[CRITIQUE] : Rue du Conservatoire
Réalisatrice : Valérie Donzelli
Acteurs : -
Distributeur : Diaphana Distribution
Budget : -
Genre : Documentaire
Nationalité : Français.
Durée : 1h20min.
Synopsis :
" En 1996 j’ai passé le concours du conservatoire. Je l’ai raté. Il y a un an on m’a demandé d'y faire une masterclass sur le jeu d’acteur au cinéma. J’y suis allée. J’ai rencontré une jeunesse vivante, joyeuse et passionnée. Parmi mes élèves il y avait Clémence. L’année d’après, elle m’a demandé de filmer leur dernier spectacle. J’ai ressenti son urgence et la peur qu’elle avait de quitter ce lieu mythique. Alors j’ai accepté. En filmant cette jeunesse, j’ai revisité la mienne. " Valérie Donzelli
Critique :
De prime abord, les deux films avec lesquels Valérie Donzelli, que l'on avait laissé en mai 2023 avec l'excellent L'amour et les forêts (où elle sondait avec puissance, entre l’idylle Rohmérienne et la froide angoisse Hitchcockienne, les affres psychologiques de l’emprise), nous revient en ces dernières heures de l'été, n'ont pas où peu de similitudes : la comédie dramatique Ma vie ma gueule de Sophie Fillières, distribué à titre posthume et pour lequel elle campe un second couteau de poids aux côtés d'une Agnès Jaoui inspirée, et Rue du conversatoire, sa première incursion sur le terrain de tous les possibles, du documentaire.
Et pourtant, assez naturellement, une réelle authenticité se dégage des deux efforts, nourrit par la volonté de ses cinéastes de se livrer, par des moyens dissemblables certes (indirectement, par l'intermédiaire d'un autoportrait lucide et jamais complaisant pour Fillières; plus frontalement pour Valérie Donzelli, à travers un sujet personnel et directement lié à son passé, que sa voix accompagne), mais unis dans leur dépouillement, dans leur sincérité et leur force.
Rue du conversatoire, quand bien même il se fait avant tout la célébration de la beauté du jeu, à travers aussi bien l'urgence d'une échéance angoissante (un spectacle de fin d'année - une adaptation personne du monument Hamlet de Shakespeare -, à la demande même de l'une des élèves qui le monte, Clémence Coullon) que l'effervescence d'une jeune génération bouffant les planches par la racine (la promotion 2022 du Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris), il est aussi et surtout un documentaire de Valérie Donzelli qui parle de Valérie Donzelli, tant elle mêle son intimité (sa vie d'aujourd'hui, compliquée, qu'elle noue avec la réminiscence d'un passé pas si lointain, elle qui retrouve un Conservatoire qu'elle a tenté de rejoindre par deux fois, avant donc d'y faire une masterclass sur le jeu d'acteurs au cinéma, et donc un documentaire sur l'une de leurs promotions), tout en restant en retrait à l'écran, à un prisme plus choral, où elle confronte, conjugue sa créativité et sa fantaisie à celle des autres, tout aussi libre et fougueuse.
En résulte alors un documentaire vivifiant et inspirant, touchant et mélancolique, un shot de passion pure sur une jeune garde dont le talent est appelé à envahir les planches et les écrans de demain, mais néanmoins lucide face à la dure réalité d'un métier précaire où, sorti du cocon protecteur et réconfortant du conversatoire, tout est possible - surtout le pire.
C'est sans doute parce qu'elle a pleinement conscience de cette vérité, que Valérie Donzelli grave son empathie et son soutien dans le marbre de la pellicule, sans jamais se perdre dans le jeu de la moralisation abjecte.
Clairement LA petite bouffée d'air frais du moment en salles.
Jonathan Chevrier
Acteurs : -
Distributeur : Diaphana Distribution
Budget : -
Genre : Documentaire
Nationalité : Français.
Durée : 1h20min.
