[CRITIQUE] : Joan Baez I Am A Noise

Réalisatrices : Miri Navasky, Karen O'Connor et Maeve O'Boyle
Acteurs : Joan Baez, Bill Clinton, Hillary Clinton, Bob Dylan,...
Distributeur : L'Atelier Distribution
Budget : -
Genre : Documentaire, Musical.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h53min.

Synopsis :
Joan Baez : I Am A Noise revient sur la carrière d’une artiste exceptionnelle et sur sa vie militante, tout en la suivant dans sa dernière tournée de New York à Paris. En ouvrant pour la première fois ses archives personnelles, Joan Baez se livre sans fard sur sa renommée aussi précoce que vertigineuse, sur ses traumas, son combat pour les droits civiques et sa romance déchirante avec Bob Dylan. I Am A Noise est une plongée fascinante et profondément personnelle d’une autrice- compositrice-interprète qui dévoile dans ce film toute la vérité sur sa vie.

Critique :

Tout en témoignages et en découverte touchante d'images/archives du passé,#JoanBaezIAmANoise ne se fait pas un portrait hagiographique mais une prenante conversation, qui répond à autant de questions qu'elle en laisse en suspens, et dont la sagesse marque sensiblement les esprits pic.twitter.com/MjwdexRGA2
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) July 2, 2024

Il y a une délicatesse et un recul salutaire qui se dégage du documentaire profondément intimiste et joliment insaisissable Joan Baez I Am A Noise du trio Miri Navasky, Karen O'Connor et Maeve O'Boyle, plongée au cœur de la vie de la musicienne et militante octogénaire Joan Baez, figure incontournable de la contre-culture même si sensiblement méconnue par l'auteur de ses mots (shame on me).

Une délicatesse à la fois à travers le discours de l'artiste octogénaire, dont on suit la dernière tournée alors qu'elle envisage de prendre sa retraite, et qui revient de manière franche et authentique sur sa propre existence (qui admet elle-même que l'on choisit ce que l'on veut se souvenir de nous-mêmes, et que l'on refoule souvent ce qui nous arrange); que dans la conception du documentaire et la vision des cinéastes, qui se fait moins une célébration de son héritage (on la voit très peu sur scène) qu'une conversation sans réserve et à cœur ouvert, d'une femme totalement prête à parler de ses erreurs, de ses rencontres heureuses comme malheureuses et de ses défauts, au moins tout autant si ce n'est plus que de ses réussites.

Fille d'immigrés - son père est mexicain, sa mère est écossaise - élevée dans la foi quaker, Baez a explosé sur la scène folklorique du jour au lendemain, à 18 ans, alors que sa voix de soprano envoûtante avait clairement charmé la foule du Newport Folk Festival de 1959, et avant que sa carrière l'amène à croiser la route de Bob Dylan, avec qui elle connaîtra une relation intense et tumultueuse qui se terminera dans la douleur.

Un succès qui n'a ni altérer sa passion pour l'activisme, les droits civiques et la quête de justice sociale, ni calmé ses démons intérieurs (anxiété, dépression, forte consommation de Quaalude/méthaqualone, une drogue récréative qui est aussi considérée comme une drogue du viol), qui l'a tourmente depuis sa jeunesse, d'autant qu'il a même été le moteur des tensions et de la jalousie mutuelle entre elle et sa sœur Mimi, également chanteuse.

Tout en témoignages et en découverte touchante d'images/archives du passé (où comment re-découvrir le passé pour mieux en apprendre sur le présent), Joan Baez I Am A Noise ne se fait pas un portrait hagiographique mais une prenante conversation, qui répond à autant de questions qu'elle en laisse en suspens, et dont la sagesse marque sensiblement les esprits.
Définitivement l'une des très belles découvertes du moment.

Jonathan Chevrier