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[CRITIQUE] : Deadpool & Wolverine


Réalisateur : Shawn Levy
Acteurs : Ryan Reynolds, Hugh Jackman, Emma Corrin, Matthew Macfadyen, Dafne Keen,...
Distributeur : The Walt Disney Company France
Budget : -
Genre : Action, Comédie, Science-fiction.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h07min.

Synopsis :
Après avoir échoué à rejoindre l’équipe des Avengers, Wade Wilson passe d’un petit boulot à un autre sans vraiment trouver sa voie. Jusqu’au jour où un haut gradé du Tribunal des Variations Anachroniques lui propose une mission digne de lui… à condition de voir son monde et tous ceux qu’il aime être anéantis.

Refusant catégoriquement, Wade endosse de nouveau le costume de Deadpool et tente de convaincre Wolverine de l’aider à sauver son univers…



Critique :


Où en est le film de super-héros ? Après un âge d’or assez retentissant et une période plus morne, on peut réellement se demander vers où se dirige ce format du Comic Book Movie, surtout au vu d’une fatigue de la critique. C’est aussi ce genre de questionnement qui sous-tend Deadpool & Wolverine, unique sortie cinéma du Marvel Cinematic Universe après une flopée de films plus ou moins oubliables. Faire ressortir le héros briseur de quatrième mur sonne comme une évidence étant donné que Marvel semble se réorienter vers une certaine nostalgie mais également une remise en question obligatoire pour tenter de se pérenniser à l’aube de gros titres qui n’emballent plus autant qu’avant.

Copyright 2024 20th Century Studios / © and ™ 2024 MARVEL.

Regarder Deadpool & Wolverine sous cet angle permet alors de mieux apprécier l’intention, celle d’une comédie qui risque de dater mais dont les effets comiques fonctionnent bien dans ce qu’ils permettent de raconter autour du personnage. Le « drame » de Deadpool est assez attendu mais tourne rapidement à la notion d’héritage super-héroïque. Derrière le ton moqueur (la scène d’ouverture assez explicite, une foison de caméos assez sympathiques), il s’y crée un regard assez lointain sur ce qu’une époque de super-héros a pu amener. On peut comprendre les personnes qui y verront du cynisme au vu du traitement de la Fox mais certains points tendent à aller vers la direction opposée, comme une certaine surprise finale.

Il est alors assez intéressant de voir que ce troisième Deadpool évacue les meilleurs points de ses prédécesseurs (en particulier sa galerie de personnages périphériques, vite mis de côté malgré un but lié à eux) pour mieux se tourner vers une certaine ampleur, en particulier visuelle au vu des moyens alloués à Shawn Lévy. S’il perd un peu en cœur ce qu’il gagne en mise en scène, le film s’oriente rapidement vers une de ces histoires clairement marquées Deadpool dans les comics, notamment dans son traitement d’univers. On peut regretter certains aspects inaboutis comme le possible fond émotionnel du personnage mais on sent un réel amour du médium comics, tout en posant une nouvelle question : à qui se destine ce film ? Tout le monde et personne à la fois, serions nous tentés de dire en pensant à différents points que l’on ne dévoilera pas précisément au vu de la phobie du spoiler (ce qui est drôle vu que les réelles surprises du film sont ses caméos très funs).

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Alors relativisons : Deadpool & Wolverine est très loin de la catastrophe attendue et se révèle assez fun et généreux, une possible future relique de 2024 qui tend à concilier nostalgie d’antan et regard moqueur sur l’héritage super-héroïque. C’est un pur objet comics assez amusant, qui aurait pu mieux développer son potentiel fond réflexif mais qui parviendra à faire sourire les amateurs du genre par certaines blagues clairement orientées Foxverse. En tout cas, cela a assez de sympathie pour évacuer tout potentiel cynisme et plaire aux fans de comics et aux personnes ayant grandi avec l’univers des films Fox. On peut quand même se demander quel héritage le long-métrage pourrait laisser d’un point de vue plaisir, surtout quand il joue autant sur le souvenir laissé par certains films aussi reconnus que catastrophiques (voire inexistants) pour mieux garder un œil incertain sur l’avenir du milieu, tout en étant réussi en tant que one shot digne d’une aventure du personnage en comics.


Liam Debruel


Copyright 2024 20th Century Studios / © and ™ 2024 MARVEL.

Vu l'état actuel des choses, il est vite venu en tête l'idée totalement biaisée, pour beaucoup, que cette troisième (et ultime ?) aventure d'un Deadpool côtoyant cette fois-ci un peu plus que les fonds de cuvette du catalogue X-Men, pour aller faire coucou au MCU, avait tout d'un wannabe " messie " sur pellicule pour Marvel, celui qui ramènerait en masse du billet vert tout en servant d'instant Kinder Bueno réconfortant, pour une horde de fans en pétard.

Sauf que, n'ayons pas peur des jolies formules, pourquoi diable est-ce qu'on irait demander à Shawn Levy et Ryan Reynolds de venir jouer les pompiers-pyromanes bordéliques et volontairement irrespectueux des codes du genre, d'un univers partagé au final encore plus foutraque que peut l'être leur propre trilogie, ultime rejeton du plus incohérent des univers partagés (pire que le Spider-verse de Sony) ?
Ne répondez pas, vous le savez et, visiblement, les récentes remises en question de la firme n'ont pas tant que cela atteint les oreilles du plus populaire des briseurs de quatrième mur, toujours prompt à lui jeter quelques crottes de nez au visage parce que lolilol.

