[CRITIQUE] : Full River Red
Réalisateur : Zhang Yimou
Acteurs : Teng Shen, Jackson Yee, Zhang Yi, Jiayin Lei,...
Distributeur : Carlotta Films
Budget : -
Genre : Historique, Action, Comédie.
Nationalité : Chinois.
Durée : 2h39min
Synopsis :
Chine, XIIe siècle. Dans quelques heures va se tenir une rencontre diplomatique de la plus haute importance entre Qin Hui, Chancelier de la dynastie Song, et une délégation Jin de haut niveau. Or voilà que le diplomate Jin dépêché sur place est assassiné et la lettre destinée à l’Empereur dérobée. Le Chancelier demande alors au caporal Zhang Da, escorté par le commandant en second Sun Jun, de ramener la précieuse missive avant le lever du soleil. Au fil de leurs recherches, des alliances vont se former et des secrets seront révélés...
Critique :
Il fut une époque, pas si lointaine, où la sortie d'un film de Zhang Yimou était un petit évènement pour tout cinéphile un minimum avertit, même quand celle-ci se faisait en catimini (Shadow, injustement cantonné à une sortie dans les bacs après une petite tournée des festivals).
Mais ça, expression de boomers (totalement assumée), c'était avant, et son dernier effort en date, Full River Red, carton maousse costaud sur ses terres, doit se contenter d'un petit boucan d'estime (et un silence médiatique assez gênant vu l'aura de son auteur, mais on félicite Carlotta Films de lui avoir offert les honneurs d'une exploitation en salles) à heure où l'attention générale est, majoritairement, vampirisée par les Jeux Olympiques.
Dommage, car si son cinéma d'aujourd'hui est évidemment un peu loin de ses plus belles heures (une rupture qui coïncide avec la dilution de sa brutalité et son retour dans le rang, et sa propension à enchaîner les bandes au nationalisme assumé... comme ici), le film incarne fièrement une solide représentation sur pellicule de la grandiloquence du papa de La Maison des Poignards Volants, petit bout de cinéma généreux et hybride dans sa manière de mélanger les genres - même les plus improbables - avec une gourmandise folle.
Gentiment enlacé entre le film historique et la tragédie guerrière, entre le polar sauce Agatha Christie - avec même un doigt d'action - et la comédie joliment noire et débridée, entre le buddy movie et le wu xia à la B.O. tout droit sortie d'un gangsta movie (oui, tout ça); la péloche est un vertige constant basé sur une narration proprement tentaculaire, balottant sans ménagement son auditoire d'un rebondissement à l'autre, bousculant sa vision dans un renversement continu du point du vue et un effritement consenti de toute certitude autour et sur ses personnages.
Une désorientation volontaire, savamment (dés)organisée au sein d'un montage foisonnant (2h30 bien tassées) où les contradictions de Yimou laissent pointer une parfaite conscience de son statut de faiseur : une exacerbation de ses thématiques chers (il fait une nouvelle fois l'éloge de personnages " purs " mettant leur existence en danger pour un idéal utopiste - une Chine unifiée) allant de pair avec une décomplexification de son écriture, parfait symbole d'un cinéma de propagande dont il questionne pourtant, même légèrement, la nécessité de censure et d'opposition face au pouvoir en place.
Un poil contradictoire donc, mais d'une nuance salutaire.
Alors évidemment, tout n'est pas parfait, loin de là même, et on en revient à l'aspect désorganisé d'une narration qui s'offre des bifurcations dispensables au moins autant qu'elle aligne (tout du moins dans sa première moitié) un lot un peu trop imposant de personnages - même si cela reste plus digeste que pour ses dernières créations.
Mais rien qui ne vienne atteindre le plaisir évident que procure cette belle et spectaculaire séance, où Yimou jongle admirablement bien avec les contraintes de son cadre limité (une citadelle fortifiée), à travers une mise en scène vivante et vibrante, sublimée par la photographie raffinée de Zhao Xiaoding.
Propagandiste donc, mais tout autant intense, furieux et grisant.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Teng Shen, Jackson Yee, Zhang Yi, Jiayin Lei,...
Distributeur : Carlotta Films
Budget : -
Genre : Historique, Action, Comédie.
