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[CRITIQUE] : Borderlands

Réalisateur : Eli Roth
Acteurs : Cate Blanchett, Kevin Hart, Jack Black, Jamie Lee Curtis, Ariana Greenblatt, Florian Munteanu, Édgar Ramírez,...
Distributeur : SND
Budget : -
Genre : Action, Science-fiction.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h40min

Synopsis :
Lilith, une chasseuse de primes au passé trouble, revient à contrecœur sur sa planète natale, Pandore, la planète la plus chaotique de la galaxie… Sa mission est de retrouver la fille disparue d'Atlas, l’homme le plus puissant (et le plus méprisable) de l’univers. Pour y arriver Lilith va devoir former une alliance inattendue avec une joyeuse équipe de marginaux : Roland, un mercenaire chevronné ; Tiny Tina, une pré-ado avec un gros penchant pour la démolition ; Krieg, le protecteur musclé de Tina ; Tannis , une scientifique fantasque ; et Claptrap, un robot très bavard. Ensemble, ces héros improbables vont devoir affronter les pires espèces extraterrestres et de dangereux bandits pour découvrir les secrets les plus explosifs de Pandore. Basé sur l'une des franchises de jeux vidéo les plus vendues de tous les temps, bienvenue à Borderlands !




Critique :



La question (enfin " les questions ", ne chipote pas cher lecteur, la chaleur aoûtienne est piquante) a l'air un brin stupide sur le papier, mais elle est pourtant essentielle : qu'attendre d'un film Borderlands, alors que son pendant vidéoludique est devenu un incontournable de la culture populaire depuis plus d'une bonne décennie maintenant ?

Qu'attendre d'une adaptation tardive (le projet est en gestation depuis 2015) et à gros budget, chapeauté par un cinéaste - Eli Roth - à la filmographie volontairement régressive voire même turbo-droitardée, qui n'a de vraies fulgurances que lorsqu'elle se laisse aller à ses pulsions horrifiques primaires - et à la misogynie souvent décomplexée.
D'autant que les reshoots récents - et peut-être plus conséquent que les deux semaines annoncées -, ont été chapeautés par un cinéaste au style encore plus fonctionnel et impersonnel : Tim " Deadpool/Terminator : Dark Fate " Miller.

Copyright SND

Qu'attendre de l'adaptation d'un matériau original furieusement boursouflé de références (New York 1997, Mad Max,...), qui semble elle-même boursouflée en références (et bien loin de celle prévue par Craig Mazin au début de son développement), frappée par le processus de citation/régurgitation cher à Quentin Tarantino (pas un nom cité à la volée, puisque très proche de Roth), mais de la manière la moins subtile qui soit - on a tous vu l'assimilation à peine masquée au cinéma de James Gunn, la trilogie Les Gardiens de la Galaxie en tête.
Qu'attendre d'un film tourné en pleine pandémie, à la production un brin déglinguée et à la distribution aux figures suffisamment dissemblables (qui aurait misé sur un tandem Cate Blanchett/Kevin Hart en lead d'un blockbuster ? Personne...), pour incarner une cacophonie en prout majeur, à peine plus digeste qu'un opus mal torché du Spider-verse de Sony Pictures...

Borderlands sauce vidéoludique est une véritable boîte de pandore laconique et décomplexée à la coolitude affirmée, construite sur une base solide d'action et d'humour, soit exactement le type de création qui ne peut que pleinement s'épanouir dans l'animation.
Vouloir ne reproduire ne serait-ce qu'une once de ce cocktail mi-magique, mi,-pachydermique nécessite autant un budget conséquent qu'une galerie de talents à tous les niveaux (écriture, réalisation, distribution,...).

Copyright SND

Une réalité à laquelle ne peut jamais prétendre cette adaptation, à peine fausse bisserie friquée sans inspiration ni panache, qui édulcore la folie de son modèle via un premier degré maladroit, tout en pillant sans vergogne la structure de GoTG sans jamais atteindre sa coolitude.
Le tout porté par une irrévérence pipi-caca-prout-prout et rated-R certes chère au jeu vidéo (et uniquement ou presque véhiculé par le personnage de Claptrap), mais surtout à tout proto-Deadpool (Tim Miller... tout est lié) pondu depuis 2016, aux vannes faisant peu ou presque mouche.

Poussif et dénué de toute subtilité narrative, tant l'écriture, dénué de tout enjeu dramatique prégnant, n'a que faire de ses outsiders de personnages - caricaturaux et au traitement presque secondaires - qu'il croque sans inspiration, à l'image de la partition d'une distribution dont l'alchimie commune est proche de l'encéphalogramme de la grenouille, le film n'a in fine pour lui que ses décors loin d'être dégueux (et avec un vrai souci du détail étonnant vu la tenue de son écriture), et quelques fusillades trompant un brin l'ennui abyssale que ce gros ratage suscite.
C'est maigre donc, rachitique même, à la vue de son joli potentiel.


Jonathan Chevrier