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[CRITIQUE] : Twisters


Réalisateur : Lee Isaac Chung
Acteurs : Glen Powell, Daisy Edgar-Jones, Anthony Ramos, Brandon Perea, Daryl McCormack, Harry Hadden-Paton, Sasha Lane, Kiernan Shipka, Maura Tierney, Nik Dodani, David Corenswet, Tunde Adebimpe, Katy O'Brian,...
Distributeur : Warner Bros. France
Budget : -
Genre : Action, Aventure, Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h02min

Synopsis :
Ancienne chasseuse de tornades, Kate est encore traumatisée par sa confrontation avec une tornade lorsqu’elle était étudiante. Désormais, elle préfère étudier le comportement des tempêtes en toute sécurité depuis New York. Mais lorsque son ami Javi lui demande de tester un nouveau détecteur de tornades, elle accepte de retourner au cœur de l’action. Elle rencontre alors le charmant et téméraire Tyler Owens, célèbre pour ses vidéos de chasse aux tornades postées sur les réseaux sociaux. Alors que la saison des tempêtes atteint son paroxysme, des tornades d’une ampleur sans précédent mettent leurs vies en péril.



Critique :



Kate, jeune étudiante en météorologie, est persuadée qu’elle a trouvé un moyen d'arrêter une tornade déjà formée. Elle entraîne avec elle une bande d’amis un peu bras cassé pour vérifier sa théorie. Seulement, la tornade se révèle bien plus forte que prévu et la plupart de ses amis sont tués.

Cinq ans plus tard, elle travaille à New-York et se sent toujours aussi coupable, quand son ami Javi, deuxième rescapé de la catastrophe, vient la retrouver pour l’embarquer à nouveau dans la chasse à la tornade. D’abord réticente, elle finit par renouer avec sa passion première, aidée par la rencontre avec Tyler, vidéaste toqué qui prend les tornades pour des taureaux de rodéo. 

Copyright Melinda Sue Gordon/Universal Pictures; Warner Bros. Pictures & Amblin Entertainment

L’idée d’un remake du blockbuster de 1996 est dans les tuyaux depuis 2020. L’impulsion vient de Joseph Kosinski, (Top Gun : Maverick, Oblivion, Tron : l’héritage) qui propose à Amblin et Kennedy/Marshall une nouvelle histoire dans l’univers de Twister mais ce, sans reprendre les personnages des premiers films. Avec le scénariste Mark L. Smith (The Revenant, Overlord, The Midnight Sky), ils écrivent la trame de l’histoire de Kate, chasseuse de tornade.

En 2022, une fois le scénario terminé, Kosinski se retire du projet suite à un conflit d’agenda. Lee Isaac Chung prend alors sa place. Le choix peut paraître étrange car Twisters semble assez éloigné de son registre habituellement plus intimiste. Mais il a su convaincre par l’intelligence de sa mise en scène sur The Mandalorian et son amour et sa connaissance de l’Oklahoma. Le tournage a démarré au printemps 2023 mais a dû être interrompu par la grève de la Screen Actors Guild, pour finalement reprendre en fin d’année. 

Copyright Melinda Sue Gordon/Universal Pictures; Warner Bros. Pictures & Amblin Entertainment

Twisters est un film enthousiasmant qui a su gérer habilement son statut de remake. Plutôt que de créer des liens capillotractés entre les personnages du premier film et celui-ci, Twisters fait page blanche et propose une histoire nouvelle et originale. Cependant, il arrive à rendre hommage à son aînée de la plus belle des manières qui soit : en gardant son âme. Twisters est un bon film de divertissement, un vrai blockbuster d’été comme on ne fait plus assez. Les séquences d'action sont impeccables et font leur petit effet.

L’histoire est simple, les liens entre les personnages ne sont pas très subtiles mais fonctionnent. On est emportés par la beauté de certaines images, par les courses poursuites en voiture et la bande originale, country, parfait l’enthousiasme qui entoure ce film. Pour les amateurs du premier opus, vous pourrez retrouver ça et là des clins d’oeil qui ont la bonne idée de n’être réellement que des clins d’oeils : la fameuse machine Dorothy, tout le long des petites références au Magicien d’oz et quelques similitudes dans les tenues entre Kate et Helen, personnage principal de Twister (1996).

