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[CRITIQUE] : Maya, donne-moi un titre


Réalisateur : Michel Gondry
Acteurs : Pierre Niney et Maya Gondry.
Distributeur : The Jokers Films 
Budget : -
Genre : Animation, Comédie, Famille. 
Nationalité : Français.
Durée : 1h01min. 

Synopsis :
Maya et son papa vivent dans deux pays différents. Pour maintenir le lien avec sa fille et continuer à lui raconter des histoires, son papa lui demande chaque soir « Maya, donne-moi un titre ». À partir de ce titre, il lui fabrique alors un dessin animé dont elle est l’héroïne. À travers ces aventures racontées par Pierre Niney, Michel Gondry donne vie à un voyage poétique et amusant qui fera rêver les petits…et sourire les grands.


Critique : 


Il y avait quelque chose d'assez drôle dans la lecture des critiques bien-pensantes arguant que Michel Gondry revenait enfin à un style " Gondry-esque " avec son excellent - même si pas exempt de maladresses - Le Livre des Solutions, de loin son oeuvre la plus personnel jusque-là, alors que le cinéaste n'a jamais été autrement que fidèle à la singularité magique de sa vision et son inventivité sans borne. 

Digne descendant (voir même successeur, n'ayons pas peur des superlatifs lorsqu'ils sont justifiés) du maitre George Meliès, le cinéaste a toujours été un doux rêveur, bricoleur talentueux aussi fantaisiste que poétique et décalé, à la filmographie follement attachante et teintée d'une mélancolie de plus en plus prononcée. 

Copyright PARTIZAN FILMS - 2024

Le Livre des Solutions était, au fond, autant une continuité de ce cinéma que qu'une auto-analyse consentie, un film de Gondry et un film sur Gondry, l'œuvre d'un cinéaste qui se raconte comme pour mieux se retrouver, qui se raconte comme pour mieux nous retrouver dans un élan aussi (évidemment) foutraque que merveilleusement sincère et authentique.
Qu'il poursuive encore un peu plus cette veine intime avec son premier film entièrement animé - et avec Pierre Niney à la narration, qui l'incarne à nouveau -, Maya, donne-moi un titre, était alors une voie des plus naturelles. 

D'autant que pour l'occasion, le bonhomme pousse le curseur de l'intime encore un peu plus loin cette fois, en plaçant sa relation avec la chair de sa chair, sa propre fille, au coeur des débats : pour garder leur lien fort malgré la distance, le cinéaste a crée de nombreux courts-métrages maisons basé sur les titres donnés par sa petite fille.
Une idée absolument géniale, qu'il retranscrit à l'écran dans un cocktail à la fois profondément singulier (évidemment) et expérimental, puisque totalement motivée par la créativité et l'imaginaire enfantin de la prunelle de ses yeux (avec lequel il se connecte sans effort), maîtresse farfelue et héroïne de chaque histoire. 

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Et l'animation, tout en dessins animés et coupés à la main (un aspect artisanal et/où rudimentaire essentiel, quoiqu'en penseront certains), était le terrain de jeu parfait pour laisser exploser ce génie double et farfelu, pour donner vie à ses aventures volontairement imparfaite, prenant en valeur et en densité au fil du temps, à l'image même d'une gamine qui grandit, mûrit, à l'image même d'un partage familiale qui part d'un jeu ludique pour devenir un vrai rituel tendre et complice.

Décalé et inventif, Maya, donne-moi un titre se fait un bout d'existence partagé aussi sensible que touchant et ludique, dont on ressort nous aussi, avec l'envie de créer en toute simplicité, nos propres bouts d'histoires.


Jonathan Chevrier