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[CRITIQUE] : Anzu, Chat-fantôme


Réalisateurs : Yoko Kuno et Nobuhiro Yamashita
Acteurs : Mirai Moriyama, Munetaka Aoki, Miwako Ichikawa,...
Distributeur : Diaphana Distribution
Budget : -
Genre : Aventure, Animation, Comédie.
Nationalité : Japonais, Français.
Durée : 1h34min 

Synopsis :
Anzu, chat-fantôme raconte l’histoire de Karin, 11 ans, abandonnée par son père chez son grand-père, le moine d’une petite ville côtière de la province japonaise. Celui-ci demande à Anzu, son chat-fantôme jovial et serviable bien qu’assez capricieux, de veiller sur elle. La rencontre de leurs caractères bien trempés provoque des étincelles, du moins au début...



Critique :



En ce qui concerne la production animée hexagonale, il y a ceux qui regardent le verre à moitié plein, d'autres qui regardent l'inverse et enfin ceux qui ne cherchent même pas à savoir s'il y a un verre, dégainant leurs affirmations turbo-débiles comme des vérités générales.
Privilégions le premier point de vue, le moins frappé par le déni, pour assurer que le cinéma français ne laisse pas de côté son giron animé, et qu'il a même rarement paru aussi vivace.

Copyright Shin-Ei Animation, Miyu Productions, 2024

Pour preuve les productions inspirées de Miyu Productions, encore jeune (à peine quinze ans au compteur) mais fermement enraciné dans la production de courts-métrages et de longs-métrages aux élans artistiques affirmés, personnels et savamment déconnectés du tout-venant actuelle : Linda veut du poulet ! de Chiara Malta et Sébastien Laudenbach, Saules Aveugles, Femme Endormie de Pierre Földes où encore Pléthore de nords de Kōji Yamamura.
C'est pleinement dans cet esprit que s'inscrit le petit bout d'animation hybride qu'est Anzu, Chat-fantôme de Yoko Kuno et Nobuhiro Yamashita, fruit d'une collaboration avec Shin-Ei Animation, et dont les traits versatiles comme les tons ne sont pas si étrangers aux films cités plus haut.

Adaptation fidèle adaptée d'un manga de Takashi Imashiro et dont l'héroïne est étroitement liée autant au Garçon et au Héron de Miyazaki, qu'au magnifique Déménagement de feu Shinji Sōmai (magnifique odyssée initiatico-spirituelle d'une gamine en pleine transformation, au cœur même d'un quotidien familial et d'un monde en pleine mutation, embaumé dans une tristesse à la fois déchirante et cruelle); le film s'attache aux atermoiements d'une jeune gamine, Karin, 11 ans au compteur, abandonnée par son père chez son grand-père, le moine d’une petite ville côtière de la province japonaise, qui demande alors à Anzu, son chat-fantôme jovial et serviable bien qu’assez capricieux (un anti-Totoro distant mais au grand coeur), de veiller sur elle.

Copyright Shin-Ei Animation, Miyu Productions, 2024

Exploration surréaliste et kaléidoscopique des thèmes du deuil, de l'abandon et de la spiritualité, enlacé entre le coming-of-age onirique et le récit estival fantastico-mythologique et folklorique (le folklore shintoïste), capturée à travers les liens qui unissent une gamine confrontée bien trop vite à la dureté de la vie, et un « chat fantôme » qui comprend tous ses maux (c'est un esprit qui survit lui-même à ses propres amis) et lui sert de guide attentionné vers un paysage plus spirituel (où la réalité subsiste bien au-delà de ce que l'on voit); Anzu, Chat-fantôme, de prime abord léger et loufoque avant de gentiment prendre en profondeur, distille une sagesse et douceur rare, où un humour pince-sans-rire vient continuellement déjouer un chagrin innocent et douloureux.

Contemplatif, prenant sensiblement son temps pour immerger son auditoire autant dans son histoire que dans son imaginaire (une patience qui pourrait, cela dit, en irriter plus d'un), le film se fait une douce fable onirique qui vaut pleinement qu'on s'y aventure.


Jonathan Chevrier




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