Breaking News

[CRITIQUE] : Project Silence


Réalisateur : Kim Tae-gon
Avec : Lee Sun-kyun, Ju Ji-hoon, Kim Hee-won,...
Distributeur : KMBO
Budget : -
Genre : Action, Fantastique, Épouvante-Horreur, Thriller.
Nationalité : Sud-coréen.
Durée : 1h36min.

Synopsis :
Le brouillard cause un gigantesque accident sur un pont. Alors que celui-ci menace de s’effondrer, des bêtes inconnues se retrouvent libérées au milieu des survivants.



Critique :



Fut une époque où, distribution fragile oblige, nous n'avions que des hauts faits ou presque, issus du Pays du matin frais à se mettre sous la dent mais avènement et popularisation de ce dit cinéma aidant, couplé à une explosion des possibilités mises à disposition des spectateurs et cinéphiles (comme les plateformes, Netflix en tête), il est vite devenu évident que tout n'était pas aussi parfait que fantasmer, et que la machine à produire sud-coréenne ne rendait pas forcément les concepts et autres formules familières, plus magiques et digestes passées entre leurs mains.

De là à dire qu'il y autant à boire qu'à manger dans cette dite production actuelle, il n'y a qu'un pas que l'on n'hésite plus à franchir, quand bien même beaucoup se pâme à la moindre sortie.

Copyright 2023 CJ ENM Co., Ltd., CJ ENM STUDIOS, BLAAD STUDIOS ALL RIGHTS RESERVED

Débarque alors Project Silence de Kim Tae-gon, à qui il aura fallu quinze mois, rien de moins, pour trouver son chemin dans nos salles obscures après sa présentation en séance de minuit sur la Croisette cuvée 2023 - tout un monde pour un septième art qui aligne les sorties plus vite que son nombre.
Mais le film de Tae-gon a pour lui un pitch suffisamment accrocheur pour titiller la curiosité du spectateur, à savoir un bon high concept de bisserie qui tâche, flanqué dans un enrobage de film catastrophe spectaculaire porté par feu Lee Sun-kyun; un concept simple, efficace et même savamment prompt à te rappeler au bon cauchemar qu'était Cujo, avec son Beethoven pas du tout content - où,  moins frontalement, au magnifique White God de Kornél Mundruczó.

Soit l'itinéraire d'une poignée d'âmes coincées sur un pont d’Incheon méchamment brumeux, mis en quarantaine à la suite d'un grave accident de voitures; dit accident qui, au-delà de simplement coincé tout le monde et de servir les hautes sphères du pays, a également libéré une horde de chiens tueurs génétiquement modifiés, fruit d'une expérience gouvernementale.

Copyright 2023 CJ ENM Co., Ltd., CJ ENM STUDIOS, BLAAD STUDIOS ALL RIGHTS RESERVED

Élevés pour leur obéissance extraordinaire, ils sont désormais livrés à leur instinct sauvage et primaire, les conséquences " silencieuses " de la stupidité incontrôlée et incontrôlable de l'homme et de la science; le chaos violent parce qu'abusé, qui éclipse une humanité où l'ordre moral est aussi fragile que la tole froissée.
Au petit groupe de survivants, aux profils hétéroclites, de tenter de s'en sortir et de ne pas servir de casse-croûte canin alors que, cerise sur le gâteau, la structure de béton menace de s'effondrer...

Un lieu symbolique et loin d'être choisi au hasard donc puisque littéralement à la croisée des chemins, et qui a clairement des contours de profession de foi pour son spectateur : la nécessité d'accepter ou non, l'absurdité folle et assumée de cette aventure savoureusement gonzo, sorte de cousin pas si éloigné au fond de la saga Destination Finale, à la fois méchamment prévisible et cheesy, mais aussi et surtout joliment mordant, même dans ses morceaux de bravoure sucrés où son moralisme facile tout droit hérité du plus cheap des blockbusters ricains (même si sa plus grosse influence reste Les Oiseaux de Hitchcock et The Host de Bong Joon-ho).

Copyright 2023 CJ ENM Co., Ltd., CJ ENM STUDIOS, BLAAD STUDIOS ALL RIGHTS RESERVED

Évidemment léger dans son écriture, de ses personnages caricaturaux et taillés à la serpe (le fameux héros endeuillé et papa absent/défaillant, qui doit protéger plus que tout sa progéniture tout en surmontant ses échecs passés, et qui se redécouvre une humanité qu'au pied du mur), à une assise politico-écologico-sociale certes cynique mais passablement artificielle (et/où survolé, comme l'obsession du pouvoir et du contrôle gouvernemental, justifiant les pires ignominies possibles), le film vise continuellement l'efficacité pure via un rythme soutenu, une action limpide et un petit jeu du chat et de la souris sauce massacre certes jamais brutal mais étonnamment macabre, même si la tension viscérale initiée par le crash initial, s'effiloche un poil au fil du temps - idem pour la menace canine tout en CGI.

Peut-être pas à la hauteur des exemples qu'il cite avec plus où moins de déférence, Project Silence n'en reste pas moins un divertissement plutôt wouf, plus actionner que vrai moment de flippe, au sein d'un été in fine plutôt pauvre en la matière.


Jonathan Chevrier




***

P.S. : n'oublie pas de nous suivre sur tous tes réseaux sociaux favoris :