[CRITIQUE] : Face à la mer : l'histoire de Trudy Ederle
Réalisateur : Joachim Rønning
Acteurs : Daisy Ridley, Stephen Graham, Kim Bodnia, Christopher Eccleston,...
Distributeur : Disney Plus France
Budget : -
Genre : Biopic, Drame.
Nationalité : Américain
Durée : 2h09min
Synopsis :
Nageuse émérite, Trudy Ederle est née en 1905 à New York de parents immigrés. Au fil des années, elle a défié les normes sociétales et surmonté les nombreux obstacles qui se sont succédé tout au long de sa destinée. Avec le soutien indéfectible de sa sœur aînée et d’entraîneurs dévoués, elle est devenue un modèle en intégrant non seulement les rangs de l’équipe olympique américaine de natation, mais en réalisant également l’inimaginable : être la première femme à nager les 34 kilomètres qui relient l’Angleterre à la France !
Critique :
Ne restant pas totalement en surface des choses, privilégiant tout du long la sensation et les émotions pures quitte à se laisser aller à quelques élans mièvres, #FaceÀLaMer : l'histoire de Trudy Ederle est un bon biopic sportif dominé par la prestation impliquée de Daisy Ridley. pic.twitter.com/hjGMkZOnhC
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) July 19, 2024
Dans un paysage cinématographique populaire majoritairement dominé/gangrenné par des projets simplistes (pour être poli) usant inlassablement de la même formule établie et éprouvée, le biopic estampillé moderne se sent parfois comme la proposition la plus cheap et déclinable du marché et, paradoxalement, la plus usée parce qu'elle est justement l'incarnation parfaite de la facilité, pour peu que la figure choisie ait une existence un minimum remplie (quoique).
Rares sont alors les cinéastes à essayer un tant soit peu de se démarquer de cette popote familière et redondante de l'hagiographie Wikipedia-esque, avec des histoires ambitieuses, pensées autant pour divertir que pour instruire leur auditoire.
Copyright 2024 Disney Enterprises, Inc. All Rights Reserved. |
En ce sens, Face à la mer : l'histoire de Trudy Ederle de Joachim Rønning, se fait une antithèse de son cousin Netflixien Insubmersible du tandem Elizabeth Chai Vasarhelyi et Jimmy Chin, qui éliminait volontairement les aspérités les plus rugueuses de son sujet, pour voguer vers une représentation plus lisse et/ou présentable, dans sa célébration des prouesses sportives d'une athlète populaire, Diana Nyad (d'après ses propres mémoires), sujets à la controverse, tout en laissant soigneusement de côté ses sorties médiatiques douteuses, voire ses mensonges - selon ses détracteurs, encore une fois - sur divers sujets.
Bien qu'il swingue sur un groove sensiblement familier, le film de Rønning, basé sur le roman de Glenn Stout, Young Woman and the Sea : How Trudy Ederle Conquered the English Channel and Inspired the World, met en lumière sans trop de fioritures la destinée et la persévérance extraordinaire de la nageuse de fond Trudy Ederle, première femme à traverser la Manche à la nage, Gertrude «Trudy» Ederle, qui cet exploit à l'âge de 21 ans en 1926 (en l'espace de 14 h 39 min, soit une explosion du record détenu a l'époque par Sebastian Tiraboschi).
Une icône qui a véritablement changé le monde du sport - mais pas que -, gentiment oubliée des livres d'histoires et qui, de facto, justifie amplement sa présence gravée dans le marbre de la pellicule, et encore plus au sein d'une œuvre qui convoque intelligemment l'aura des grandes histoires inspirantes d'outsiders face à l'adversité et l'impossible (petit montage un chouïa manipulateur à la clé), avec une touche de féminisme non-négligeable en prime.
Copyright 2024 Disney Enterprises, Inc. All Rights Reserved. |
Ne restant pas totalement en surface des choses (émancipation face au patriarcat ambiant, sur-présence médiatique écrasante,...), privilégiant tout du long la sensation et les émotions pures (un vrai travail sur le son, qui amplifie joliment l'immersion du spectateur), quitte à se laisser aller à quelques élans de mièvrerie pas toujours digeste; Face à la mer : l'histoire de Trudy Ederle est aussi et surtout une réussite grâce à la prestation impliquée d'une Daisy Ridley qui n'a jamais été aussi étincelante qu'hors de son costume de jedi.
Dommage qu'elle le retrouve tout prochainement...
Jonathan Chevrier