[CRITIQUE] : La Légende de l'aigle chasseur de héros

Réalisateur : Jeff Lau
Avec : Leslie Cheung, Brigitte Lin Ching-hsia, Maggie Cheung, Cecilia Yip, Tony Leung Chiu-Wai, Tony Leung Ka Fai, Jacky Cheung, Carina Lau, Joey Wang, Veronica Yip, Kenny Bee,…
Distributeur : Carlotta Films
Budget : -
Genre : Action, Comédie, Fantastique.
Nationalité : Hongkongais.
Durée : 1h43min

Synopsis :
Il était une fois une reine d’Orient, aussi belle que machiavélique, qui, avec l’aide de son amant (et cousin incestueux), Ouyang Feng, usurpa le trône censé revenir à la jeune et fougueuse « Troisième Princesse ». Afin de se venger de sa marâtre et de reconquérir son royaume, celle-ci va devoir partir en quête du mythique livre du Yin, seul capable de lui enseigner un kung-fu ésotérique d’une puissance inégalée. Cet ouvrage étant caché dans une grotte gardée par trois monstres, la princesse recevra l’aide de Huang Yaoshi, jeune combattant romantique et facétieux qui lui servira de guide...

Critique :

Mo lei tau déglingué et coloré qui ne se refuse rien, #LaLégendeDeLAigleChasseurDeHéros, généreux et excessif de bout en bout, fait voler en éclats les standards pour mieux accoucher d'un petit miracle loufoque à l'enthousiasme joliment communicatif. LA (re)découverte du moment. pic.twitter.com/EeYo56M6MG
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) August 17, 2024

Cet été c'était (et c'est toujours un peu) chacun ses J.O., les amateurs de sports avaient leurs sensations fortes et pour les squatteurs de salles obscures, il y avait des programmes aussi chargées, comme tenter l'impossible en allant mirer toutes les ressorties du moment : et elles étaient (et le sont encore) NOMBREUSES.

Un vrai bonheur, tout simplement.

Pas avare en gourmandise, Carlotta Films ont mis les petits plats dans les grands dès que les beaux jours sont arrivés, avec rien de moins qu'une immense rétrospective Marcel Pagnol et une autre consacrée à François Truffaut (dont le dernier film arrive à la rentrée), avec quelques séances inédites pas piquées des hannetons au milieu : Crépuscule de György Fehér, Nomad de Patrick Tam et donc La Légende de l'aigle chasseur de héros de Jeff Lau, dégainé dans une version restaurée 2K toute pimpante.

Tourné de façon expéditive en parallèle aux Cendres du temps de Wong Kar-wai (qui joue ici les producteurs, histoire de renflouer les caisses de son propre film, à la production chancelante), et lui aussi inspiré du roman éponyme de Louis Cha (avec sensiblement la même distribution), le film se fait un bonheur de pastiche absurde et non-sensique autant des mélodrames cantonais que du wu xian pian chers aux 60s (du pur mo lei tau que rendra plus populaire à l'international une décennie plus tard, le génial Stephen Chow, et donc le parfait opposé au film de Wong Kar-wai, qui lui-même était une opposition sérieuse à un genre qui, justement, était loin de l'être à la fin des 80s/début des années 90), tissé autour d'une narration proprement tentaculaire - cinq intrigues alambiquées et nouées entre-elles - et presque impossible à résumer (mais est-elle si importante au fond ? Pas vraiment...).

Colorée et délicieusement déglinguée qui ne se refuse rien pendant ses cent minutes de bobines chargées comme une mule de romances déglinguées, de numéros musicaux extravagants, de quiproquos burlesques et même de bastons homériques (la légende Sammo Hung aux chorégraphies), symbole d'une action aussi gentiment excitante qu'hilarante (la technique de la grenouille-taureau, le poing tsunami,...); La Légende de l'aigle chasseur de héros, excessif et généreux de bout en bout, fait voler en éclats les codes et les standards pour mieux accoucher d'un petit miracle loufoque à l'enthousiasme méchamment communicatif.

Qu'on se le dise, la plus belle bouffée d'air frais du moment nous vient bien de l'année 1993...

Jonathan Chevrier