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[CRITIQUE] : El Profesor


Réalisatrice • teur : Maria Alché et Benjamín Naishtat
Acteurs : Marcelo Subiotto, Leonardo Sbaraglia, Julieta Zylberberg, Mara Bestelli,...
Distributeur : Condor Distribution
Budget : -
Genre : Comédie, Drame.
Nationalité : Argentin.
Durée : 1h51min.

Synopsis :
Professeur terne et introverti, Marcelo enseigne depuis des années la philosophie à l’Université de Buenos Aires. Un jour, se présente enfin l’occasion de briller : suite au décès de son mentor, il est pressenti pour reprendre sa chaire. Mais voilà que débarque d’Europe un autre candidat, séduisant et charismatique, bien décidé à lui-aussi briguer le poste.



Critique :



On se faisait la réflexion pas plus tard que la semaine dernière, avec la sortie du très beau drame León de Papu Curotto et Andi Nachón : le cinéma argentin va (très) bien en ce moment (il est vrai bien aidé par le succès critique des claques estampillées El Pampero Cine, que furent La Flor de Mariano Llinás ou Trenque Lauquen de Laura Citarella), et il trouve de plus en plus son chemin dans nos salles obscures... tant mieux, non ?

Nouvelle preuve en date avec El Profesor du tandem Maria Alché et Benjamín Naishtat, comedie humaine grinçante et Beckettienne en diable, une pure satire sociale argentine qui flirte continuellement avec la frontière du mélodrame brut, vissée qu'elle est sur les atermoiements tragiques et cocasses de Marcelo, un professeur terne et introverti, Marcelo qui a consacré toute sa vie à enseigner la philosophie politique à l’Université de Buenos Aires, à une heure ou sa vie professionnelle comme intime est loin d'être au beau fixe, au sein même d'un contexte national en crise.

Copyright Pucara Cine

C'est la merde dans la vie de Marcelo donc, et pas qu'un peu, mais la frustration qui gangrène son quotidien pourrait peu à peu s'éteindre à l'annonce, bouleversante et salutaire à la fois, du décès de son ami et mentor, dont il pourrait récupérer la place vacante.
Le hic, c'est qu'un rival sorti de nulle part, bien plus charismatique et cynique que lui, Rafael, qui revient fraichement du vieux continent où il a enseigné dans une prestigieuse université allemande, veut lui aussi cette place...

Avec pour épine dorsale de leur écriture, l'angoisse profonde et désespérée d'une crise économique et politique qui ravage leur nation (les personnages sont directement infectés intimement et professionnellement par l'inflation, les coupes budgétaires et la gentrification causés par la politique répressive de Javier Milei), María Alché et Benjamín Naishtat dépeigne une société Argentine contemporaine où seule la loi du plus fort règne face à un capitalisme sauvage et à l'injustice dévorante, terreau réaliste et parfait pour nourrir leur plaidoyer comique et philosophique, où les touches d'absurdes viennent prôner, presque à contre-courant, une nécessité de solidarité et de fraternité pour voir la lumière au bout du tunnel.
Passionnant et incisif.


Jonathan Chevrier