensation prompte à nous offrir des séances mémorables et immersifs, comme nous le démontre la jolie galerie de productions issues d'un septième art hexagonal qui, quoiqu'en diront les mauvaises langues, est particulièrement en verve et prompt à dénicher de nouveaux faiseurs de rêves, ces dernières années. 

After d'Anthony Lapia et Riverboom de Claude Baechtold, sortis il n'y a même pas une semaine, en sont des preuves probantes. 

Copyright Haut et Court

Découvert à travers des courts et moyen-métrages mi-figue, mi-raisin (Wei or Die, République), et une série à la qualité décemment plus heureuse, Stalk, dont les thématiques font sensiblement échos à celle de son premier effort, Simon Bouisson ne manque décemment pas d'ambition dans sa manière d'aborder l'une de nos plus grandes craintes face au modernisme ambiant et une technologie de plus en plus intrusive, tout en usant/titillant l'une de nos plus grandes tares... on s'explique. 

Embrassant sans réserve les courbes du thriller paranoïaque dont il rebat intelligemment les cartes par ses contours technos, Drone a pour lui la saveur de l'originalité au cœur d'un septième art hexagonal abordant que trop peu la question de l'intimité à une heure du tout numérique (où l'exhibitionnisme, conscient comme inconscient, est exacerbé) et de la vidéosurveillance sensiblement démocratisée, repoussant lentement mais sûrement ses frontières jusqu'aux limites du malaise - la question n'est plus aujourd'hui de savoir si nous devons craindre cet avènement technologique, mais s'il est encore possible de s'en protéger un minimum. 

Copyright Haut et Court

Issue d'une génération 2.0 qui pensait pouvoir autant la maîtriser que pouvoir en jouer (c'est une cam-girl, qui montre donc son corps à travers son écran à des clients qui la rétribue), Émilie, étudiante en architecture fraîchement arrivée dans la capitale, va se voir renvoyer à son propre jeu de la plus atroce des manières : un inquiétant et intrusif drone, qui ne paie pas tant pour la voir dans son plus simple appareil, que pour filmer son quotidien le plus banal. 

Et c'est bien là, toute la force de ce premier effort : ancrer son cauchemar étape par étape auprès d'un personnage à la fois solitaire et peu farouche, empathique et sensiblement mystérieux, pas toujours simple à suivre ni à caractériser dans sa manière de ne pas tant considérer, de prime abord, le dit drone, véritable co-vedette du récit, comme une menace à part entière (parce qu'elle ne veut pas tout de suite voir, volontairement où non, le danger derrière ce qu'il lui apporte), avant de se lancer dans une course désespérée et effrénée, pour s'en départir alors que les enjeux dépasse clairement le simple jeu du chat et de la souris. 

Copyright Haut et Court

Tout n'est évidemment pas sans couac, et si la subtilité manque parfois à l'appel (sans oublier un climax plutôt frustrant), difficile de ne pas louer sa volonté plutôt culotté de constamment renvoyer au spectateur son propre voyeurisme, mais aussi à la masculinité toxique et au désir de pouvoir/dominance de l'homme sur la femme, au détour des aléas sous tension d'une exceptionnelle Marion Barbeau, dont l'expression de son corps est " en corps " (tu l'as ?) au cœur des débats. 

Un dro(l)ne de premier film.


Jonathan Chevrier






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