[CRITIQUE] : Mon Parfait Inconnu
Réalisatrice : Johanna Pyykkö
Avec : Camilla Godø Krohn, Radoslav Vladimirov, Maya Amina Moustache Thuv, Renata Aleksejunaite Christensen,...
Distributeur : Pyramide Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français, Norvégien.
Durée : 1h47min
Synopsis :
Ebba, jeune femme solitaire de 18 ans, travaille dans le port d’Oslo. Un soir, elle découvre à terre un homme d’une grande beauté, blessé à la tête. Se rendant compte qu’il est atteint d’amnésie, elle lui fait croire qu’ils sont amants et leur construit un univers bâti sur le mensonge. Mais progressivement, Ebba comprend que les pires tromperies ne viennent peut-être pas d’elle...
Critique :
Quand bien même il n'est pas aussi exporté que ses voisins suédois et finlandais, le cinéma norvégien n'en reste pas moins prolifique et surtout (très) intéressant à suivre, lui qui ne se résume - évidemment - pas qu'aux quelques envolées lyriques du populaire Joachim Trier, ni aux blockbusters sauce Hollywoodienne (voire carrément Hollywoodien, avec Tomb Raider) de Roar Uthaug.
Pour preuve les excellentes et récentes productions de ces cinéastes, la savoureusement perverse et captivante comédie noire frappée de doux accents de body horror, Sick of myself de Kristoffer Borgli (qui a déjà traversé l'Atlantique), pensée et conçue comme une critique incisive des normes qui régissent notre société contemporaine; la comédie dramatique Ninjababy de Yngvild Sve Flikke, récit initiatique doux-amer sur une jeune femme contrainte de mûrir trop vite, où encore l'uppercut The Innocents de Eskil Vogt, cauchemar cruel et réaliste sur l'enfance, purgé de tout regard innocent face à la découverte maladroite du monde.
De drame à la fois noir et glaçant, il en est plus où moins de nouveau question avec Mon parfait inconnu, estampillé premier long-métrage de Johanna Pyykkö, qui s'amourache des codes du thriller pour coller au plus près de la labyrinthique manipulation orchestrée par la douce - en apparence -, Ebba, jeune femme de ménage fraîchement majeure s'inventant parfois dangereusement des vies imaginaires pour mieux vaincre la monotonie insatisfaisante de son quotidien.
Un soir, elle va croiser la route du bellâtre Julian, blessé à la tête et qui vient de perdre la mémoire, une aubaine (tout comme le fait, pirouette scénaristique facile, qu'elle doivent garder la maison de ses riches patrons pour l'été, dite demeure qu'elle va vite faire sienne) pour la mythomane pathologique qu'elle est, puisqu'elle va littéralement s'immiscer dans le cerveau blessé du bonhomme, et lui faire croire à une existence qui n'est pas la sienne, et où elle aurait une place centrale et essentielle.
Le hic, c'est que le bonhomme, faussement vulnérable, a lui aussi une existence pleine de secrets...
Vissé sur la complexité et les contradictions d'une figure solitaire et monstrueuse qui travestit la réalité pour mieux la façonner comme elle aimerait qu'elle soit (plutôt bien campée par Camilla Godø Krohn), Mon parfait inconnu captive autant qu'il peut laisser de marbre, aussi bien pour la fragilité évidente du piège mis en place par Ebba (qui tombe vite à plat, cohérence relative oblige), que pour le manque de corps d'une narration toute en ambivalence mais dénué de tout esprit critique et politique (pas d'opposition des classes - même si la piste est un temps distillée -, de questionnement sur un racisme latent - lot pessimiste d'une Europe qui bascule lentement mais sûrement vers les extrêmes -, ni même de jugement morale à la fois sur les actes de ses personnages et de leur amour bâti sur la manipulation et le mensonge) et qui n'hésite même pas parfois, à plonger tête la première dans les préjugés les plus primaires.
Un inconnu (im)parfait, pour un film qui est loin de l'être.
Jonathan Chevrier
Avec : Camilla Godø Krohn, Radoslav Vladimirov, Maya Amina Moustache Thuv, Renata Aleksejunaite Christensen,...
