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[CRITIQUE] : Largo Winch : Le prix de l'argent


Réalisateur : Olivier Masset-Depasse
Acteurs : Tomer SisleyJames FrancoClotilde HesmeÉlise Tilloloy,...
Distributeur : Pan Distribution
Budget : -
Genre : Action.
Nationalité : Belge, Français.
Durée : 1h40min

Synopsis :
Depuis l’enlèvement brutal de son fils Noom, Largo Winch fait l’objet d’une impitoyable machination cherchant à l’anéantir et à détruire le groupe W. Pour faire éclater la vérité et retrouver son fils, Largo se lance dans une traque sans relâche. Des forêts canadiennes, en passant par Bangkok jusque dans les profondeurs des mines birmanes il ne sait pas encore qu’il devra faire face aux démons du passé.



Critique :



Ils se font de plus en plus rares, passé la désertion d'une Europa Corp qui produisait - mal - du bis musclé plus vite que son ombre, les irréductibles cinéastes bien décidés à changer le statut d'un cinéma d'action made in France sclérosé et cantonné à n'exister que sous les pitreries amorphes d'un Olivier Marchal dont le cinéma n'est plus que l'ombre de lui-même depuis très (trop) longtemps.

On peut même, assez logiquement, les compter sur les doigts d'une main méchamment amputée : Julien Leclercq, Florent-Emilio Siri et Guillaume Pierret - on pourrait ajouter Xavier Gens même si son Farang a tout du one shot sans lendemain.

Copyright 2023 Pan Distribution/Thanaporn Arkmanon

Une liste aux places chères, et à laquelle voudrait logiquement prétendre le cinéaste belge Olivier Masset-Depasse qui, passé le brillant Duelles, prend un virage à 180 degrés en reprenant à flambeau de Jérôme Salle et en s'essayant à l'actionner mâtiné d'espionnage via Largo Winch : Le prix de l'argent, troisième opus tardif d'une franchise adaptée de la bande dessinée culte éponyme de Jean Van Hamme et Philippe Francq, dont les films n'ont jusqu'ici jamais dépassé le stade de la séance sympathique (surtout le premier) mais - franchement - oubliable.

Pas de quoi s'enthousiasmer plus que de raison donc d'autant que, cerise sur le gâteau d'un cahier des charges qui s'annonçait déjà coton, le projet est porté, au-delà d'un Tomer Sisley charismatique mais dont les sorties politico-médiatiques frisent l'indécence (pour rester poli), par James Franco, dont la carrière était au point mort depuis 2018, suite aux accusations faite sur sa personne par plusieurs femmes, de harcèlement sexuel et de comportements inappropriés - même son BFF de la mort, Seth Rogen, l'avait publiquement lâché.

Copyright 2023 Pan Distribution/Guillaume Van Laethem

Ambiance gourmande donc, pour un actionner qui l'est in fine tout autant, lui qui se place sensiblement dans l'ombre de la récente conclusion de l'arc Bondien avec un Largo plus mûr (vingt ans après, il revient toujours milliardaire... mais aussi papa, et le personnage vieillit étonnamment bien), transformé en proto-Bryan Mills lorsque l'on kidnappe la chair de sa chair, et qui va tout faire pour le retrouver quitte à considérablement bousculer l'empire de son propre paternel, plus en péril que jamais.

Férocement - et forcément - convenu sur le papier, le film tire néanmoins parti d'une violence gentiment décomplexée à travers la traque internationale à la fois énervée et désespérée, d'un Largo plus anti-héros que jamais dont la narration embrasse sans encombre la part d'ombre, à défaut de dégainer une intrigue claire qui enchaîne les cadres et les rebondissements dans un élan réellement bordélique.
Une désorganisation consentie qui se retrouve au cœur même d'un montage sur-découpé qui rend parfois (souvent) illisible quelques partis pris de mise en scène plutôt couillus (notamment dans son excellente introduction).

Copyright 2023 Pan Distribution/Thanaporn Arkmanon

Sans casser trois pattes à un canard unijambiste, Largo Winch : Le prix de l'argent, porté par un tandem Sisley/Franco physiquement à l'aise mais dans un cabotinage irritant quand l'action se fait plus calme (là où la prestation de la jeune Élise Tilloloy est une véritable bouffée d'air frais), fait sensiblement bien le café dans son genre et pourrait même, au jeu des comparaisons un brin putassière, prétendre au titre de meilleur opus de la trilogie grâce à son dernier acte réellement entraînant.

Au sein d'un mercredi plutôt calme, on a (vraiment) vu pire comme séance.


Jonathan Chevrier