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[CRITIQUE] : Suitable Flesh


Réalisateur : Joe Lynch
Acteurs : Heather Graham, Judah Lewis, Barbara Crampton, Bruce Davison, Johnathon Schaech,...
Distributeur : MyCanal (Insomnia)
Budget : -
Genre : Épouvante-horreur, Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h40min.

Synopsis :
Une psychiatre spécialiste des expériences extracorporelles traite une nouvelle patiente qui l’entraînera dans une spirale de possession, de sexe et de mort. Elle est forcée de percer le secret d’une créature à laquelle elle se trouve intimement liée.



Critique :



Joe Lynch, c'est un petit peu comme ton tonton cool et éloigné que tu croises une fois l'an, au Campanile local pour un anniversaire, un mariage ou un baptême, celui qui lâche deux, trois vannes grasses avec un regard complice, tout en gesticulant comme un dingue sur la piste de danse, avant de rendre toutes les crevettes pas fraîches qu'il s'était empilé dans le buffet à volonté, sans pour autant perdre une once de son charisme - même avec du vomito au coin des lèvres.

Un chic type quoi, dont le cinéma est aussi perfectible que franchement jubilatoire,  d'autant qu'il a rarement la chance d'être célébré au-delà des festivals de genre, où dans les recoins les plus sombres des sorties VOD hexagonales.

Passé quelques bisseries musclés qui méritent amplement leur quart d'heure de gloire dans tes soirées pizzas (Mayheam, Point Blank, Everly), le bonhomme poursuit son cinéma furieusement influencé aux années 80 avec le très chouette Suitable Flesh, adaptation couillue d'une nouvelle d'un H.P. Lovecraft toujours aussi difficilement transposable à l'écran (ici The Thing on the Doorstep), pour laquelle il s'inscrit dans la droite lignée excessive de feu Stuart Gordon (pensez au monument From Beyond), dans sa manière d'épouser l'humour ironique de l'auteur, tout en se laissant aller à des explosions d'horreur sanguinolentes furieusement jouissives.

RLJE Films/Everett Collection

Balade sauvage et violente, l'histoire est clouée aux basques d'une psychiatre spécialiste des expériences extracorporelles (la définitivement trop rare et toujours aussi à tomber Heather Graham), dont le dernier patient en date - pour qui elle a une attirance évidemment déplacée -, sous la coupe d'un daron qui usent de pouvoirs occultes pour forcer des échanges de corps (un temps temporaire avant d'être définitif), va l'entraîner dans une spirale de possession, de sexe et de mort, où elle tentera de surmonter ses propres doutes sur ce qu'elle vit - et essayera vainement de convaincre les autres de son mal-être -, d'affronter pleinement un ennemi confiant qui en sait définitivement bien plus qu’elle, et a presque toujours trois longueurs d’avance sur ses actions/réactions...

Tout un programme donc, pour une séance merveilleusement déglinguée et généreuse, qui louche autant vers le body horror sauce body swap façon jeu du chat et de la souris, le thriller psychologico-érotique ridicule as hell so 90s (avec du sexe softcore tout droit sorti de l'ère Cinemax), et la simili-satire burlesque qui assume tout du long son décalage et son aspect bordélique; le tout avec une patine rétro à peine forcée.
Évidemment, tout ne fonctionne jamais vraiment, mais l'énergie dégagée et les bonnes intentions louables de Lynch, couplées à une prestation tout en dévotion de la déesse Graham (à qui, malheureusement, le reste de la distribution ne rend jamais vraiment la pareille), font de Suitable Flesh une séance hautement recommandée et satisfaisante, d'autant plus pour tous les nostalgiques d'une horreur US maladroite mais généreuse made in 80s/90s.

En bref non, ça ne méritait pas vraiment une sortie en catimini par la case obscure de la section Insomnia, de la proposition VOD de chez MyCanal...


Jonathan Chevrier