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[CRITIQUE] : Moi, moche et méchant 4


Réalisateurs : Chris Renaud et Patrick Delage
Acteurs : avec les voix de Gad Elmaleh, Audrey Lamy, Steve Carell, Kristen Wiig, Will Ferrell, Sofia Vergara,...
Distributeur : Universal Pictures International France
Budget : -
Genre : Animation, Aventure, Comédie.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h30min.

Synopsis :
Pour la première fois en sept ans, Gru, le super méchant le plus populaire du monde, devenu super agent de l'Agence Vigilance de Lynx, revient dans un nouveau chapitre aussi hilarant que chaotique de la célébrissime saga d’illumination : Moi, moche et méchant 4.

Gru, Lucy et les filles, Margo, Edith et Agnès accueillent le petit dernier de la famille, Gru Junior, qui semble n’avoir qu’une passion : faire tourner son père en bourrique. Mais Gru est confronté à un nouvel ennemi Maxime Le Mal qui, avec l’aide de sa petite amie, la fatale Valentina, va obliger toute la famille à fuir.



Critique :



Voilà une question à plusieurs centaines de millions de dollars : comment se renouveler après pas moins de six productions en à peine quatorze ans, quatre films de la franchise mère et deux spin-offs sympathiques mais dispensables (un peu comme toutes les suites, si l'on est un tant soit peu honnête), mais surtout après avoir sensiblement marqué au fer rouge une pop-culture qui n'en a retenu que l'essentiel - les Minions.

Vous n'avez même pas deux heures...

Copyright Universal Pictures

Plus sérieusement, c'est le dilemme " imposé " à Chris Renaud,  accompagné cette fois-ci de Patrick Delage, au virage de Moi, moche et méchant 4, puisque le tandem Illumination/Universal n'est pas encore prêt à lâcher sa poule aux œufs d'or, l'usant jusqu'à la moelle sous l'autel de la franchisation à outrance.
En même temps, avec quatre milliards de recettes dans la besace, ça a de quoi en faire baver plus, surtout qu'un pion comme celui de Moi, Moche... dans une désertion plus où moins affirmés des spectateurs américains dans les salles (on ne compte plus les franchises qui se ramassent la gueule), reste un pion de choix, surtout que sous ses allures de production ultra-simpliste (un méchant-gentil qui devient gentil-gentil en adoptant trois mouflets qu'il sauvera face à un méchant-con), la franchise à un joker de poids dans sa poche : les Minions, sorte de croisement entre les Lapins Crétins et les Gremlins sauce Simpsons (pour la couleur), qui volent le show à chacune de leurs apparitions, et son indiscutablement l'attrait principal pour attirer le spectateur en salles.

Bis repetita donc, alors que cette nouvelle suite se devait de rattraper - un minimum - la méchante impression d'essouflement qui colle aux basques de Gru et sa petite famille depuis le second opus (mais aussi d'usure face à la déclinaison abusive et continue des petits héros jaunes et survoltés), tout en développant une saga qui, mine de rien, avait encore assez de potentiel en elle pour rafraîchir son univers.

Copyright Universal Pictures

Moi, moche et méchant 4 incarne alors, assez paradoxalement, autant une petite bouffée d'air frais qu'une légère déception à sa vision, tant si Renaud et Delage démontrent très clairement qu'ils en ont encore sous le pied pour rendre les aventures de Gru divertissantes et que le champ des possibles est loin d'être limité (le potentiel narratif et comique d'un monde où l'on forme les super-vilains comme des super-héros où des sorciers, avec un établissement digne de Poudlard, ne peut jamais totalement l'être), jamais ils n'arrivent à donner suffisamment de corps à leur narration foisonnante, qui part littéralement dans tous les sens tout en peinant justement, à en trouver.

Reprenant le schéma classique de la saga (un vilain qui combat un vilain plus vilain que lui...) tout en lui offrant une sous-intrigue loufoque (quelques Minions obtiennent des super pouvoirs), le film gonfle néanmoins sensiblement ses enjeux cette fois, avec la nécessité qu'à Gru de devoir négocier avec un fantôme du passé (Maxime Le Mal, un rival du lycée, auquel on ajoute une petite amie/femme fatale, Valentina), et la sécurité de sa famille, traquée par celui-ci (ils sont, pour la première fois, placés sous la protection des témoins), tout en lâchant quelques pistes à peine effleurées pour l'avenir (la difficulté du couple Gru/Lucy à s'intégrer, la jeune voisine ado/groupie - Poppy Prescott - qui veut être formée par Gru,...).

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Le hic, comme dit plus haut, c'est la dispersion et le manque de liant entre toutes les intrigues et sous-intrigues qui, comme ses bonnes idées, sont trop survolées pour leur bien (les Mega Minions, fer de lance de la promotion, n'apparaissent qu'une poignée de secondes), et nuisent à la cohérence de ce qui est, pourtant, la meilleure suite de la saga, dont l'humour affûté et complice s'extirpe joliment de cette cacophonie.

Un joli divertissement familial donc, et peut-être le renouveau improbable d'une franchise qui en a bien besoin.


Jonathan Chevrier