Nationalité : Chinois.
Durée : 2h39min
Synopsis :
Chine, XIIe siècle. Dans quelques heures va se tenir une rencontre diplomatique de la plus haute importance entre Qin Hui, Chancelier de la dynastie Song, et une délégation Jin de haut niveau. Or voilà que le diplomate Jin dépêché sur place est assassiné et la lettre destinée à l’Empereur dérobée. Le Chancelier demande alors au caporal Zhang Da, escorté par le commandant en second Sun Jun, de ramener la précieuse missive avant le lever du soleil. Au fil de leurs recherches, des alliances vont se former et des secrets seront révélés...
Critique :
Pas sans défauts ni sans un désir gourmand à vouloir surcharger plus que de raison sa narration (sous-intrigues où même persos dispensables), #FullRiverRed incarne néanmoins une solide représentation sur pellicule de la grandiloquence et de la générosité folle du cinéma de Yimou. pic.twitter.com/Y6yActN84j
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) July 31, 2024
Il fut une époque, pas si lointaine, où la sortie d'un film de Zhang Yimou était un petit évènement pour tout cinéphile un minimum avertit, même quand celle-ci se faisait en catimini (Shadow, injustement cantonné à une sortie dans les bacs après une petite tournée des festivals).
Mais ça, expression de boomers (totalement assumée), c'était avant, et son dernier effort en date, Full River Red, carton maousse costaud sur ses terres, doit se contenter d'un petit boucan d'estime (et un silence médiatique assez gênant vu l'aura de son auteur, mais on félicite Carlotta Films de lui avoir offert les honneurs d'une exploitation en salles) à heure où l'attention générale est, majoritairement, vampirisée par les Jeux Olympiques.
Copyright Carlotta Films |
Dommage, car si son cinéma d'aujourd'hui est évidemment un peu loin de ses plus belles heures (une rupture qui coïncide avec la dilution de sa brutalité et son retour dans le rang, et sa propension à enchaîner les bandes au nationalisme assumé... comme ici), le film incarne fièrement une solide représentation sur pellicule de la grandiloquence du papa de La Maison des Poignards Volants, petit bout de cinéma généreux et hybride dans sa manière de mélanger les genres - même les plus improbables - avec une gourmandise folle.
Gentiment enlacé entre le film historique et la tragédie guerrière, entre le polar sauce Agatha Christie - avec même un doigt d'action - et la comédie joliment noire et débridée, entre le buddy movie et le wu xia à la B.O. tout droit sortie d'un gangsta movie (oui, tout ça); la péloche est un vertige constant basé sur une narration proprement tentaculaire, balottant sans ménagement son auditoire d'un rebondissement à l'autre, bousculant sa vision dans un renversement continu du point du vue et un effritement consenti de toute certitude autour et sur ses personnages.
Une désorientation volontaire, savamment (dés)organisée au sein d'un montage foisonnant (2h30 bien tassées) où les contradictions de Yimou laissent pointer une parfaite conscience de son statut de faiseur : une exacerbation de ses thématiques chers (il fait une nouvelle fois l'éloge de personnages " purs " mettant leur existence en danger pour un idéal utopiste - une Chine unifiée) allant de pair avec une décomplexification de son écriture, parfait symbole d'un cinéma de propagande dont il questionne pourtant, même légèrement, la nécessité de censure et d'opposition face au pouvoir en place.
Un poil contradictoire donc, mais d'une nuance salutaire.
Copyright Carlotta Films |
Alors évidemment, tout n'est pas parfait, loin de là même, et on en revient à l'aspect désorganisé d'une narration qui s'offre des bifurcations dispensables au moins autant qu'elle aligne (tout du moins dans sa première moitié) un lot un peu trop imposant de personnages - même si cela reste plus digeste que pour ses dernières créations.
Mais rien qui ne vienne atteindre le plaisir évident que procure cette belle et spectaculaire séance, où Yimou jongle admirablement bien avec les contraintes de son cadre limité (une citadelle fortifiée), à travers une mise en scène vivante et vibrante, sublimée par la photographie raffinée de Zhao Xiaoding.
Propagandiste donc, mais tout autant intense, furieux et grisant.
Jonathan Chevrier