Synopsis :
" En 1996 j’ai passé le concours du conservatoire. Je l’ai raté. Il y a un an on m’a demandé d'y faire une masterclass sur le jeu d’acteur au cinéma. J’y suis allée. J’ai rencontré une jeunesse vivante, joyeuse et passionnée. Parmi mes élèves il y avait Clémence. L’année d’après, elle m’a demandé de filmer leur dernier spectacle. J’ai ressenti son urgence et la peur qu’elle avait de quitter ce lieu mythique. Alors j’ai accepté. En filmant cette jeunesse, j’ai revisité la mienne. " Valérie Donzelli
Critique :
Jolie documentaire que #RueDuConservatoire, plongée effervescente dans les répétitions du spectacle de fin d'année de la promotion 2022 du CNSAD, autant que portrait intime d'une Valérie Donzelli qui conjugue sa créativité et sa fantaisie à celle d'une jeune génération passionnée pic.twitter.com/wuf4CufZan
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) September 18, 2024
De prime abord, les deux films avec lesquels Valérie Donzelli, que l'on avait laissé en mai 2023 avec l'excellent L'amour et les forêts (où elle sondait avec puissance, entre l’idylle Rohmérienne et la froide angoisse Hitchcockienne, les affres psychologiques de l’emprise), nous revient en ces dernières heures de l'été, n'ont pas où peu de similitudes : la comédie dramatique Ma vie ma gueule de Sophie Fillières, distribué à titre posthume et pour lequel elle campe un second couteau de poids aux côtés d'une Agnès Jaoui inspirée, et Rue du conversatoire, sa première incursion sur le terrain de tous les possibles, du documentaire.
Copyright 2023-RECTANGLE PRODUCTIONS |
Et pourtant, assez naturellement, une réelle authenticité se dégage des deux efforts, nourrit par la volonté de ses cinéastes de se livrer, par des moyens dissemblables certes (indirectement, par l'intermédiaire d'un autoportrait lucide et jamais complaisant pour Fillières; plus frontalement pour Valérie Donzelli, à travers un sujet personnel et directement lié à son passé, que sa voix accompagne), mais unis dans leur dépouillement, dans leur sincérité et leur force.
Rue du conversatoire, quand bien même il se fait avant tout la célébration de la beauté du jeu, à travers aussi bien l'urgence d'une échéance angoissante (un spectacle de fin d'année - une adaptation personne du monument Hamlet de Shakespeare -, à la demande même de l'une des élèves qui le monte, Clémence Coullon) que l'effervescence d'une jeune génération bouffant les planches par la racine (la promotion 2022 du Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris), il est aussi et surtout un documentaire de Valérie Donzelli qui parle de Valérie Donzelli, tant elle mêle son intimité (sa vie d'aujourd'hui, compliquée, qu'elle noue avec la réminiscence d'un passé pas si lointain, elle qui retrouve un Conservatoire qu'elle a tenté de rejoindre par deux fois, avant donc d'y faire une masterclass sur le jeu d'acteurs au cinéma, et donc un documentaire sur l'une de leurs promotions), tout en restant en retrait à l'écran, à un prisme plus choral, où elle confronte, conjugue sa créativité et sa fantaisie à celle des autres, tout aussi libre et fougueuse.
Copyright 2023-RECTANGLE PRODUCTIONS |
En résulte alors un documentaire vivifiant et inspirant, touchant et mélancolique, un shot de passion pure sur une jeune garde dont le talent est appelé à envahir les planches et les écrans de demain, mais néanmoins lucide face à la dure réalité d'un métier précaire où, sorti du cocon protecteur et réconfortant du conversatoire, tout est possible - surtout le pire.
C'est sans doute parce qu'elle a pleinement conscience de cette vérité, que Valérie Donzelli grave son empathie et son soutien dans le marbre de la pellicule, sans jamais se perdre dans le jeu de la moralisation abjecte.
Clairement LA petite bouffée d'air frais du moment en salles.
Jonathan Chevrier