[CRITIQUE] : Tigresse

Réalisateur : Andrei Tănase
Avec : Catalina Moga, Paul Ipate, Alex Velea, Virgil Aioanei,...
Distributeur : Condor Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Roumain, Français, Grèce.
Durée : 1h20min

Synopsis :
Suite à un signalement, Véra, vétérinaire, accueille dans son zoo une femelle tigre à laquelle elle s'attache rapidement. Un soir, alors qu’elle vient de surprendre son mari en plein adultère, Vera, ivre de colère, omet de refermer la cage du fauve. Le lendemain, la tigresse est introuvable. La jeune femme et son mari prennent alors la tête d'une expédition improbable pour retrouver l’animal. Plus que la quête d’un tigre en fuite, cette battue devient pour Vera une réelle introspection sur sa vie, son couple et ses aspirations.

Critique :

Tout du long brodé autour d'une figure croulant - sans rompre - sous le poids d'un tourbillon d'émotions contradictoires (incarnée par une superbe Catalina Moga), #Tigresse se fait tout autant un portrait psychologiquement ramassé et puissant qu'une réflexion sociétal pertinente. pic.twitter.com/rlfLu1rHLK
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) August 8, 2024

Tu ne le demande peut-être pas mais allez, on te le dit quand-même : le cinéma roumain se porte vraiment bien depuis quelques années.
Voilà, voilà, merci pour lui, à bientôt pour plus de nouvelles approximatives.

Blague à part, l'affirmation est sérieuse, énième preuve à l'appui en ces premières heures aoûtiennes, avec le premier long-métrage du wannabe cinéaste Andrei Tănase, Tigresse, une nouvelle voix appelée a - peut-être -, à l'instar de Alexandru Belc, devenir au moins aussi importante que peuvent l'être Cristian Mungiu, Bodgan George Apetri où encore Cristi Puiu et Radu Jude au sein d'une production roumaine en pleine reconstruction, lui qui suit à la fois la logique de ce que l'on peut considérer comme la Nouvelle Vague roumaine, avec des considérations socio-politiques caractéristiques de cette mouvance aussi fascinante que particulière, tout en y apposant sa patte personnelle qui le démarque déjà un brin de ses compatriotes.

Drame sobre et captivant brodé autour d'une figure croulant - sans rompre - sous le poids d'un patriarcat écrasant, la narration, à priori inspiré d'un fait divers bien réel, s'attache aux atermoiements d'une vétérinaire, Véra, qui accueille dans son zoo une femelle tigre - Rihanna - à laquelle elle s'attache rapidement.
Déjà sacrément malmenée par la vie, tout empire lorsque son intimité la rattrape (son mari la trompe) et empiète sur sa vie professionnelle : elle omet de refermer la cage du fauve, et celui-ci s'offre une échappée sauvage...

Moins thriller tendu sur la quête d'une tigresse pouvant foutre un sacré boxon sur son passage, que vrai drame existentiel avec un doigt de comédie absurde, centré sur une femme brisée et enfermée dans un tourbillon d'émotions contradictoires (mais aussi de ressentiments jamais exprimés, et qui ne demande qu'à exploser) qu'elle peine à contenir (parallèle pas si grossier avec sa connexion naturelle à une tigresse qui elle, a su s'échapper et s'offrir un instant de liberté), Tigresse se fait tout autant un portrait psychologiquement ramassé et palpable (magnifique Catalina Moga) qu'une réflexion sociétal pertinente.
Un sacré premier effort donc.

Jonathan Chevrier