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[ENTRETIEN] : Entretien avec Pierre Deladonchamps (Le procès du chien)

© Urs Flueeler/AP/SIPA //© Bande à Part Productions

Révélé il y a déjà dix ans dans le très bel Inconnu du lac, Pierre Deladonchamps s’est dévoilé avec autant d’énergie dans le drame que dans la comédie. C’est dans cette dernière catégorie qu’on le retrouve avec Le procès du chien, premier long-métrage en tant que réalisatrice pour Laetitia Dosch. Nous avons eu l’occasion d’échanger rapidement avec lui à ce sujet, dans un entretien express mais non moins dénué d’intérêt lors de sa venue au BRIFF.


Depuis tout petit, j’ai été biberonné par les comédies avec mes parents, que ce soit à la télé avec les Nuls ou les Inconnus, les comédies de Louis de Funès. Depuis tout petit, c’est quelque chose qui fait partie de ma vie.  - Pierre Deladonchamps 


Qu’est-ce qui vous a attiré dans le scénario du Procès du chien ?

L’univers un peu loufoque, le côté fantaisiste, décalé mais qui nous emportait à la fois de manière comique pour parler d’un sujet de fond assez intéressant. C’est le rapport de l’être humain à l’animal domestiqué. Je trouvais ça très intéressant. Je trouve que le film est très pertinent, notamment dans les plaidoiries, sur la place qu’on donne à l’animal dans nos vies. Est-ce que c’est un objet ou un être vivant ?

Comment est le travail avec Laetitia Dosch dans sa direction d’acteur ?

Elle travaille en bonne intelligence. Elle est assez spontanée, elle sait ce qu’elle veut. En même temps, elle embrasse les surprises. Elle accueille les propositions. Je me dis qu’elle dirige comme elle aimerait bien qu’on la dirige elle. Il y a un canevas assez solide sur lequel on se repose dans ces scènes et il y a une liberté au milieu aussi qui permet de faire des propositions, d’essayer des choses. C’était un vrai plaisir de travailler avec elle.

Qu’est-ce qui vous motive dans certains rôles ?

C’est un peu un tout. D’abord, si l’histoire me plaît en tant que lecteur et futur spectateur. Et puis aussi si je me retrouve dans l’image de faire ce personnage, si j’arrive à l’imaginer, à voir ce que je pourrais en faire. C’est ça qui me décide en général.

Copyright Bande à Part Productions

Quelle est votre propre perception de la comédie ?

Depuis tout petit, j’ai été biberonné par les comédies avec mes parents, que ce soit à la télé avec les Nuls ou les Inconnus, les comédies de Louis de Funès. Depuis tout petit, c’est quelque chose qui fait partie de ma vie. J’ai commencé à prendre des cours de théâtre de manière professionnelle parce que c’était ça qui me plaisait le plus dans le cinéma : rire et faire rire. Il se trouve que j’ai commencé ma carrière avec L’inconnu du lac, certes avec de l’humour, mais qui est surtout un drame assez sombre, assez lourd, assez angoissant. C’est vrai qu’on m’a donc souvent collé l’étiquette d’acteur cérébral et sérieux alors que je ne demande que ça de faire de la comédie. J’en ai fait depuis et ça commence à imprimer un peu mais c’est vrai que c’est toujours dur de sortir de l’étiquette qu’on vous colle sur le visage.

Cela fait justement 10 ans depuis votre césar du Meilleur espoir masculin pour L’inconnu du lac. Quel regard posez-vous sur votre évolution depuis ce film ?

Je suis heureux d’avoir eu autant de belles propositions depuis. Je suis heureux d’avoir fait ce film parce que, non seulement je l’aime, mais en plus, grâce à lui, j’ai pu me faire une place dans ce métier. On m’a fait une place et je l’ai saisie. Ça m’a épanoui énormément de pouvoir tourner dans des univers différents avec des gens différents. Ça m’a beaucoup apaisé dans la vie en général. Je dirais que ça a calmé pas mal de choses par rapport aux angoisses existentielles ou métaphysiques que je pouvais avoir et que j’ai toujours. Ça m’a rempli.

