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[CRITIQUE] : Quand vient l'automne


Réalisateur : François Ozon
Acteurs : Hélène Vincent, Josiane Balasko, Ludivine Sagnier, Pierre Lottin,... 
Distributeur : Diaphana
Genre : Comédie dramatique.
Nationalité : Français.
Durée : 1h42min.  

Synopsis :
Michelle, une grand-mère bien sous tous rapports, vit sa retraite paisible dans un petit village de Bourgogne, pas loin de sa meilleure amie Marie-Claude. A la Toussaint, sa fille Valérie vient lui rendre visite et déposer son fils Lucas pour la semaine de vacances. Mais rien ne se passe comme prévu. 


Critique : 


La question est un brin triviale, mais en même temps, assez logique : pouvons-nous citer, sur les deux, trois dernières décennies, un cinéaste français à la filmographie aussi éclectique et hétérogène que celle de François Ozon, dont la palette styliste et artistique s'est exprimée de la plus étonnante des manières au coeur d'œuvres goût aussi drôles qu'émouvantes, voguant entre des réflexions autobiographiques - voire autoréférentielles -, méta-cinématographique où encore sociétales (dont un penchant pour disséquer les atermoiements de la bourgeoisie bien de chez nous), toujours avec dans l'idée de confronter son auditoire à la réalité, à la vérité du présent même lorsqu'il se laisse aller à des œuvres d'époques. 

Un cinéaste paradoxalement imprévisible mais toujours ancré dans un contexte bien précis et familier, un auteur qui réfute toute idée de rigidité cinématographique et artistique, quitte à parfois foncer dans le mur et/où tutoyer la magie du septième art comme peu en son capable. 

Copyright 2024 - FOZ- FRANCE 2 CINEMA - PLAYTIME

Sans doute l'une de ses plus belles œuvres de récentes mémoires, Quand vient l'automne est un millésime Ozonien d'exception, thriller familial choral dont il déconstruit les codes pour mieux les souder à ceux du mélodrame théâtral et tout en distanciation où les bouts d'histoires troubles du passé, viennent servir de matière à un présent à la noirceur cotonneuse et absorbante, où la vérité se situe toujours au bord du précipice. 

Continuellement en tension avec elle-même, avec ce qu'elle dissimule consciemment et ce qu'elle laisse lentement émerger sous sa pellicule, la narration désoriente autant dans sa propension à faire naître le drame à travers de petits détails banals, qu'à renier toute trace d'expressivité émotionnelle, toute profondeur de conflits que l'on sait pourtant essentiels dans la dynamique entre ses personnages, pour mieux embrasser l'absurdité brutale et la violence sourde en son cœur.
Presque un anti-récit consenti où la subjectivité de ses personnages reste enfermé dans le hors-champ (Ozon s'amusant d'ailleurs à en faire tous des narrateurs/observateurs peu fiables, savamment contradictoires), où un petit acte, presque anodin (un empoisonnement accidentel, mais point mortel), sert d'effet domino pervers pour glisser vers le terrain anxiogène du doute où l'ambiguïté est reine, où tout le monde sera touché, impliqué, marqué. 

Copyright 2024 - FOZ- FRANCE 2 CINEMA - PLAYTIME

Même s'il observe son petit théâtre des malheurs avec un humanisme difficilement discutable, jamais le cinéaste ne rend ses figures empathiques, elles qui agissent et réfléchissent toujours froidement, rationnellement, face à chaque évènement, face à une solitude dévorante, à un ostracisme destructeur, à un déni d'amour et à un amour choisi, vital.
Cynique, glaçant et paradoxalement lumineux comme rarement, dominé par une distribution d'exception (Hélène Vincent, Josiane Balasko où même Pierre Lottin, tous au diapason), Quand vient l'automne se fait in fine, bien qu'opposé dans sa forme, un compagnon de route évident au film précédent d'Ozon, Mon Crime, à la féminité toute aussi exacerbée et libre.


Jonathan Chevrier






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