Alors évidemment, une nouvelle fois, les défauts du film sont aussi criants que sur les deux précédents opus, et peut-être même encore plus lisibles tant il était bien vendu, à la base, comme celui qui allait incarner LA jointure entre deux univers partagés qui, dans leur propre rapport avec eux-mêmes, étaient déjà bardés d'incohérences (limite un running gag du côté du mutant-verse de la FOX).
Mais Deadpool & Wolverine est tout du long un film Deadpool, jusqu'au bout du fondement de sa pellicule, et c'est ce qui le sauve de beaucoup d'écueils malgré tout.

Copyright 2024 20th Century Studios / © and ™ 2024 MARVEL.

Car oui, et ce n'est pas vraiment une surprise, l'identité de Deadpool n'a heureusement (ou non, c'est selon) pas été remaniée en passant sous le pavillon Disney, une prouesse à créditer autant à Kevin Feige qu'à un Ryan Reynolds producteur sur le bébé, et donc voix de la raison (toute propension gardée) pour que son Wade reste Wade, quand bien même il n'est pas totalement le Wade des comics sur de nombreux points... mais passons, le deuil est fait depuis longtemps.

Plus " impressionnant " (là encore, lis les guillemets), si la formule de la trilogie est scrupuleusement respectée (jusqu'aux introductions à rebours et aux vilains insignifiants), les potards sont sensiblement poussés à l'extrême ici et ce dès une introduction très " Reynolds-esque ", où l'humour potache va au-delà du stade du décomplexé (Logan, ou plutôt ce qu'il en reste, prend cher), petite mise en bouche d'une écriture pachydermique dans sa quête du rire gras autant que dans son accumulation de références qui flattent le spectateur initié (quitte à larguer un auditoire plus lambda), dans son exhumation d'un univers dont il reprend quelques figures phares, tout en laissant d'autres plus imposantes au placard.

Mais dans le même temps, en vrai blockbuster funambule (qui l'eût cru ?), le film ne se perd pas totalement dans cet océan d'excès (sauf peut-être côté gore, cela dit) ni même dans une pluie de caméos plus où moins bien senties (même s'il y en a pas mal, du Johnny Storm de Chis Evans à la Elektra de Jennifer Garner, en passant par le Gambit de Channing Tatum, tu verras), tant la narration reussit à donner du corps à une intrigue certes un poil prétexte (tout est dans la bande annonce) et sensiblement boursouflée sur les bords par son fan service (mais quand-même pas au niveau de Spider-man : No Way Home), mais in fine solide (même dans ses nombreuses facilités et incohérences, avec lui-même comme avec le MCU), porté par un vrai amour pour ses personnages (au développement plutôt plus poussé que pensé, même si les origines du personnage de Wolverine sont beaucoup trop nébuleuses) et vissé sur deux thématiques assez bien amenées : l'acceptation, des autres comme de soi-même et de nos actes, et l'idée d'essayer coûte que coûte de vaincre l'adversité.

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Véritable hommage parodique à l'univers super-héroïque de la FOX, qui déstabilise parfois dans sa générosité un brin morbide, autant qu'un road trip/buddy movie à la gloire de Deadpool et Wolverine, qui joue totalement sur l'alchimie extraordinaire qui lie Ryan Reynolds et Hugh Jackman (qui s'éclatent sans réserve); Deadpool & Wolverine a tout du simili-OAV bordélique qui doit être pris pour ce qu'il est : un film Deadpool - à gros chéquier -, avec des SFX toujours aussi dégueux, une photo grisâtre, une mise en scène fonctionnelle mais surtout avec cette fois la totale liberté d'user d'un catalogue qu'il a toujours rêvé de dévorer avec gourmandise, quitte à frôler l'indigestion.

On est encore loin du renouveau du MCU donc (on est même plus proche d'un enterrement de rock star pour l'univers de la FOX, voire même pour Deadpool qui ne devrait plus avoir d'aventure solo par la suite, quand bien même le personnage est annoncé comme important dans le futur de Marvel), puisqu'il n'y est même pas réellement lié, et la frustration sur ce point est à l'image de celle du Docteur Strange in The Multiverse of Madness de Sam Raimi, tant il ne fait pas avancer le schmilblick " multiversel " des Phases 4 et 5, même en amenant le TVA à la table.

À ceci près que la seconde aventure du Doc n'avait pas la fâcheuse habitude méta-déglinguée de répéter que le MCU enchaîne les casseroles (tout en ne cherchant jamais à ne pas en être une de plus), ni la maladresse de complexifier les règles d'un univers partagé dont personne ne semble réellement connaître le véritable mode d'emploi à appliquer pour chaque film - un souci de cohérence générale qui n'est pas imputable qu'à lui.

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Répondant à ses promesses tout autant qu'il les trahit (c'est un hommage à la FOX, mais nullement le film qui réparera un MCU malade ni n'introduiera les X-men, alors que la saga du multiverse laissera justement place à une saga mutants d'ici sa quelques années), le film, plutôt bien rythmé et pas moins divertissant que tout ce que le genre a pu nous offrir ces dernières années, confirme néanmoins tout ce que l'on sait depuis Black Widow : Marvel est embourbé dans sa nouvelle saga et ne sait pas où il va, et même quand il a les moyens de recoller les morceaux, il botte continuellement en touche.

Plus que de la frustration, c'est réellement de la lassitude qui est désormais fermement ancrée dans le cœur des spectateurs, et on voit mal maintenant, passé le sarcasme d'un Deadpool, la rage tout en désespoir d'un Wolverine et même la présence lumineuse (mais sous-utilisée) d'une X-23, qui pourrait l'en déloger.
On ne voit pas Daredevil le faire, et encore moins les Avengers...


Jonathan Chevrier


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