Comment voyez-vous votre passage au BRIFF pour ce film, et ce après les retours de Cannes ? J’ai envie de dire « promotion » du film mais ça me paraît un peu froid comme terme…

Après, « promotion » ne veut pas dire « réclame ». C’est juste essayer de le mettre en avant pour qu’il y ait le plus de personnes qui le voient. C’est vrai que ce n’est pas comme un produit qu’on achète mais c’est une œuvre qu’on a envie de partager avec le plus grand nombre. Quand on participe à un film, quand on le fabrique, on a envie qu’il plaise à plein de gens. Mais c’est vrai qu’on parle de promotion et il y a des films pour lesquels on a plus l’envie de faire la promotion que pour d’autres. Là, je ressens que c’est un vrai plaisir intense d’accompagner Laetitia, qui est une amie à la ville, avec qui je m’entends très bien. On est heureux d’être ensemble pour présenter le film, l’accompagner. C’est toujours agréable quand un film est choisi pour un festival. Pour Laetitia, c’est une forme de reconnaissance qu’on lui fait en lui disant que son film plaît et qu’il va être partagé avec le public du BRIFF. En plus, l’ouverture est toujours une très belle place donc je suis très heureux d’être là.

Copyright Bande à Part Productions

J’ai entendu que vous travaillez sur une réalisation. Avez-vous déjà reçu des conseils dans cette nouvelle étape ?

Oui ! Quand Laetitia avait écrit son scénario, elle me l’avait envoyé et je lui avais fait 2, 3 retours. Elle a fait de même sur le mien quand je le lui ai envoyé. On s’est échangé des choses. De toute façon, et je ne sais pas si elle a fait comme ça, mais ce qui me nourrit, c’est d’avoir vu les gens que j’admirais et que j’admire diriger des films et voir comment ils parvenaient à ce qu’ils obtenaient. Je m’en nourris en faisant aussi un peu ma sauce personnelle, c’est-à-dire que je vais mettre ma patte avec ce que je suis. Je ne vais pas endosser le costume, trop grand ou trop petit pour moi, de quelqu’un ou quelqu’une. Donc je crois que je vais être instinctif mais aussi sur une forme de discipline. Je crois que je vais avoir besoin de beaucoup de concentration mais également de lâcher prise parce que je crois que la créativité est encore plus belle quand elle se fait de « lâcher prise contrôlé » ! C’est assez dur à expliquer mais c’est ça que je ressens.

Avec votre expérience des interviews, y a-t-il une question que vous auriez voulu qu’on vous pose ?

C’est intelligent comme proposition mais c’est aussi vertigineux parce que j’aime bien être surpris par les questions auxquelles je ne m’attends pas ! (rires) Forcément, il faudrait que je trouve ce à quoi je ne m’attends pas ! C’est compliqué… J’aime bien quand on me pose des questions de manière générale sur les films que je fais en tant qu’acteur par le biais d’un prisme que je n’ai pas eu et qui sont complètement décalées. Du coup, en se décalant, on voit le film d’une autre manière et on comprend que la personne l’a vu dans cette direction-là. C’est assez intéressant de voir des points de vue divergents parce que ça permet de donner plusieurs couleurs au film, plusieurs couches. Parfois, c’est conscient et on a quelqu’un qui vous dit « En fait, dans ce film, il y a… » et hop, il y a cette espèce de truc qu’on a l’impression d’être dans une séance de psy. « Oh la vache, je ne m’attendais pas du tout à réaliser ça ! ». J’aime bien ça, c’est comme chez le psy quand on se rend compte qu’on n’a pas pensé à ça. Pourquoi je ne me suis pas posé cette question pendant des années ? Pourquoi je n’ai pas vu les choses sous cet angle-là ? C’est ça qui me plaît.


Entretien réalisé par Liam Debruel.

Merci à Maud Nicolas de Distri 7 ainsi qu’à l’équipe du BRIFF pour cet entretien.

 



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