[CRITIQUE] : La Prisonnière de Bordeaux
Réalisatrice : Patricia Mazuy
Acteurs : Isabelle Huppert, Hafsia Herzi, William Edimo, Magne-Håvard Brekke,...
Distributeur : Les Films du Losange
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h48min.
Synopsis :
Alma, seule dans sa grande maison en ville, et Mina, jeune mère dans une lointaine banlieue, ont organisé leur vie autour de l’absence de leurs deux maris détenus au même endroit… A l’occasion d’un parloir, les deux femmes se rencontrent et s’engagent dans une amitié aussi improbable que tumultueuse…
Critique :
Qu'on se le dise, Patricia Mazuy n'a jamais été une cinéaste engluée dans une approche conventionnelle du septième art, que ce soit dans sa manière de penser viscéralement ses histoires et de puissamment les mettre en images, de continuellement inviter son auditoire au coeur même de la psyché de ses personnages, même les plus sombres et insondables.
Pas forcément le genre de " faiseuse de rêves " qui cherche à se faire aimer, mais face à laquelle il est impossible de rester indifférent... tant mieux.
Passé un éprouvant Bowling Saturne, où elle scrutait la lente descente au fin fond des limbes de deux demi-frères marqués irrémédiablement par les péchés et les pulsions de leur patriarche, tout en pointant la brutalité et la sauvagerie masculine comme un instinct animal qui surplombe tout conditionnement où sentiment d'humanité, elle nous revient avec une proposition sensiblement autre sur le papier : un mélodrame socialo-carcéral, La Prisonnière de Bordeaux, pour lequel elle retrouve une Isabelle Huppert plus Chabrolienne que jamais, presque un quart de siècle après Saint-Cyr.
Comme souvent chez la cinéaste, tout n'est qu'une question d'opposition et de confrontation, en l'occurrence ici celle qui s'opère entre deux femmes diamétralement opposées : Alma, une riche bourgeoise fantasque qui s'assume et Mina, une mère de famille qui peine à joindre les deux bouts, deux femmes dont les deux maris sont incarcérés dans une prison girondine pour des crimes eux aussi, bien distincts.
En apparence, leur seul point commun est cet établissement pénitentiaire car tout au-delà les sépare et pourtant, c'est dans cette distance lointaine, tout en méfiance et en sororité chimérique, que les deux femmes se rencontrent et se lient, alors que la première héberge la seconde et ses enfants.
Un territoire flou qui sert de terreau fertile à Mazuy pour tisser une histoire se nichant dans les complexités psychologiques - mais pas dénué d'humour - d'une amitié de convenance/circonstance marquée par les différences de classes, dans le jeu d'intérêts qui se noue (un jeu de pouvoir et de manipulation complexe aux asymétries jamais bouleversées mais qui, étonnamment, ne ferme jamais totalement la porte ni à l’amour, ni à l’entraide sincère) ou chacune, écrasée par le poids des actions d'un mari à la fois absent et douloureusement présent, tente de trouver une issue heureuse à la révolution éphémère qu'incarne leur rencontre.
Un drame caustique, complexe et subtil donc, même s'il a une tendance un peu trop lisible à vouloir arrondir quelques angles, ce qui dénote d'un cinéma jusqu'ici sec et fuyant la norme.
Acteurs : Isabelle Huppert, Hafsia Herzi, William Edimo, Magne-Håvard Brekke,...
Distributeur : Les Films du Losange
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h48min.
Synopsis :
Alma, seule dans sa grande maison en ville, et Mina, jeune mère dans une lointaine banlieue, ont organisé leur vie autour de l’absence de leurs deux maris détenus au même endroit… A l’occasion d’un parloir, les deux femmes se rencontrent et s’engagent dans une amitié aussi improbable que tumultueuse…
Critique :
#LaPrisonnièreDeBordeaux où un étonnant mélodrame niché dans les complexités psychologiques (loin d'être dénué d'humour) d'une amitié de circonstance marquée par les différences de classes, entre 2 femmes que tout oppose, incarnées par un solide duo Isabelle Huppert/Hafsia Herzi. pic.twitter.com/4a6o4CJnjU
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) August 23, 2024
Qu'on se le dise, Patricia Mazuy n'a jamais été une cinéaste engluée dans une approche conventionnelle du septième art, que ce soit dans sa manière de penser viscéralement ses histoires et de puissamment les mettre en images, de continuellement inviter son auditoire au coeur même de la psyché de ses personnages, même les plus sombres et insondables.
Pas forcément le genre de " faiseuse de rêves " qui cherche à se faire aimer, mais face à laquelle il est impossible de rester indifférent... tant mieux.
Copyright Rectangle Productions Piceyes |
Passé un éprouvant Bowling Saturne, où elle scrutait la lente descente au fin fond des limbes de deux demi-frères marqués irrémédiablement par les péchés et les pulsions de leur patriarche, tout en pointant la brutalité et la sauvagerie masculine comme un instinct animal qui surplombe tout conditionnement où sentiment d'humanité, elle nous revient avec une proposition sensiblement autre sur le papier : un mélodrame socialo-carcéral, La Prisonnière de Bordeaux, pour lequel elle retrouve une Isabelle Huppert plus Chabrolienne que jamais, presque un quart de siècle après Saint-Cyr.
Comme souvent chez la cinéaste, tout n'est qu'une question d'opposition et de confrontation, en l'occurrence ici celle qui s'opère entre deux femmes diamétralement opposées : Alma, une riche bourgeoise fantasque qui s'assume et Mina, une mère de famille qui peine à joindre les deux bouts, deux femmes dont les deux maris sont incarcérés dans une prison girondine pour des crimes eux aussi, bien distincts.
En apparence, leur seul point commun est cet établissement pénitentiaire car tout au-delà les sépare et pourtant, c'est dans cette distance lointaine, tout en méfiance et en sororité chimérique, que les deux femmes se rencontrent et se lient, alors que la première héberge la seconde et ses enfants.
Copyright Rectangle Productions Piceyes |
Un territoire flou qui sert de terreau fertile à Mazuy pour tisser une histoire se nichant dans les complexités psychologiques - mais pas dénué d'humour - d'une amitié de convenance/circonstance marquée par les différences de classes, dans le jeu d'intérêts qui se noue (un jeu de pouvoir et de manipulation complexe aux asymétries jamais bouleversées mais qui, étonnamment, ne ferme jamais totalement la porte ni à l’amour, ni à l’entraide sincère) ou chacune, écrasée par le poids des actions d'un mari à la fois absent et douloureusement présent, tente de trouver une issue heureuse à la révolution éphémère qu'incarne leur rencontre.
Un drame caustique, complexe et subtil donc, même s'il a une tendance un peu trop lisible à vouloir arrondir quelques angles, ce qui dénote d'un cinéma jusqu'ici sec et fuyant la norme.