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[CRITIQUE] : Les Charlots en folie

© 2024 L'Atelier d'images // Fred Teper // Paris Première


Réalisateur : Fred Teper
Avec : Jean Sarrus, Claude Zidi, Jean-Guy Fechner, Laurent Gerra, Gérard Jugnot,...
Distributeur : L'Atelier d'images
Genre : Documentaire
Nationalité : Français.
Durée : 0h51min.

Synopsis :
Les Charlots ont connu une popularité hors normes dans les années 70 et 80. Évoluant dans un style comique et parodique, ils ont su mêler musique, cabaret et cinéma. Excellents musiciens, ils s'illustrèrent d'abord sous le nom des "Problèmes", ce qui leur valut de faire la première partie des Rolling Stones. Par la suite, la troupe - composée de Gérard Rinaldi, Jean Sarrus, Gérard Filipelli et Luis Rego, rejointe ensuite par Jean-Guy Fechner - s'est tournée vers le cinéma. Ils connurent alors une décennie dorée. À l'aide d'archives inédites issues de leurs collections personnelles, ce documentaire dévoile les coulisses d'une incroyable success-story.


Critique :



Dans une époque furieusement triste comme la nôtre, des doux dingues tels que les Charlots, sorte d'héritiers aux Marx Brothers shootés à l'absurde le plus régressif qui soit, n'auraient pas eu leur place, cloué qu'ils auraient été au pilori du cynisme de la comédie populaire actuelle qui, faute de régulièrement renouveler/chambouler ses codes, préfère se complaire dans un mélange de clichés redondants et de prises de risques fantomatiques, deux éléments " essentiels " qui font sa recette à succès (de moins en moins certes, même si certaines réussites laisse pantois).

Porteur d'un humour (très) simple et innocent, jouant pleinement sur les bordures glissantes du burlesque et du comique de situation, la petite troupe de chanteurs devenus acteurs par la force des choses, ne s'est jamais vraiment prise au sérieux et leurs films, perfectibles et férocement ancrés dans leur temps, ont toujours sensiblement correspondu à cette image suranné - et donc facilement critiquable pour les plus cyniques d'entre-nous.

Un peu comme l'image qui caractérise, dans les grandes lignes (souvent grossières puisque tracées par une forme de mépris indélébile), la carrière de Claude Zidi, parsemée de vraies pépites pourtant, mais que l'on a trop souvent réduit au statut de faiseur de seconde zone.
Quel bonheur cela dit de voir parfois, quelques voix et efforts divers, vanter l'importance qu'ils ont pu avoir - et qu'ils ont toujours -, au sein d'un paysage culturel et cinématographique qu'ils ont su joliment marquer de leur empreinte.

© AFP

À l'image de Fred Teper avec son joli documentaire Les Charlots en Folie, hommage amusé et passionné à ses figures emblématiques dont il retrace la carrière sur un tout petit peu moins d'une heure de programme, de leurs débuts dans la musique avec le groupe « Les Problèmes » (où ils accompagneront Antoine, le temps d'un album, Antoine rencontre Les Problèmes, tout en faisant les premières parties de Johnny Hallyday, Sylvie Vartan et même des Rolling Stones !), à la création des Charlots puis leur explosion sur grand écran (dans La Grande Java de Philippe Clair tout d'abord, une expérience peu heureuse qui leur permettra de rencontrer Claude Zidi, réalisateur de quatre de leurs meilleurs films : Les Bidasses en folie, Les Fous du stade, Le Grand Bazar et Les Bidasses s'en vont en guerre), de leur statut de stars internationales (leurs films totalisent un milliard d'entrées à travers le globe) à la lente chute vers l'oubli (intimement liée à leurs déboires avec leur ancien producteur, Christian Fechner).

Un documentaire riche et passionnant, fort en interventions pertinentes (Jean Sarrus, Claude Zidi, Jean-Guy Fechner, Luis Rego, Gerra où même Gérard Jugnot, avec qui ils ont partagés l'écran dans le délirant Les Charlots contre Dracula de Jean-Pierre Desagnat, né en partie de leur plume) et images d'archives résolument rares, qui ravivent la flamme d'une époque pas si lointaine où un brin de fantaisie et un désir profond de ne pas se prendre au sérieux, pouvaient provoquer les plus authentiques des rires.

Ringards pour certains insensibles à leur humour, consternants pour d'autres (la France est - encore - une démocratie, on a le droit d'être con ET dans l'erreur), les Charlots sont porteurs d'un cinéma léger et bienveillant, pas toujours défendable si l'on scrute toutes ses coutures certes, mais d'une chaleur et d'une générosité tellement communicative que regarder quelques-uns de leurs délires, ne serait-ce qu'une poignée de secondes, suffit à nous (re)donner la banane.
Ils seraient tant que l'on réhabilite ces cinq lascars dans le panthéon de la comédie made in France, vraiment, et ce documentaire en est le plus bel exemple.


Jonathan Chevrier


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