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[CRITIQUE] : Dîner à l'anglaise


Réalisateur : Matt Winn
Acteurs : Shirley Henderson, Alan Tudyk, Rufus Sewell, Olivia Williams, Indira Varma,...
Distributeur : Paname Distribution
Budget : -
Genre : Drame, Comédie.
Nationalité : Britannique.
Durée : 2h08min

Synopsis :
Sarah et Tom sont en proie à de graves difficultés financières : leur seule solution est de vendre leur maison londonienne. Lorsque leurs amis débarquent pour un dernier dîner, Jessica, une vieille amie, s’invite et se joint à eux. Après une dispute à première vue sans importance, Jessica se pend dans le jardin. Tom s’apprête à appeler la police lorsque Sarah réalise que si l’acheteur l’apprend, la vente tombera à l’eau, ruinant ainsi leur couple. La seule façon de s’en sortir est de ramener le corps de Jessica dans son propre appartement. Après tout, qu’est-ce qui pourrait mal tourner ?



Critique :



Force est d'admettre qu'il ne faut pas grand chose pour nous attirer en salles en ces heures où la chaleur commencent gentiment - il était temps - à se faire présente, mais force est d'admettre que le wannabe cinéaste britannique Matt Winn, définitivement multi-tâche pour son nouvel effort (scénariste, réalisateur et compositeur), a décidé de mettre les petits plats dans les grands, en dégainant une comédie noire sauce satire délicieusement mordante, avec une distribution assez folle : Shirley Henderson, Alan Tudyk, Rufus Sewell, Olivia Williams et Indira Varma.

Copyright Paname Distribution

Autant dire que Dîner à l'anglaise (dont on préférera le titre original, The Trouble with Jessica, définitivement moins bateau), nous avait déjà conquis avant même de mettre un pied dans la salle, mais cette farce tout en mensonges, en tromperies et en rebondissements déglingués sait creuser bien au-delà des attentes du genre et de sa familiarité évidente (surtout pour quiconque un tant soit peu alerte face aux propositions cinématographiques locales), en incarnant une dissection impitoyablement drôle (et même teinté de mélancolie) de l'ennui bourgeois et des instincts de conservation exacerbés - au moins autant que leur égoïsme - au sein de l'élite Londonienne même si, sous la plume acerbe et affûtée de Winn, toutes les couches sociales passent au vitriol dans un cocktail à la fois immoral et délicieusement inconfortable.

Certes, comme dit plus haut, si ce type de comédies noires sont légion au sein d'une distribution annuelle de plus en plus imposante (on s'attache ici aux atermoiements d'un couple marié au bord de la ruine financière, organisent une sorte de dîner d'adieu dans leur luxueuse demeure londonienne dans l'espoir de conclure une vente lucrative, auprès de leurs amis de longue date mais aussi d'une invitée qui n'en est pas réellement une, qui va mettre le feu au poudre avec une irrévérence provocante), mais rares sont celles qui, partant d'un rebondissement particulièrement macabre, arrive à lier humour - parfois déchaîné - et subtilité philosophique, sans jamais perdre de vue son amertume affirmée.

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Détruisant la dignité autant que la décence et l'humanité de ses personnages dans une escalade d'événements de plus en plus absurdes (d'autant qu'ils sont de plus en plus désespérés à l'idée de conserver un statu quo révolu), Dîner à l'anglaise, tout en humour pince-sans-rire, en quiproquos fous et en prestations royales de comédiens•iennes constamment sur la corde de raide (et au timing comique exceptionnel, Shirley Henderson et Alan Tudyk en tête), ne trahit jamais ses racines théâtrales (au contraire même, Winn les affirment comme une force avec un montage rythmé et une caméra volontairement statique) ni n'est écrasé par sa propre excentricité.

On appelle ça un bonheur de comédie anglaise, tout simplement.


Jonathan Chevrier