Copyright Melinda Sue Gordon/Universal Pictures; Warner Bros. Pictures & Amblin Entertainment

Twisters a également actualisé son rapport aux tornades, le tout drivé par des météorologistes qui se sont chargés de vérifier la véracité des propos et images. La dangerosité de ces dernières n'était pas aussi présente dans le film de 1996 alors que c’est un aspect omniprésent du film de 2024. Les dégâts que peut faire une tornade sur différentes infrastructures et populations sont montrés de manière plus étendue. Cet axe de scénario permet des séquences qui sont parmi les meilleures du film dont une dans un cinéma, climax du film qui se permet un petit moment méta pas si mal venu.

Le film fonctionne aussi par son aspect buddy movie et pour cela, il fallait une équipe d’acteurs et actrices qui fonctionne. Si je n’ai pas été charmé plus que cela par Daisy Edgar Jones, on ne peut pas lui retirer son implication dans le rôle de Kate. À ses côtés, le playboy Glen Powell qui se joue toujours aussi bien de sa plastique de Ken faussement décérebré et Anthony Ramos qui excelle dans tous les registres. Parmi les rôles secondaires, un myriade de comédiens et comédiennes de talent : Kiernan Shipka, Sasha Lane, Katy O’Brian, David Corenswet,…

Copyright Melinda Sue Gordon/Universal Pictures; Warner Bros. Pictures & Amblin Entertainment

Twisters est le blockbuster de cet été que personne n’attendait vraiment malgré un réalisateur brillant aux commandes, un casting alléchant et un genre, le film catastrophe, qu’on ne voyait plus tant. Film enthousiasmant qui fonctionne parfaitement grâce à son énergie communicative et ses séquences franchement bien fichues.
Espérons qu’il ne se prenne pas un vent en salle…


Éléonore Tain



Copyright 2024 Warner Bros. Entertainment Inc.

Pour tout môme biberonné au cinéma des 90s, difficile de ne pas être un tant soit peu attaché au petit monument du culte qu'est Twister, chapeauté par un Jan De Bont qui, après la romance explosive dans un bus, balayait tout sur son passage avec un " Autant en emporte le vent " tout en vache qui vole et en divorcés qui se rabibochent.

Du disaster movie sympa et attachant à défaut d'être cohérent, symbole parfait du blockbuster estival qui privilégie l'ivresse du kaboom à toute idée un tant soit peu réflexive, dont le statut de wannabe film doudou a encore plus grimpé en flèche depuis les disparitions brutales de Philip Seymour Hoffman et Bill Paxton.

Copyright Melinda Sue Gordon/Universal Pictures; Warner Bros. Pictures & Amblin Entertainment

Si l'idée qu'Hollywood se penche sur sa caboche vingt-huit ans plus tard (un peu moins, puisque le projet est en gestation depuis plusieurs années, et hante le rayon des bruits de couloirs depuis le milieu des années 2010), pour lui offrir une sorte de remake/reboot/suite aussi tardive qu'inutile, est de ses actes désespérés dont la raison, autre que celle d'user jusqu'à la moelle toute production avec un minimum de popularité auprès des spectateurs nostalgiques (" le cinéma c'est comme la vie tu sais, c'était mieux avant... "), nous échappe.

Mais soit, acceptons le bébé comme il vient, à savoir avec peu d'attentes mais surtout une perplexité maximale, notamment en ce qui concerne le réalisateur à sa barre, Lee Isaac Chung, nommé aux oscars pour son très beau Minari, mais dont l'engagement fait le même effet que celui de Destin Daniel Cretton sur Shang-Chi et la légende des dix anneaux, voire même de Greta Gerwig sur Barbie - des exemples plutôt heureux, on le conçoit.
Et contre toute attente, cette monture 2.0 casse moins d'œufs que prévu (les références au film original ne vont d'ailleurs guère plus loin que de jolis clins d’oeil),  porté qu'il est par une propension plutôt maligne à laisser de côté la romance cheesy de son aîné, pour mieux préférer un pendant dramatique sensiblement mieux gérer, même si toujours un brin sacrifiée sur l'autel du divertissement décérébré et jubilatoire.

