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[CRITIQUE] : Une vie rêvée


Réalisateur : Morgan Simon
Acteurs : Valeria Bruni-Tedeschi, Félix Lefebvre, Lubna Azabal, Dylan Benha,...
Distributeur : Wild Bunch Distribution
Budget :-
Genre : Comédie Dramatique.
Nationalité : Français, Belge.
Durée : 1h37min

Synopsis :
Nicole a une vie de rêve. À 52 ans, elle vit dans une cité HLM de banlieue avec son fils de 19 ans, Serge, qui ne la supporte plus. Endettée et sans emploi, elle se voit retirer chéquier, carte bleue, et ses rides se creusent sans qu'elle ne puisse rien y faire. Et si, à l’approche de Noël, la vie se décidait enfin à lui sourire ?



Critique :



On avait laissé Valeria Bruni-Tedeschi sur une sacré déception, Il n'y a pas d'ombre dans le désert, second long-métrage du cinéaste israélien Yossi Aviram (pour lequel elle a également co-signé le scénario), dont les bonnes intentions ne transparaissaient jamais réellement à l'image, drame pachydermique partant du procès d'un criminel de guerre nazi qui touche deux enfants de déportés, un israélien psychologiquement instable (par sa mère) et une romancière française (par son père, appelé à témoigner), pour mieux rouler sur la route aussi désertique qu'ennuyée d'un amour contrariée sous fond de kidnapping/syndrome de Stockholm/réminiscence du passé/quête de vérité.

Copyright Wild Bunch Distribution

De bonnes intentions il en est également question avec Une vie rêvée, second long-métrage du cinéaste Morgan Simon après le joli drame intime Compte tes blessures (avec l'excellent Kevin Azaïs), un dramédie social et intime sauce fable gentiment déséquilibré et aux références beaucoup trop imposante pour son bien (Cassevetes, jusqu'à citer directement Une femme sous influence), pour lequel il reprend peu ou prou la même dynamique familiale difficile, à la différence ici que c'est une relation mère-fils qui se substitue à celle entre un père et son fils, dans un hommage volontaire à sa propre mère.

Soit Nicole, une mère quinquagénaire sans emploi et surendettée, sensiblement brisée par une vie de galère, qui élève comme elle le peut son gamin adolescent, tous deux dans une relation aussi fusionnelle que profondément anxiogène et toxique.
Tout bascule lorsque sa fuite en avant face au réel la rattrape, et qu'elle est privée de tout - chéquier, carte bleue - à la veille de Noël, la galère de trop pour un duo déjà au bord du gouffre.
Mais c'est lorsque l'on est au crépuscule de tout, qu'un tant désiré renouveau peut naître...

Pas subtil pour un sou et encore moins audacieux, la faute à une écriture qui empile avec gourmandise les poncifs d'un genre rarement abordé avec une once d'originalité, Une vie rêvée botte plus souvent en touche qu'il ne vise juste dans sa célébration d'une résilience extraordinaire, ne semblant jamais vraiment alerté par sa propre théâtralité presque artificielle, par sa propre caricature d'une classe populaire dont il dessert clairement la mise en lumière, à une heure où l'exclusion sociale n'a jamais été plus affirmée.

Copyright Wild Bunch Distribution

Mais Simon a une sacrée carte dans sa manche, l'investissement sans réserve d'une distribution totalement acquis à sa cause, d'un Félix Lefebvre - comme toujours - convaincant à une Valeria Bruni-Tedeschi littéralement à contre-emploi, en passant par une Lubna Azabal percante de naturel en tenancière de bar, une voix franche qui vient ramener Nicole sur le droit chemin de sa modeste vie.
Leur sincérité vient rompre en grande partie les maladresses d'un comédie dramatique beaucoup trop naïve et déséquilibrée pour son bien.


Jonathan Chevrier





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