Distributeur : Pyramide Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français, Norvégien.
Durée : 1h47min
Synopsis :
Ebba, jeune femme solitaire de 18 ans, travaille dans le port d’Oslo. Un soir, elle découvre à terre un homme d’une grande beauté, blessé à la tête. Se rendant compte qu’il est atteint d’amnésie, elle lui fait croire qu’ils sont amants et leur construit un univers bâti sur le mensonge. Mais progressivement, Ebba comprend que les pires tromperies ne viennent peut-être pas d’elle...
Critique :
Vissé sur la complexité et les contradictions d'une figure solitaire et monstrueuse qui travestit la réalité pour mieux la façonner selon ses désirs, #MonParfaitInconnu laisse un goût d'inachevé tant son écriture, fragile, ne se révèle jamais à la hauteur de ses jolies ambitions. pic.twitter.com/iOPSIBrsFZ
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) July 24, 2024
Quand bien même il n'est pas aussi exporté que ses voisins suédois et finlandais, le cinéma norvégien n'en reste pas moins prolifique et surtout (très) intéressant à suivre, lui qui ne se résume - évidemment - pas qu'aux quelques envolées lyriques du populaire Joachim Trier, ni aux blockbusters sauce Hollywoodienne (voire carrément Hollywoodien, avec Tomb Raider) de Roar Uthaug.
Copyright Pyramide Distribution |
Pour preuve les excellentes et récentes productions de ces cinéastes, la savoureusement perverse et captivante comédie noire frappée de doux accents de body horror, Sick of myself de Kristoffer Borgli (qui a déjà traversé l'Atlantique), pensée et conçue comme une critique incisive des normes qui régissent notre société contemporaine; la comédie dramatique Ninjababy de Yngvild Sve Flikke, récit initiatique doux-amer sur une jeune femme contrainte de mûrir trop vite, où encore l'uppercut The Innocents de Eskil Vogt, cauchemar cruel et réaliste sur l'enfance, purgé de tout regard innocent face à la découverte maladroite du monde.
De drame à la fois noir et glaçant, il en est plus où moins de nouveau question avec Mon parfait inconnu, estampillé premier long-métrage de Johanna Pyykkö, qui s'amourache des codes du thriller pour coller au plus près de la labyrinthique manipulation orchestrée par la douce - en apparence -, Ebba, jeune femme de ménage fraîchement majeure s'inventant parfois dangereusement des vies imaginaires pour mieux vaincre la monotonie insatisfaisante de son quotidien.
Un soir, elle va croiser la route du bellâtre Julian, blessé à la tête et qui vient de perdre la mémoire, une aubaine (tout comme le fait, pirouette scénaristique facile, qu'elle doivent garder la maison de ses riches patrons pour l'été, dite demeure qu'elle va vite faire sienne) pour la mythomane pathologique qu'elle est, puisqu'elle va littéralement s'immiscer dans le cerveau blessé du bonhomme, et lui faire croire à une existence qui n'est pas la sienne, et où elle aurait une place centrale et essentielle.
Le hic, c'est que le bonhomme, faussement vulnérable, a lui aussi une existence pleine de secrets...
Copyright Pyramide Distribution |
Vissé sur la complexité et les contradictions d'une figure solitaire et monstrueuse qui travestit la réalité pour mieux la façonner comme elle aimerait qu'elle soit (plutôt bien campée par Camilla Godø Krohn), Mon parfait inconnu captive autant qu'il peut laisser de marbre, aussi bien pour la fragilité évidente du piège mis en place par Ebba (qui tombe vite à plat, cohérence relative oblige), que pour le manque de corps d'une narration toute en ambivalence mais dénué de tout esprit critique et politique (pas d'opposition des classes - même si la piste est un temps distillée -, de questionnement sur un racisme latent - lot pessimiste d'une Europe qui bascule lentement mais sûrement vers les extrêmes -, ni même de jugement morale à la fois sur les actes de ses personnages et de leur amour bâti sur la manipulation et le mensonge) et qui n'hésite même pas parfois, à plonger tête la première dans les préjugés les plus primaires.
Un inconnu (im)parfait, pour un film qui est loin de l'être.
Jonathan Chevrier