Copyright Melinda Sue Gordon/Universal Pictures; Warner Bros. Pictures & Amblin Entertainment

Exit donc le revenge movie burlesque sur une fille devenue femme traumatisée par la mort de son paternel vingt ans plus tôt, et bien décidé à faire payer dame nature et les tornades pour ça (même si la dite tornade mortelle s'est sûrement éteinte en même temps que son père), bonjour le drame un petit peu plus fouillé et humain qu'annoncé, avec une héroïne ravagée par le deuil et un syndrome de stress post-traumatique plus que logique : Kate (une Daisy Edgar-Jones aussi charmante qu'empathique), une courageuse chasseuse d'orages de l'Oklahoma qui tente de se remettre d'une tragédie venue quelques années plus tôt, et qui a vu une tornade avaler plusieurs de ses amis et son fiancé.
Quittant depuis le terrain pour le confort d'une traque des ouragans depuis son bureau new yorkais, elle est cependant bousculé de son nouveau train-train par son ami Javi, qui l'intime de ravaler son deuil et ses traumas, pour retrouver comme Maverick, l'ivresse de la vitesse - et d'un vent qui décoiffe sévère.

Passé ce un prologue qui installe de manière plus où moins crédible ses enjeux - avec un propos scientifique pas trop nébuleux -, Chung laisse vite entrer la bête, pas ses tornades (pourtant savoureusement nombreuses et spectaculaires) mais bien un Glen Powell sauvage, personnage sur de lui qui fleure bon le charisme du cow-boy d'antan, sans peur ni reproches, et dont chaque sourire carnassier chante la musique country sans la moindre fausse note.

Copyright Melinda Sue Gordon/Universal Pictures; Warner Bros. Pictures & Amblin Entertainment

Lui, c'est Tyler Owens aka Tornado Wrangler, qui diffuse en direct ses cascades casse-cou à ses millions d'abonnés sur YouTube; le Squeezie du blockbuster qui pourrait bien voter pour Trump sans pour autant que tu lui en veuille trop - l'apanage des belles gueules.
Sur le papier, son arrogance comme sa petite bande d'influenceurs aveuglés par son aura pourraient presque en faire l'héritier direct du personnage de Cary Elwes dans le premier film (antagoniste réduit au strict minimum de la caractérisation forcée), moins prompt à l'expertise et à la collecte de données, puisque privilégiant le sensationnalisme et le tape-à-l'œil pour gonfler l'audimat.
En gros, le jeune spectateur sans bagages qui croit tout connaître et fait des IMDB trivia sa bible, face au cinéphile érudit qu'il considère comme arrogant à la moindre remarque/avis contenant des mots à plus de trois syllabes... toi aussi, trouve des analogies faciles partout.

Bref, revenons-en à nos petits caprices venteux de l'Americana profonde, et à cette opposition binaire entre scientifiques et influenceurs où les motivations des personnages, à l'alchimie facile, sont tout aussi nébuleuses que leur caractérisation est limitée... comme pour Twister.
Mais cette fragilité narrative est cette fois-ci constamment contrebalancée par l'action, rugueuse et féroce, avec des tornades réellement menaçantes et dévastatrices (toujours supervisées par Ben Snow, déjà derrière les effets visuels du premier film, mais ici avec des moyens techniques à la hauteur de ses ambitions).

Copyright Melinda Sue Gordon/Universal Pictures; Warner Bros. Pictures & Amblin Entertainment

Ici, les cyclones/tornades arrachent tout sur leur passage, tuent et blessent les protagonistes (chose que se refusait, hors un petit contre-exemple en fin de bobine, le De Bont), et cette véritable apocalypse kaboom à l'indice d'adrénaline élevé, rend la séance au moins aussi divertissante que palpitante, Chung et sa caméra à hauteur humaine, nous catapultant souvent au cœur même de la zone d'aspiration et de la quête de survie désespérée des personnages.

Alors évidemment, tout n'est pas parfait et ce type même de divertissement estival implique d'être régressif à la fois dans le bon comme dans le mauvais sens du terme, mais si on lève plus d'une fois les yeux au ciel, ce n'est pas tant pour ses (menus) maladresses que pour prendre un vrai plaisir jamais coupable devant ce tourbillon de poussière et de fun, qui redonne ses lettres de noblesse à la définition de blockbuster bruyant et efficace, qui ne prend jamais (trop) son auditoire pour une vache à lait - qui vole.


Jonathan Chevrier



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