[CRITIQUE] : Le Robot Sauvage
Réalisateur : Chris Sanders
Acteurs : avec les voix de Lupita Nyong'o, Pedro Pascal, Kit Connor, Bill Nighy, Ving Rhames,...
Distributeur : Universal Pictures International France
Genre : Aventure, Animation, Comédie, Famille.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h42min.
Synopsis :
Le Robot Sauvage suit l’incroyable épopée d'un robot – l'unité ROZZUM 7134 alias “Roz” – qui après avoir fait naufrage sur une île déserte doit apprendre à s'adapter à un environnement hostile en nouant petit à petit des relations avec les animaux de l'île. Elle finit par adopter le petit d’une oie, un oison, qui se retrouve orphelin.
Critique :
Résolument plus du côté de Ghibli, que du modèle moraliste de la firme aux grandes oreilles, #LeRobotSauvage est un bonheur de divertissement animé minimaliste et réconfortant, au récit certes familier mais qui n'a jamais peur d'aborder la dureté fondamentale de l'existence. pic.twitter.com/jzA8HwmLKQ
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) September 30, 2024
Le fantastique Le Chat potté 2 : La Dernière Quête du tandem Joel Campbell/Januel P. Mercado, qui trompait sensiblement ses contours de spin-off d'une franchise lessivée (Shrek, qui fera son retour prochainement avec un cinquième opus...), pour mieux incarner une aventure animée, poignante et visuellement grisante, n'aura in fine porté la révolution tant espéré pour une Dreamworks qui, quand bien même elle a su se laisser tenter par quelques idées originales (le manqué Ruby, l'ado Kraken, le très chouette La Nuit d'Orion), s'est vu presque obligé de ressortir du placard des franchises considérées comme éteintes - Les Trolls et Kung-Fu Panda -, pour attirer en masse le spectateur en salles.
Mais quelques miracles subsistent dans ce marasme créatif qu'est Hollywood, et même si la firme, à l'instar d'une Pixar qui elle aussi s'est faite poncée par la maison-mère Disney, commence à glisser du côté obscur du remake live-action (le projet Dragons, toujours chapeauté par Dean DeBlois, fait méchamment flipper), elle est toujours aussi capable d'envoyer du pâté, et pas qu'un peu.
Chapeauté par un solide faiseur, Chris Sanders (Lilo & Stitch, Les Croods, Dragons) et basé sur le livre pour enfants éponyme de Peter Brown, Le Robot Sauvage pousse encore un peu plus loin l'inventivité visuelle et stylistique de la seconde aventure du Chat Potté, en proposant une odyssée animée réfutant tout photoréalisme pour voguer vers une fluidité et une beauté proche d'une peinture de maître, alors que sa narration est des plus minimaliste qui soit : une unité de robots de service domestique, ROZZUM 7134, surnommée " Roz ", survit à un crash et atterrit sur une île forestière inhabitée par l'homme.
Là-bas, sans but puisqu'il n'y a aucun humain à servir, et condamné au rejet des animaux sauvages qui la considère comme un monstre - puisque contre-nature -, elle va se lier à d'autres parias, dont un oisillon fragile, Brillo, qu'elle prend sous son aile et qui va lui faire acquérir acquiert suffisamment de conscience pour commencer à renier, transformer sa programmation interne...
Minimaliste donc, Le Robot Sauvage a tout autant le bon ton de se départir d'un modèle moraliste purement américain (quand bien même l'apparence de ses personnages se fait très " Disney "), pour modestement se rapprocher d'une tonalité plus Ghibli-esque, donnant poids et corps aussi bien à une animation qui privilégie à part égale l'esthétique et le sensoriel, qu'à un récit certes familier sous fond d'apprentissage, d'acceptation, de parentalité et de compassion (l'importance de se connecter aux autres est le cœur même de l'histoire), mais qui n'a jamais peur d'aborder la dureté fondamentale de l'existence, tout en étant intrinsèquement lié à son environnement.
Même la puissance émotionnelle du film dénote avec la production animée ricaine actuelle, tant elle est non pas véhiculée par le dialogue où l'insertion vulgaire d'une musique pop (voire d'un humour artificiel) mais par l'importance du langage corporel, la force et la douceur des gestes qui valent mille mots.
Idem pour ce qui est de l'histoire qui n'a pas besoin d'être articulée autour d'une source de conflit facile - une figure menaçante/antagoniste -, pour que le récit avance et que ses personnages évoluent.
C'est par sa simplicité que Le Robot Sauvage touche le plus, et c'est certainement par elle que Dreamworks retrouvera ce second souffle qui lui manque tant, même si son avenir proche laisse présager l'idée qu'elle n'est pas encore totalement prête à la suivre...
Jonathan Chevrier