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[CRITIQUE] : Hijo de sicario


Réalisatrices : Fernanda Valadez et Astrid Rondero
Acteurs : Juan Jesús Varela, Yadira Pérez, Karla Garrido, Jairo Hernandez,...
Distributeur : Damned Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français, Mexicain, Américain.
Durée : 2h00min.

Synopsis :
Après l’assassinat d’un sicario dans une petite ville mexicaine, Sujo se retrouve orphelin et échappe de justesse à la mort grâce à sa tante qui l'élève à la campagne. À l'adolescence, la rébellion s'éveille en Sujo et il rejoint le cartel local. L'héritage de son père semble alors rattraper son destin.



Critique :



Bien que le septième art soit une fantastique ouverture sur le monde, rares sont les films du plus où moins prospère issus du cinéma mexicain, à venir taquiner nos salles obscures - seuls le magnifique Eureka de Lisandro Alonso et l'excellent Heroico de David Zonana, nous revient en mémoire ces derniers mois.

En ce sens, le second long-métrage co-écrit et co-realisé par Fernanda Valadez et Astrid Rondero (le bouillant Sans signe particulier, réalisé en solo par Valadez, une oeuvre sensible, radicale et peu complaisante, constamment entre la véracité et le minimalisme du documentaire et l'aspect presque surréaliste d'une errance road-moviesque dévastatrice, vissée sur l'amour d'une mère confrontée frontalement à la barbarie humaine)Hijo de sicario, a tout d'une sacré curiosité d'autant qu'il est loin de laisser insensible et qu'il fait preuve d'une puissance étonnante et inhabituel pour un film dit de la " confirmation " - même issue d'une production sud-américaine/d'Amérique centrale ne prenant pas où peu de gants avec son auditoire.

Copyright Damned Films

Sous couvert d'un récit de passage à l'âge adulte dont il épouse la formule familière - même si ici épisodique - autant qu'il en offre une approche sensiblement épidermique et frontale, le tandem dégaine une nouvelle charge affûtée sur le Mexique d'aujourd'hui en s'attaquant à l'inattaquable : la violence endémique des cartels locaux à travers non pas une glorification cinématographique et grand-guignolesque de leur brutalité, mais d'une chronique au plus près de ses victimes collatérales, de ceux plus où moins intimement liés à elle et à ses ravages humains.

Leur attention se focalise alors sur l'enfance puis l'adolescence troublée et tragique du sauvage Sijo, rejeton d'un tueur à gages - un sicario - assassiné et prit pour cible par prévention (au cas où il chercherait à se venger de la mort de son paternel) avant d'être sauvé par sa tante, sujet ordinaire et tourmenté d'une réflexion à la fois onirique et profondément réaliste sur l'opposition entre destinée et libre arbitre, ou comment la précarité et le manque de perspective d'une nation qui délaisse sa jeunesse, enferment des gamins qui, malgré eux, nourrissent et perpétuent le cycle de violences qui les assaillent, tant il est impossible pour eux de se départir de ses douloureux fantômes, de s'éloigner de leur héritage écrasant.

Copyright Damned Films

Expérience hybride enlacée entre un réalisme brut et un lyrisme affirmé (fruit d'une photographie absolument extraordinaire de Ximena Amann), coming-of-age ou la construction optimiste d'un môme en homme se fait un chemin pavé de douleurs et de résilience, Hijo de sicario incarne une fable délicate et hantée, frappée autant par la tragédie et la noirceur que par le déterminisme hors du commun qui peut habiter l'humanité.
Un second effort qui confirme tout le bien que l'on pouvait penser de ses auteures.


Jonathan Chevrier





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