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[CRITIQUE] : Mother's Instinct


Réalisateur : Benoît Delhomme
Acteurs : Anne Hathaway, Jessica Chastain, Caroline Lagerfelt, Josh Charles,...
Distributeur : Amazon Prime Vidéo France
Budget : -
Genre : Drame, Thriller.
Nationalité : Américain, Belge.
Durée : 1h34min.

Synopsis :
Deux meilleures amies et voisines Alice et Céline mènent toutes deux une vie en apparence idyllique dans la plus parfaite harmonie. Celle-ci est soudainement brisée par un tragique accident. Culpabilité, suspicion et paranoïa vont alors faire voler en éclats la relation entre les deux femmes.



Critique :



Rejoignant dans l'indifférence générale où presque, le catalogue des remakes expéditifs de productions n'ayant même pas encore atteint le statut de films de patrimoine sur leurs propres terres, Mother's Instinct, américanisation du puissant et magnifique Duelles d'Olivier Masset-Depasse (adapté du roman noir Derrière la haine de la romancière belge Barbara Abel), débarque sur une Prime Vidéo qui ne s'est même pas imposé l'effort - comme souvent - de le promouvoir un minimum.

Un comble, quand on sait que le projet, estampillé premier long-métrage du talentueux directeur de la photographie Benoît Delhomme, a de quoi gentiment attirer le regard des cinéphiles, que ce soit par l'intermédiaire de son formidable duo vedette, Anne Hathaway et Jessica Chastain - à l'initiative du projet -, qui se retrouvent huit ans après Interstellar, où même la transposition de l'histoire au cœur de l'Amérique des 60s, cadre propice autant à dérouler les courbes d'un thriller Hitchcockien, qu'une réflexion accrue sur la place des femmes au cœur d'une bourgeoisie ricaine étouffée par ses propres convenances.

Un film qui aurait parfaitement sied, comme sa distribution, à un Todd Haynes qui en aurait sans doute fait un monument post-classique, qui se serait amusé des clichés de la complaisance/suffisance nauséabonde d'une Amérique post-Kennedy dont la culture populaire est déjà raide dingue depuis Mad Men.

Courtesy of Neon

Dans l'état, il n'est qu'un remake à l'utilité polie du film de 2019, à la mise en scène résolument moins Lynchienne et impactante, toujours vissé sur le même cocktail molotov d'une amitié fusionnelle entre deux femmes au foyer glamour et vulnérable à la fois, qui tourne au cauchemar à la suite d'une tragédie - la mort de l'enfant d'une des deux.

Pas tant la faute à un Delhomme qui a le culte de l'âge d'or Hitchcockien au bon endroit, mais à celui d'un scénario sans nuances ni subtilité, qui tâtonne beaucoup trop dans ses fausses pistes là où son pendant belge lui, abattait férocement les cartes du suspense viscéral pour mieux étoffer un drame intime suffocant sur une amitié excessive, nourrit par la paranoïa, la manipulation sournoise et l'ambivalence.
Dommage, tant la partition de Jessica Chastain mais surtout Anne Hathaway, merveilleusement troublante, permettent à Mother's Instinct de ne jamais trop se perdre sur la voie du grotesque.

Similaire dans les grandes lignes (jusque dans la présence quasiment anecdotique des figures masculines), mais résolument moins léché et nuancé, le premier effort de Delhomme porte en lui le même constat doux-amer de toute relecture américaine d'une œuvre qui n'en avait pas fondamentalement besoin : privilégiez donc la vision de l'original.


Jonathan Chevrier


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