[CRITIQUE] : Lisa Frankenstein

Réalisatrice : Zelda Williams
Acteurs : Kathryn Newton, Cole Sprouse, Liza Soberano, Henry Eikenberry, Carla Gugino,...
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Comédie, Épouvante-horreur, Romance, Science-fiction.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h42min.

Synopsis :
1989. Une lycéenne ringarde réanime accidentellement le cadavre d'un beau jeune homme d'un autre siècle. Elle l'aide à s'adapter à la vie moderne et à en faire l'homme de ses rêves.

Critique :

Pas dénué de quelques incohérences assez folles et malmené par un rythme trop décousu pour son bien, #LisaFrankenstein n'en reste pas moins un chouette coming of age movie ou l'on suit avec délectation le passage désarticulé et cathartique d'une ado incomprise, du côté obscur. pic.twitter.com/esG9d2clgj
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) June 7, 2024

Et si le film le plus Tim Burtonien de 2024, n'était pas Beetlejuice Beetlejuice (qui n'a absolument rien pour rassurer les fans du film original), mais bien Lisa Frankenstein ?
La question a le mérite d'être posée alors que le film, estampillé premier long-métrage de la fille de feu Robin Williams, Zelda Williams, porté par la plume affûtée d'une Diablo Cody se rappelant au bon souvenir de son Jennifer's Body (qui, lui-même, était déjà férocement shooté à l'esprit déglingué et macabre du cultissime Heathers), débarque sans bruit du côté d'un carcan VOD définitivement riche en ses dernières heures du printemps.

Petit bout de comédie romantico-morbide qui transpire les 80s de tous les bords de sa pellicule, l'histoire est vissé sur les vicissitudes de Lisa - oui, tout est dans le titre -, ado paumée qui n'arrive pas à surmonter la mort brutale de sa mère (pas aidé non plus par une belle-mère bien décidée à la balancer dans un institut psychiatrique, parce que bon les crises d'ado chelou qui aime The Cure hein, ça va cinq minutes), au moins tout autant qu'à s'acclimater à un nouveau bahut, à tel point qu'elle préfère passer son temps à griffonner de la poésie dans un cimetière - et plus particulièrement devant une tombe arborant le buste d'un jeune victorien mystérieusement décédé.

C'est la merde donc, jusqu'à ce qu'une tempête anormalement énervée ressuscite d'une manière ou d'une autre le dit victorien, qui rampera hors de sa tombe jusqu'à la baraque toute pimpante de chez Lisa, qui va gentiment s'attacher au mort-vivant, le seul à pleinement comprendre sa rage et son désespoir.
À tel point qu'elle va tout faire pour qu'il reprenne vie, quitte à liquider tout en qui bouge dans les alentours...

Voilà le pitch barré de ce coming of age movie horrifique qui trompe très vite ses fausses courbes de la romance surnaturelle facon Twilight meets Warm Bodies, pour voguer avec gourmandise vers la comédie noire hilarante, tout en meurtres, en démembrements et en costumes pop (la garde-robe des personnages ayant une vraie importance dans l'histoire), où la douceur d'un amour bizarre (qui jouit de l'alchimie assez géniale entre Kathryn Newton et Cole Sprouse) est toujours tranché à la hache.

Pas dénué de quelques incohérences assez folles (comme la transition de Lisa de jeune femme timide à complice des pires atrocités) et malmené par un rythme trop décousu pour son bien, Lisa Frankenstein n'en reste pas moins un chouette teen movie ou l'on suit avec délectation le passage désarticulé et cathartique d'une ado incomprise du côté obscur, las d'être poussée par son entourage dans des directions qui ne lui conviennent pas.

Une jeune femme qui prend les choses en main, avec une hache et d'une manière tout à fait inappropriée - mais vraiment drôle.

Jonathan Chevrier